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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Membre : Alec R. Costandinos

DALIDA - Manuel (1974)
Par EMMA le 20 Juin 2025          Consultée 260 fois

En 1974, DALIDA livre avec Manuel un album singulier, où l’on sent un peu de son expérience. Construit autour de chansons originales, il se distingue de la pop classique par sa structure narrative et son ton dramatique. À la frontière du théâtre, par moment, il est un espace où DALIDA explore, sans fard, les contours de la fragilité.

La chanson titre "Manuel" offre une ouverture dramatique et sensuelle. Sur fond de rythmes hispanisants, portés par des percussions précises, DALIDA installe une tension émotionnelle palpable. Les courtes tourmentées tissent une atmosphère mélancolique, tandis que les cuivres surgissent par touches aux moments clés, renforçant le drame amoureux qui se joue. Elle semble chanter au bord du souvenir. C’est simplement beau, rien n’est forcé, c’est DALIDA comme on l’aime. Cette alliance entre intimité et gravité se poursuit dans "Justine", l’un des morceaux les plus déchirants de l’album. Sur un lit de piano et de cordes sobres, DALIDA raconte l’effacement d’un femme, oubliée de sa propre vie. Il y a là un art du récit qui touche à la tragédie et l’interprétation de DALIDA colle parfaitement à cela. Avec "La Consultation", elle poursuit cette veine quasi théâtrale. Plus que chanter, elle incarne une parole fragile, le dispositif est minimal, mais la voix suffit à évoquer le tumulte intérieur.

À ces récits poignants répondent des chansons d’apparence plus douce, mais tout aussi profondes où DALIDA se fait presque porte-parole, engagée. "Comme Tu Dois Avoir Froid" déploie une compassion et une tendresse rares dans l’évocation de la prostitution. L’arrangement est délicat, presque caressant, comme si la musique elle-même se prenait de compassion. On trouve une douceur mélancolique dans "Des Gens Qu’on Aimerait Connaître", tableau brumeux de destins croisés, que DALIDA conte avec une voix apaisée, comme posée au bord d’une fenêtre. Le piano délicat, les nappes de violons doux, la voix enveloppante, tout y est mélodieux et nostalgique, comme une confidence.

À ces instants suspendus s’opposent des titres plus affirmés. "Ta Femme", sobre dans sa femme mais frontale dans le texte, la voix est droite, posée, parfois sèche, toujours parfaitement maîtrisée. Il y a là une forme d’avant-garde féminine. "Seule Avec Moi" adopte une texture flottante, mêlant accords de guitare et nappes de synthé, une sorte d’état d’âme mis en musique. Cet équilibre entre engagement doux et lucidité crue se cristallise dans "Nous Sommes Tous Morts À Vingt Ans" chanson moins séduisante, moins touchante. Désenchantée, c’est un regard désabusé sur la société.

L’album n’est pas entièrement désespéré mais mélancolique oui. "Anima Mia", ballade italienne pleine de lyrisme renoue avec une forme de tendresse dramatique, typique de la chanson romantique méditerranéenne. C’est DALIDA en pleine puissance de son art dans un style qui lui correspond. Un peu plus léger, "Ma Vie Je La Chante" est un hymne personnel dans sa manière dire la joie de persister et de chanter à sa façon, sur un rythme pop, avec guitare et batterie en avant. Et puis, il y a bien sûr "Gigi L’Amoroso", final théâtral et solaire. Véritable conte musical de plus de sept minutes, ce morceau mêle narration parlée, chant, refrain accrocheurs, rythmes latins et ambiance de cabaret populaire. DALIDA y est conteuse et actrice, passant d’un ton enjoué à la tragédie en un souffle. C’est une performance totale qui rencontre un succès battant des records mondiaux de vente sur une année. On vit au rythme du récit, on y rit, on écoute, on danse, on est triste, on y croit, le tout porté par une mandoline vibrante. L’univers est chaud, festif.

Cet album offre un portrait en creux d’une femme qui sous les feux de la rampe, ose chanter ses failles, ses combats et ceux des autres. Il transforme l’intime en spectacle et mêle les codes de la variété à ceux de la tragédie. DALIDA se fait narratrice, témoin, parfois simple présence, mais dans l’inclusion, avec une jolie pudeur portée par des mélodies douces. Le tout est un peu lourd avec certaines longueurs mais d’une sincérité désarmante. À travers cette mosaïque de récits, DALIDA prête sa voix à tous. C’est un joli 3,5 pour la beauté imparfaite d’un album profondément humain.

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1. Manuel
2. Seule Avec Moi
3. Justine
4. Ta Femme
5. Nous Sommes Tous Morts À Vingt Ans
6. Anima Mia
7. Ma Vie Je La Chante
8. La Consultation
9. Comme Tu Dois Avoir Froid
10. Des Gens Qu’on Aimerait Connaître
11. Gigi L’amoroso



             



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