C'est certain, le nouvel album de SLOWDIVE lorsqu'il est sorti avait pour moi une saveur bien particulière. Vingt-deux ans après le dernier album des Anglais, que pouvait-il rester du groupe qui a développé la bande-son de notre adolescence et ces splendides paysages musicaux qui continuent de nous accompagner. Il y avait à l'évidence comme une forme d'appréhension et la peur d'une cruelle déception.

En effet, lorsqu'on a eu la chance de découvrir SLOWDIVE en 1991, les souvenirs, les attentes et les craintes se mélangent et... Alors ? A l'écoute de ces huit titres, ce sont de nouveau la plus belle des introspections et cette délicieuse sensation de rêve éveillé qui se présentent subtilement à nous. «Slomo», le titre d'ouverture, pose les bases avec cette délicatesse coutumière. Le quintet remet les pendules à l'heure. Il suffit d'écouter l'aérien «Don't Know Why» (COCTEAU TWINS à l'évidence en ombre bienveillante) pour se rendre compte rétrospectivement que ce son est l'une des matrices de la Pop indépendante des années 2010.

Ce n'est que justice. SLOWDIVE, malgré le mépris constant dont il a été la cible, et ce même avec ce retournement de veste opportuniste à son égard, reste pour moi le maître d'un monde aérien, doux, aimant aussi les sourdes tensions comme le soulignent avec raison les déjà classiques «Star Roving» et «Sugar For The Pill». Les voix de Neil Halstead et de Rachel Goswell font toujours leur petit effet, se répondant à merveille. Ce n'est en rien un disque revival qui se repose sur de trop faciles acquis.

Bien sûr, SLOWDIVE n'a pas fait table rase de sa touche, sa palette sonore est tout de suite identifiable («No Longer Making Time» et son refrain avec frissons garantis ) et on y retrouve cette fragile mélancolie serrant paisiblement le cœur. Néanmoins, le groupe de Reading ouvre de nouveaux horizons à l'image des plus atypiques «Go Get It» et «Falling Ashes». SLOWDIVE n'a définitivement plus à rien à prouver. Les Anglais auront réussi à laisser avec grâce une identité discrète dans le monde de la Pop, une identité discrète, certes, mais indélébile. En espérant simplement ne pas devoir attendre encore vingt-deux ans.