Il est des albums qui n'auraient jamais dû naître. Et celui-là en fait partie.

Sorti en 1970, le seul album live des Mamas and the Papas anesthésie déjà par la longueur de son nom. Historic Performances Recorded at the Monterey International Pop Festival, tel est le nom de la bête, qu'on raccourcira volontiers par Historic Performance. Le disque fait partie du lot de sorties consécutives à la dissolution du groupe – comprendre : il s'agit d'un live noyé dans une ribambelle de compilations hautement inutiles. Dunhill titille déjà la fibre nostalgique du fan qui vient de voir disparaître son groupe fétiche, et balance tout ce qu'il peut à l'époque. Mais il n'y a pas grand-chose, et certainement pas de singles inédits, les Mamas and Papas n'étant pas coutumiers de la chose.

Le seul produit apparemment digne d'intérêt est donc cet Historic Performance, enregistré au festival de Monterrey. Organisé en partie par John Phillips lui-même, cet événement aurait lancé officiellement le célèbre Summer of Love en 1967. Hendrix et The Who ont débarqué sur les terres de l'oncle Sam ce jour-là, Janis Joplin débarquait en trombe sur scène, Otis Redding chantait enfin sur la terre de ses ancêtres... et pour conclure ce weekend prétendument mythique, les Mamas and the Papas ont joué en dernier, après avoir laissé la scène aux nombreux participants.

L'idéal, ce jour-là, aurait été de couper le micro ou de ne pas faire fonctionner le système d'enregistrement. Historic Performance est un live qui certes, à première vue, n'est pas effrayant. Huit pistes, un disque simple, on s'imagine avoir affaire à un solide EP bien garni, en somme. La tracklist paraît décevante cependant, avec toutes les chansons tirées du premier album plus un "Dancing in the Street" qui passait par là. C'est un premier mauvais signe. Le second arrive quand il s'agit d'évaluer la durée du disque : 34 minutes. Si l'on connaît bien le répertoire du groupe, alors on s'aperçoit que c'est bien trop long. Les chansons auraient-elles été rallongées ?

Non, elles ont été gonflées à l'air, un air qui s'appelle « dialogue ». La plupart des chansons sont ainsi précédées d'un discours d'au moins un des chanteurs, ce qui est passablement pénible à entendre. En concert live, je veux bien que ça passe, mais dès lors qu'il s'agit d'en faire un album live, un peu de montage n'aurait pas fait de mal, même en invoquant en premier lieu l'intérêt historique d'un tel disque. Donc non, pas de version longue et avec reprise du public de "California Dreamin'", juste du gros bla bla d'une minute suivie d'une interprétation fade. Car c'est aussi ça, le souci de Historic Performance : passer outre les passages dialogués permet d'accéder à des pistes live ennuyeuses. Le mixage n'est vraiment pas top (et qu'on ne vienne pas me dire que c'est la faute à l'époque), et met trop en valeur le chant de manière ratée, sans penser un seul instant à bien intégrer les instruments. Bon, il y a bien quelques fulgurances comme "Dancing in the Street", qui finit de manière bien rock'n'roll, mais du reste, autant revenir sur les versions studio.

On aurait pu rêver mieux comme clap de fin post-mortem. Les Mamas & the Papas ne sortent pas grandis de cette exhumation d'archive, qui agace plus qu'elle ne fait plaisir. Elle pourrait même faire réaliser à quel point l'exercice du live ne fait pas de bien à des chansons qui, en fin de compte, ne peuvent exister qu'en studio.

À éviter.