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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Membre : Alec R. Costandinos

DALIDA - Il Faut Du Temps (1972)
Par EMMA le 10 Juin 2025          Consultée 372 fois

Sorti en 1972, Il Faut Du Temps est comme le miroir du précédent, celui où DALIDA réussissait à convaincre et toucher comme chanteuse à texte, sauf que celui-ci est plus fort encore, plus sage peut-être aussi. Entre grandes orchestrations, moments d’intimités et audace, elle livre un disque à fleur de peau.

"Parle Plus Bas" ouvre l’album comme une confidence nocturne, une prière étouffée venue des profondeurs. Ballade orchestrale tirée du film "Le Parrain", la mélodie culte est adaptée en français par Boris Bergman, DALIDA en livre l’âme. L’introduction musicale, en tonalité mineur, s’installe doucement avec une pluie d’arpèges cristallins et descendants au piano jusqu’à ce que DALIDA y déploie une voix grave, voilée, sensuelle – tragique et éblouissante à la fois. Elle avance avec précaution dans cette atmosphère de tension, portée par une orchestration souple qui laisse sa voix flotter au-dessus du silence. La mélodie lente et lyrique s’étire comme une plainte. C’est une entrée en matière à la fois somptueuse et fragile, comme si l’amour se murmurait.

Une brume douce s’élève dès les premières notes cristallines de "L’amour Venait Du Froid", chanson d’atmosphère. Le piano, les flûtés veloutés et le synthé tracent un décor tel une musique de film. Les cordes dominent, expressives, tantôt lyriques et déchaînées, tantôt languissantes, tantôt piquées. Les percussions sont caressantes. Le rythme ternaire berce le morceau avec une grâce lente, tandis que certaines tournures mélodiques renforcées par une montée en chorale et une coda chantée en russe, teintent la chanson d’une couleur folklorique émouvante. DALIDA s’y fait sensuelle, sa voix glissant sur la mélodie comme un souffle chaud sur la glace. C’est un moment suspendu, aussi beau que subtil avant une chanson qui commence comme un souffle, un murmure, un presque rien : "Et Puis… C’est Toi" s’avance à pas feutrés, dans un écrin orchestral délicat. Puis, la voix s’ouvre, jusqu’à une montée passionnée, elle s’emplit et s’embrase. L’alternance entre tendresse et éclat donne sa force à cette ballade intimiste.

Avec pudeur, "Il Faut Du Temps" prend son envol. La mélodie est riche, soutenue par un accompagnement délicat à la guitare entre ballade et accords presque rock voire psychédéliques en fin de morceau. DALIDA y incarne une résilience profonde mêlée à une touche de tragédie. Elle brille tout particulièrement dans les montées en puissance où ressortent toutes les facettes de sa voix méditerranéenne. Un bijou discret et puissant aux paroles d'une justesse pure. Après ces émotions, la légèreté de "Ma Mélo Mélodie" fait presque office de respiration bienvenue. Plus pop, plus enjouée, cette chanson d’amour à la musique se pare d’un charme frais et malicieux.

C’est sur un tapis de piano orné de trilles délicats que s’élève doucement l’orchestre de "Pour Ne Pas Vivre Seule", sculptant une ambiance grave et solennelle. DALIDA y livre une interprétation bouleversante, chaque mot est pesé, chaque souffle chargé d’émotion. Le rythme, régulier et lourd, martèle un sentiment d’inéluctable, à mesure que la musique gonfle et se charge. La tension s’intensifie, la pulsation s’accélère, et l'on se fait emporter. Le texte, fort, puissant et sans détour s’impose comme une confession vibrante. Il résonne et habite le silence au-delà de la dernière note. De plus, DALIDA ose et ce titre, interdit à la radio, aborde ouvertement l’homosexualité.

Elle est désenchantée et élégante sur "Que Reste-t-il De Nos Amours ?". Sa voix caressante et chaleureuse est portée par un accompagnement épuré de piano délicat et guitare légère. Elle insuffle une tendresse mélancolique à cette reprise de Charles TRENET. Cette même tendresse, elle l’adresse aussi à "Mamina" où une chaleur profonde irradie de l’orchestration soignée de subtiles touches d’exotismes. Sa version suspendue de "Avec Le Temps" présente sur l’album précédent, l’est également sur celui-ci. Pour finir cet album, et, comme son titre l’indique sans détour, "Jésus Kitsch" est kitsch. Cette satire pop détonne dans l’album non sans rappeler un caractère de comédie musicale.

À force de douceur et de vérité, DALIDA fait résonner et grave son chant. De la sombre et envoûtante "Parle Plus Bas" à la satire pop "Jésus Kitsch", elle se révèle entière et puissante livrant un opus fort et cohérent où elle brille sans ostentation. Sa voix s’enroule autour d’arrangements musicaux puissants parfois classiques, parfois audacieux. Ce disque à l’image de son titre, s’apprivoise doucement, et finit par s’inscrire dans le cœur.

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1. Parle Plus Bas
2. L’amour Venait Du Froid
3. Et Puis… C’est Toi
4. Il Faut Du Temps
5. Ma Mélo Mélodie
6. Pour Ne Pas Vivre Seul
7. Que Reste-t-il De Nos Amours ?
8. Mamina
9. Avec Le Temps
10. Jésus Kitsch



             



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