Le deuxième album de THREE MAN ARMY est en fait le quatrième de la fratrie Gurvitz. La première pierre posée par leur seconde incarnation était fort prometteuse, et on attend de voir avec une certaine frénésie ce que va donner la suite de leur carrière. L'arrivée du batteur Tony Newman - futur BOWIE - achève de stabiliser le line up, mais la musique reste l'apanage du jeune et génial guitariste Adrian Gurvitz, qui malgré une carrière déjà longue comme le bras, n'a que 23 ans lorsque sort cet opus. La pochette en tout cas, est totalement space psychédélique, et nous présente une image du dieu Hindou Mahesha -Shiva- très proche du Lovecratien Cthullu.

On trouve du Hard rock en premier lieu dans cette galette : "Hold on" est un titre hard somme toute assez classique dans sa conception avec un beau solo super technique. Certes nous sommes en 72, mais il s'inscrit dans la droite ligné de ce que font les cadors du moment. Nous sommes donc désormais très loin des considérations proto metal de "Race with the devil", quatre années plus tôt, ce qui n'empêche nullement la guitare de rester nucléaire. Il faut aussi admettre que le coche a été totalement raté à cette occasion par les Gurvitz... Hélas... Quel dommage ! Mais comment auraient-ils pu savoir qu'ils allaient accoucher du Heavy Metal sans en avoir conscience ? Adrian, tout sublime guitariste qu'il soit, était sans doute trop jeune pour ça. "Take a look at the light" propose plus loin une forme de hard rock plus mainstream que sur les précédents opus. On sent que le guitariste y cherche - sans vraiment trouver - la formule idéale entre ses diverses aspirations. Le morceau "Come on down to earth", est un autre Hard de facture classique qui rappelle un peu ce que font les UFO à la même époque, et pourrait d'ailleurs être un hymne du space rock au niveau des lyrics, nanti d'une wah wah superbe !

On trouve en revanche une propension naturelle à certaines ambiances proches du southern rock comme sur l'album précédent, qui seraient mixées avec un psychédélisme qui rappelle les thèmes space de HAWKWIND ou même de MAHOGANY RUSH comme sur "The trip". A nouveau toutefois, cela me semble un brin incertain. Question guitare, c'est un nirvana, mais ce style de compos me laisse avec une sensation d'incomplétude. "Can I leave the summer" reste proche de thèmes plus psychédéliques que réellement hard Rock. Je lui préfère cette tentative plus southern rock sur la jolie "Take me down from the mountain" qui rappelle comme souligné auparavant les élans des ALLMANN BROTHERS.

On signalera aussi les deux petites incongruités du disque, tout d'abord avec l'instrumental : "My Yiddishe mama", petit titre d'obédience juive en hommage à leurs origines. Plutôt élégant mais complexe à rattacher à un style particulier. L'album entier est finalement difficile à appréhender... Enfin, "Woman" est un mid tempo, qui doit pas mal à leurs influences scarabéennes, eux qui ont cotoyé tant de fois les BEATLES dans les sixties. Rien à voir avec la choucroute pour d'éventuels fondateurs du Heavy Metal !!

Bon, pour moi, c'est rapé ! On repassera pour le succès, qui ne serait pointer du nez là ou les artistes ne savent pas vraiment de quel coté faire pencher la balance. Malgré un talent évident, insolent, la fratrie Gurvitz n'est pas parvenu à s'imposer au milieu des dinosaures du début des seventies. Est-ce-là le début d'une longue errance ? Vous le serez en partie au prochain épisode, mais en tous cas, pour la livraison de 72, la note est une sanction !