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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Membre : Alec R. Costandinos

DALIDA - Julien... (1973)
Par EMMA le 17 Juin 2025          Consultée 479 fois

Sorti en 1973, l'album Julien… est porté par des chanson puissantes et emblématiques telles que "Paroles… Paroles…", "Je Suis Malade" et "Il Venait D’avoir 18 Ans" pour lesquelles DALIDA obtiendra de nombreux disques d’Or et qui contribuent à l’ancrer intemporellement dans le paysage de la chanson française.

"Julien" ouvre l’album comme on entrouvre un journal intime. Ballade tragique signée Jean FERRAT, la chanson épouse les contours d’un drame à peine chuchoté, dans un souffle grave presque cérémonial. La mélodie alterne entre un piano dépouillé qui trace le décor avec pudeur et des cordes délicates, presque dansantes, qui viennent caresser l’arrangement d’une légèreté mélancolique. Ce balancement entre ombre et élan crée une tension douce, suspendue, qui fait vibrer l’intimité du propos. DALIDA chante avec ampleur dans une lenteur habitée et il y a dans ses inflexions, un profond respect du texte.

Avec "Je Suis Malade", DALIDA touche l’incandescence du désespoir. Reprise du cri de Serge LAMA, elle la chante moins théâtrale que douloureusement sincère. Elle implose, lentement à l’intérieur du texte. L’orchestration épouse cette montée en tension dans une ligne harmonique tendue, un piano grave et lancinant, les cordes d’abord discrètes s’élèvent ensuite en volutes douloureuses. Et, la voix vit la chanson jusqu’à l’épuisement, large, habitée ; DALIDA s’expose et s’abandonne.

"Vado Via (Je M’en Vais)" et "Paroles… Paroles…" apportent légèreté. La première est une échappée belle qui tranche avec la gravité ambiante. DALIDA y incarne la liberté qui se lève. La musique s’appuie sur une rythme vif, léger, dansant avec des accents de guitare italienne et des percussions qui donnent à la chanson une pulsation entraînante. La mélodie fluide et enjouée glisse avec aisance sur la voix claire. Elle oscille entre le chant et la confidence. "Paroles… Paroles…", devenue emblématique de son répertoire, c’est la respiration légère, un instant de théâtre où DALIDA, espiègle, joue avec les mots comme on se défend d’un baiser. Reprise du titre italien, la chanson devient une scène ironique, un pas de deux parlé chanté, où elle incarne la femme lucide, amusée, presque moqueuse, face aux grands discours d’un homme séducteur. Le contraste est délicieux. Musicalement, le titre repose sur une bossa nova délicate et ralentie. DALIDA revêt un masque de malice, glissant sur les mots comme sur du velours sans jamais s’y attarder. Un jeu de rôle sonore, où l’élégance et l’humour masquent un fond de mélancolie.

Sur les soupirs d’un accordéon s’ouvre "Non Ce N’est Pas Pour Moi" comme un air échappé d’un bal musette, vestige d’un autre temps. Sur un trois temps flottant, la chanson valse lentement dans une nostalgie. La rythmique, balancée, donne à la chanson le tempo d’un refus élégant. Les cordes discrètes caressent l’arrière-plan. DALIDA y incarne une femme qui tourne le dos à l’agitation, une valse dans la lumière fanée d’un bal qui s’achève. Cette chanson répond à "Mais Il Y A L’accordéon", même tempo en trois temps, même accordéon mélancolique, même souffle ancien, moins innovante et touchante tout de même tout comme "Soleil D’un Autre Monde" qui s’ouvre comme une promesse, une lumière musicale s’élève doucement, portée par des nappes claires et bientôt des trompettes percent l’horizon comme un appel presque solennel.

"Il Venait D’avoir 18 Ans" ne commence pas vraiment : elle émerge comme un souvenir trop longtemps enseveli. L’introduction pose seule l’ambiance, deux mesures d’attente, comme un souffle prit avant la confidence. DALIDA chante à plein cœur mais dans l’économie du drame et la pudeur du manque. Et quand l’orchestration s’étoffe – quelques violons discrets tissés d’accords mineurs et de balancements doux comme des ombres d’harmoniques – elle ne grandit pas la chanson car ce morceau est d’abord personnel. L’histoire d’un amour avec un jeune homme, une grossesse interrompue, et ce rêve de maternité fracassé, le plus cher à DALIDA, qui ne se réalisera jamais. Mais au-delà de l’intime, elle incarne la femme universelle. Dans cette voix méditerranéenne, envoûtante et voilée, il y a un mystère rare, une manière de frôler l’indicible, d’oser chanter ce que d’autres tuent en silences. "Il Venait D’avoir 18 Ans" est une carte postale froissée glissée dans un livre oublié. Tout est passé, sauf la brûlure du manque.

Décidemment, DALIDA déroule le fil du passé tout au long de l’album. "Le Temps De Mon Père" est une chanson modeste mais portée par un arrangement musical étonnamment moderne tout comme "Rien Qu’un Homme De Plus" qui allie percussions exotiques à un synthé qui crée une ambiance froide.

Cet opus est un voyage à travers les méandres du passé et les aspirations du présent. DALIDA y trouve un équilibre subtil entre douleur et élans vitaux, déployant sa voix méditerranéenne pleine de grâce, presque comme une confession intime, offrant des moments forts et intemporels. Les arrangements, ancrés dans la tradition de la variété française, loin des courants les plus modernes, portent avec force la voix d’une cantatrice tragique.

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1. Julien
2. Ô Seigneur Dieu
3. Je Suis Malade
4. Vado Via (je M’en Vais)
5. Paroles… Paroles…
6. Non Ce N’est Pas Pour Moi
7. Il Venait D’avoir 18 Ans
8. Soleil D’un Nouveau Monde
9. Mais Il Y A L’accordéon
10. Le Temps De Mon Père
11. Rien Qu’un Homme De Plus



             



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