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MOGWAI - Mr Beast (2006)
Par THOM le 29 Mars 2006          Consultée 5417 fois

Qui d'autre dans le paysage audio actuel est capable de faire une telle musique, qui se voit autant qu'elle s'écoute? Les prétendants se comptent sur les doigts d'une main (Sigùr Ros, Godspeed...). Quoi qu'il en soit, Mogwai est certainement la seule formation au monde à créer une musique qui puisse être qualifiée d'"organique", qui naît, vit et meurt "sous nos oreilles". Un disque des Ecossais, ce n'est rien de moins qu'une dizaine d'univers sur une rondelle de plastique. "Mr Beast" est donc plus que jamais un album de Mogwai (pour ceux qui en auraient douté). Bien qu'un peu plus musclé que son prédécesseur "Happy songs for happy people" (le titre met tout de suite au parfum), le principe est toujours le même. Rien de péjoratif là-dedans, car ce principe il faut l'oser, vu les conditions qu'il implique. Abandonner tout espoir de passer à la radio, par exemple, n'est pas aussi anodin qu'on le croit. The Beta Band et tout récemment Grandaddy en ont fait les frais. Mais les cinq de Glasgow ne se démoralisent pas pour autant, comme le montre le DVD qui accompagne leur nouvel album.

Alors, guitare au vent et sans complexe, ils nous offrent içi dix constructions ahurissantes, dignes de leurs illustres ancêtres (quatre chevelus dans un amphithéatre désert, ça ne vous dit rien?). Quand on lui demande ses impressions à l'idée que des gens fassent l'amour sur sa musique, Stuart Braithwaite, le leader, répond "c'est toujours mieux que de s'endormir en l'écoutant". Certes. Cependant dire qu'un morceau de Mogwai fait rêver est indubitable : ça vous aère le ciboulot un bon coup et les images se mettent à défiler à plein régime. Imaginez Kubrick aux commandes de vos pensées. Synopsis: le film commence généralement doucement: un murmure, le gros plan d'un détail tout petit et tout fragile. Puis sans qu'on puisse dire à quel moment exactement, l'atmosphère change, le vent se lève. On commence à prendre de l'altitude. Le champ s'élargit et le doute nous envahit peu à peu : on est saisi d'un sentiment étrange, une sorte de vertige en puissance. Le paysage perd de son innocence, cependant que la camera continue son ascension. On discerne une ébauche de vue d'ensemble, qui nous dit que ce qu'on a sous les yeux est bien plus fantastique que toutes nos suppositions. Enfin la vérité s'impose: nous sommes en présence de quelque chose de démesuré, bouillonnant et infiniment complexe. Quelque chose de vivant. Ca peut être d'une beauté féérique (Friend Of The Night), ou tellement monstrueux qu'on ne peut en détacher son regard (Folk Death 95, ou comment un mogwai devient gremlin...).

On est parfois projeté d'entrée de jeu dans l'oeil du cyclone, comme sur "Glasgow Mega-Snake", certainement le meilleur titre de l'album. Pour suggérer la bête en question, seul Sonic Youth aurait pu nous servir un tel festival de crasse, de tonnerre, de hurlements, rythmé par une batterie pilonnée... la fin des temps en 3 minutes 30 chrono. Quant à I Chose Horses (sur lequel intervient Craig Armstrong aux claviers), il donne une idée de ce qu'ont pu ressentir Christophe Colomb ou Magellan au but de leurs voyages : la pureté d'une immensité inconnue, soulignée ici par la voix s'exprimant dans une langue qui vient de très très loin... (ça me rend lyrique, tout ça...) Du rock exotique? en voilà la preuve! En conclusion, le formidable We're No Here, très impressionnant pour sa puissance toute en larsens et grondements. Comme si on approchait d'une fin inéluctable : les dernières images avant le trou noir en quelque sorte...

Ignorant comme à l'accoutumée la barrière de la langue (pas de paroles ou si peu), Mogwai nous soumet la bande-son du Big Bang, de l'Age d'Or et de l'Apocalypse. Certains de ceux qui connaissent un brin l'animal me diront qu'à ce train là, on peut en dire autant de presque tous leurs disques. Sûrement, mais combien d'autres groupes peuvent se targuer d'une telle poésie, d'une telle palette de couleurs et d'impressions? Mogwai ne se répète pas au fil des albums : il nous offre ce qu'il est le seul à savoir faire. Trois quarts d'heure d'apothéose tous les trois ans, c'est une chance, une des bouées qui nous empêche de se noyer dans la soupe ambiante. Donc pas besoin de mordre dedans en voulant avoir la dent trop dure, pour finalement couler...

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- Stuart Braithwaite (guitare)
- Dominic Aitchison (basse)
- Martin Bulloch (batterie)
- John Cummings (guitare)
- Barry Burns (claviers, flute, guitare)


1. Auto Rock
2. Glasgow Mega-snake
3. Acid Food
4. Travel Is Dangerous
5. Team Handed
6. Friend Of The Night
7. Emergency Trap
8. Folk Death 95
9. I Chose Horses
10. We're No Here



             



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