Passons sur le too-much de "Mercury" (un peu saoûlant même si très inspiré) et le problème récurrent de la non-profondeur des paroles (Orekeke explore puis raconte sa propre sentimentalité et c'est sans intérêt), tout le reste frise l'excellence. "Ares", "Trojan Horse", "Halo" et "One Month Off" jouissent tous d'une ampleur sonore inconcevable, de riffs diaboliques d'efficacité (même si répétés à l'envie) et surtout d'une section rythmique absolument AHURISSANTE : le duo basse-batterie de Bloc Party n'a pas d'équivalent sur la scène rock actuelle et, sans empiéter sur le mérite de Moakes, c'est essentiellement grâce à Matt Tong que les morceaux prennent un relief pareil. Ce batteur est exceptionnel d'imagination, de précision et d'intelligence dans son jeu, et mérite bien plus de respect qu'il n'en reçoit actuellement. Chapeau également à Kele et ses vocaux à fleur de peau sur "Signs", "Biko" et "Ion Square", grosses démonstrations mélodiques et véritables tours de force.

Après l'innommable "A Weekend In The City", Bloc Party a su forcer sa médiatisation, à travers le buzz que provoque désormais une vente électronique, et se renouveler en abusant d'effets en tout genre (cuts sur la voix, distorsion permanente, samples...), en poussant bien plus loin la profondeur de ses titres et en les surproduisant avec un soucis systématique d'apparition du détail. "Intimacy" n'a pas le droit à l'erreur avant même sa mise en lecture, et non seulement n'en commet (pratiquement) aucune mais place du même coup ses créateurs sur un pied d'égalité avec les plus gros espoirs britanniques de ces dernières années. Car ne nous mèprenons pas, un groupe assez classieux et imposant pour s'embarquer, à notre époque, dans les extrêmes avec une confiance et une ambition pareille, n'a absolument aucune limite.