Et soudain, "The Final Countdown" devint le single le plus vendu par la maison de disques CBS Records, dépassant alors les chiffres du "Careless Whisper" de WHAM. Un single qui se hissa à la première place des charts dans 18 pays, et offrit un pont d'or à un album dont la diffusion ferait aujourd'hui nombre d'envieux : 6,5 millions de copies écoulées, dont près de trois millions aux Etats-Unis. Lorsqu'on sait que ce morceau-phare dans le répertoire d'EUROPE est une oeuvre de jeunesse, écrite et composée avant même que le groupe enregistre son premier album, voici qui force le respect.

"La musique était presque comme la bande originale d’un film, sur le fait de quitter la Terre car les ressources de celle-ci étaient épuisées", explique alors Joey Tempest, largement inspiré par David BOWIE et son "Space Oddity". "Et un jour, nous devrons probablement quitter cet endroit. C’était en quelque sorte des paroles oniriques."

Produit par Kevin Elson (JOURNEY) après les refus de Dieter Dierks (SCORPIONS) et Bruce FAIRBAIRN (BON JOVI), le troisième album d'EUROPE n'est par pour autant phagocyté par ce morceau-mastodonte qui lui sert d'ouverture. Sur sa première face, il propose en effet un chapelet de morceau qui, près de 40 ans après leur diffusion initiale, sont ancrés dans la mémoire collective des amateurs de hard rock. Le très accessible "Danger On The Track", avec ses claviers proéminents, voit EUROPE marquer subtilement son évolution vers des sonorités très mélodiques, les guitares de John Norum venant astucieusement contrebalancer le miel apporté par les claviers. "Rock The Night", bien sûr, reste ce tube porté par un refrain dont la simplicité se mêle avec bonheur à une efficacité désarmante, tandis que la ballade "Carrie" fait preuve d'un romantisme imparable et solennel.

Si la deuxième face débute avec l'impressionnant "Cheerokee", dont le riff simple et définitif en fait un moment fort de l'album, le groupe peine néanmoins à maintenir l'intensité d'une première face flamboyante. Il y a de bons moments sur le mid-tempo "Time Has Come", qui assoit définitivement John Norum comme un mélodiste hors pair, dont le maître à penser Michael Schenker se retrouve ici dans un solo alambiqué. "Heart of Stone" tente d'émuler la force immédiate de "Danger on the Track" sans y parvenir réellement, et "Love Chaser", avec ses claviers massifs en introduction, offre un sympathique écho au monumental morceau d'ouverture, bénéficiant une nouvelle fois d'un refrain délicieux.

The Final Countdown, une évidence au moment d'évoquer EUROPE, n'est ainsi par que ce morceau entré dans l'histoire. L'album, dans son ensemble, voit le groupe affiner sans formule, sans pour autant noyer son rock sous d'imposants claviers. Le mixage, néanmoins, ne conviendra pas à John Norum, ce qui constituera une des multiples causes de son départ.