Qui ne connait pas la chanson "The Final Countdown" ? Un méga tube, dont je ne vois pas beaucoup d’équivalent en termes de notoriété dans ce genre musical. Dans cette catégorie, on peut énoncer le "Jump" de VAN HALEN, le "Highway To Hell" d’AC/DC, le "Smoke On the Water" de DEEP PURPLE, le "Stairway to Heaven" de LED ZEPPELLIN, le "Smells Like Teen Spirit" de NIRVANA et le "I Was Made For Loving You" de KISS.
Disposer d’un tel morceau dans son répertoire est une aubaine et une révolution, notamment pour un groupe à la notoriété jusqu’alors assez confidentielle, comme cela était alors le cas d’EUROPE.
Et à ce titre, ce troisième album des Suédois est une pierre angulaire dans leur carrière. Mais loin d’être l’album d’un seul hit, ce The Final Countdown renferme bon nombre d’autres classiques du groupe. On peut ainsi citer le slow "Carrie", qui atteindra tout de même dans le Top 3 des ventes aux USA (et la première place en France). Et, dans une moindre mesure, des morceaux plus énergiques que sont "Ninja" et "Cherokee".

Il faut dire que le groupe a alors l’excellente idée, ou le flair, de faire évoluer son Hard Rock mâtiné de Heavy, vers ce que l’on pourrait appeler un Hard Rock plus FM. Ce, l’année même où sortent le Slippery When Wet de BON JOVI, le Eat ‘Em and Smile de David LEE ROTH, le The Ultimate Sin de Ozzy OSBOURNE, le Turbo de JUDAS PRIEST, le Somewhere in Time d'IRON MAIDEN ou le 5150 de VAN HALEN. On le voit, à cette période les grosse écuries (ou les groupes qui allaient le devenir) optent fortement vers des sonorités plus légères en intégrant moults claviers et chœurs à leur albums.
Et c’est ce que fait, un peu, EUROPE, sous la houlette de son leader, compositeur et chanteur, Joey Tempest.
Comme c’est le cas depuis les débuts du groupe, c’est lui qui a écrit et composé tous les titres (à l’exception de "Carrie", co-composé avec Mic Michaeli). C’est donc lui qui est à la baguette de ce changement d’orientation musicale, qui voit le groupe se diriger doucement vers des ritournelles plus accessibles et catchies.

Le groupe sait pourtant toujours se montrer incisif, comme il le prouve avec "On the Loose", "Rock the night", ou bien, dans une moindre mesure "Danger On the Track" et "Ninja", des morceaux sur lesquels les interventions de clavier sont assez restreintes. On pourrait évoquer l’usage de chœurs très massifs, pour illustrer cette évolution mais ceux-ci étaient déjà présents sur leurs deux premiers albums.
C’est pourtant bien la mise en avant des claviers et de ces chœurs sur certains des titres de l’album qui donnent cette saveur FM. En effet, un léger changement dans les arrangements musicaux permet aux claviers de Mic Michaeli d’être parfois un peu plus en avant.
Ainsi, si l’on prend un titre de la trempe de "Cherokee", on peut considérer que 80% du morceau est de même nature que ce que faisait le groupe auparavant. Seuls les chœurs un peu plus « commerciaux » et un solo de clavier apportent une légère coloration plus accessible pour l’époque.
Mais il n’y a guère que le morceau emblématique "The Final Countdown" qui s’inscrive pleinement dans cette mouvance FM avec notamment la présence de claviers qui assurent l’ossature de la chanson, et des chœurs, ou des voix doublées, omniprésents. Dans tous les autres titres ce changement est bien moins perceptible.
En ce sens, la chanson titre, si elle a propulsé l’album vers un énorme succès, n’est pas réellement très représentative de celui-ci.
On pourrait également arguer que The Final Countdown contient « beaucoup » de ballades avec "Carrie" et "Time Has Come", même si ce dernier morceaux monte rapidement en puissance. Mais on trouvait déjà ce type de morceaux « romantiques » sur leur deux premiers albums. Et au final, le virage FM de EUROPE interviendra plutôt avec leurs deux albums suivants.

A un titre près, The Final Countdown est donc au final un disque qui s’inscrit dans une évolution mesurée du groupe et qui peut être considéré comme un prolongement de son prédécesseur, avec un meilleur son, plus dynamique et précis. Et des compositions qui ne comprennent que très peu de faiblesses.
L’album a tout de même des morceaux moins inspirés ou moins cohérents. Il en va ainsi de "Love Chaser", qui ronronne gentiment en reprenant bon nombre de recettes du groupe, sans parvenir a dégager une identité propre et qui ressemble surtout à un assemblage d’idées, bonnes, mais disparates.
Mais au delà de cela, ce The Final Countdown est un excellent album d’un groupe en évolution et en progression constante. Et le meilleur reste à venir.