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2005 Silent Alarm
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2008 2 Intimacy
2012 Four
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BLOC PARTY - Hymns (2016)
Par KID66 le 1er Mars 2016          Consultée 1882 fois

Avant de commencer, j’ai un aveu à vous faire : oui, il m’est déjà arrivé – à l’occasion de commentaires, voire même de chroniques – de descendre un album de façon un peu trop rapide et par conséquent plus virulente qu’il ne le méritait vraiment. Je plaide coupable. Un « 2/5 », ou même un « 1/5 », l’étoile de la honte, balancée comme ça, hâtivement, avec dédain. Notre position de consommateur nous autorise parfois à proférer les pires insultes à l’encontre de certains produits ou artistes, sans que justifications ou légitimité soient nécessaires.

Être chroniqueur nous contraint à temporiser voire modérer nos propos, afin de rester informatifs et objectifs le plus possible. Mais tout homme à ses failles, et le chroniqueur n’est rien d’autre qu’un simple mortel avec un clavier et des esgourdes bien entretenues (quoique parfois malmenées). Alors quand il s’agit de choisir un disque à t-1, de l’écouter à un instant t puis d’écrire dessus à t+1 en se demandant « Est-ce de la bonne musique ? », même en essayant de filtrer les interférences, il s’agit en fait aussi d’une tonne d’autres choses plus ou moins liées : est-ce vraiment le moment ? Que savais-je sur cet album avant t ? Est-ce que la pochette me plait ? Que pensent les gens de cette oeuvre ? Est-ce de la musique pour masses ? Quelle opinion ai-je du genre ? De cet artiste ? Comment est mon humeur à t+1 ? Avais-je vraiment envie d’écouter ça à cet instant t ? …

Je me souviens qu’en 2008, Silent Alarm était l’album préféré d’un mec que je n’aimais pas beaucoup. Personnalité en carton, fringues de marques, culture musicale Skyrock. Mon meilleur ami lui, n’était à l’époque pas très friand de l’alarme silencieuse. De plus, l’aspect « radio-diffusable » du combo me laissait suspicieux. Ajoutons à ça un possible coin de table mal placé le jour de la rédaction de la chronique et PAF, 2/5 à Silent Alarm, terminé. Je voulais presque ne pas aimer ce disque, ni écrire quelque chose d’élogieux et il en fut ainsi.

Quelque fois l’inverse se produit : il serait malhonnête de ne pas reconnaître que le statut « culte » de certains disques ou notre bonne humeur du moment aident parfois considérablement à être dithyrambique. Parfois encore, la nostalgie nous teinte d’une douce subjectivité, et on écrit des compliments la main légère, avec un sourire béat. J’ai quand même collé un 5/5 à Liberation Transmission des LOSTPROPHETS. J’aime beaucoup ce disque, mais c’est quand même un 20/20, et une étoile de plus d’OK computer, Red ou Disintegration. Tiens ! Deux stimuli parasites qui me sont venus spontanément : je cite trois disques « cultes », et je compare des nombres d’étoiles.

La musique n’est jamais qu’une simple histoire de musique et d’oreille, elle est aussi un ensemble de stimuli intellectuels, une multitude d’interactions entre informations contextuelles, opinion personnelle des musiciens, analyse du contenu, expériences musicales passées, émotions ressenties. Une foule de synapses actives bien avant t-1 et en remaniement constant. Et quelques fois certains aspects non strictement musicaux sont étrangement prépondérants, comme une anomalie. La musique (l’art) demande de la patience, du recul. Elle est aussi question de « moment » pour celui qui la découvre, et celui-ci peut ne pas y être propice. Tout ceci explique aussi les changements radicaux d’avis que l’on peut avoir sur certains œuvres, et ce parfois sur plusieurs années.

Alors pourquoi je vous raconte tout ça ?
Parce que je m’ennuie, déjà.
Et parce qu’Hymns a failli être une nouvelle victime de ma haine injustifiée.

Car avant même de poser mes oreilles sur ce nouveau disque de BLOC PARTY, je le détestais déjà. Il faut dire que le tout s’y prêtait : la perte de Matt Tong puis de Gordon Moakes est à mon avis la pire chose qu’il pouvait arriver à ce groupe en perte de vitesse. Four et l’EP The Nextwave Sessions manquaient d’ambition mais il restait à BLOC PARTY sa section rythmique imparable, il leur restait la musicalité, le rock. Kele n’ayant désormais plus à répondre qu’à lui-même, il amène naturellement son groupe vers un style plus proche de sa carrière colo. Pire encore, ce dernier a même affirmé un an avant l’enregistrement du nouvel opus qu’il ne savait pas vraiment ce que le groupe allait devenir… Cela en disait long sur sa motivation.
Autre mauvais présage, « The Love Within » single infâme qui n’a fait que confirmer nos craintes : le groupe y est méconnaissable. En même temps, le « groupe » ne joue pas dessus me direz-vous, puisque le duo Tong/Moakes a plié les gaules et que Russel Lissack a dû aller pisser pendant la prise de son. Ecoutez-moi ces claviers… Faudrait que quelqu’un vérifie si c’est vraiment légal une chose pareille.

Je vous le dis franchement : après une seule écoute d’Hymns j’avais déjà rédigé une chronique dans ma tête, j’avais l’arme chargée et la cible en vue. J’étais prêt à déverser mon fiel sans attendre.

Et puis, ne voulant répéter les erreurs du passé, j’ai attendu. J’ai écouté ce disque dans toutes les conditions possibles, j’ai tenté d’ouvrir mon esprit, j’ai cherché les détails, examiné méticuleusement chaque arrangement, fermé les yeux pour rester à l’affût de la moindre émotion ; j’ai voulu apprendre à connaître ce Hymns, j’ai sondé ses charmes, j’ai voulu faire table rase du passé. J’ai découvert un nouveau BLOC PARTY.
Et après ce petit travail d’introspection, avec toute l’honnêteté du monde et de la façon la plus objective possible, je vous apporte une conclusion que vous connaissez déjà (l’unique étoile jaune de là-haut est difficile à louper) mais qui me parait murement réfléchie : Hymns est un mauvais disque.

J’ai donc cherché à ressentir quelque chose, et il n’y a rien. Cet album est vide, froid, et sans âme. Une aberration quand on pense à comment BLOC PARTY savait si bien nous transporter il n’y a pas si longtemps encore. Tout ici est aseptisé, artificiel et lisse, tel un pot de lessive.
Et comme prévu, même si deux nouveaux arrivants ont repris les fûts et la 4 cordes, le groupe ne joue plus de rock. La rythmique s’est évaporée pour ne laisser que la voix de Kele, unique star du disque, frappé d’un minimalisme prétentieux déroutant. Les rythmes sont simplistes et ne donnent aucun relief aux titres, même Russel se fait assez discret.
Cette sorte d’« électro-indie-pop » en plastique ne peut à mon avis trouver sa place que dans des bars branchouilles pendant l’happy hour (« Only He Can Heal Me », « So Real »). Et ce n’est pas le style que je dénigre, mais bien la qualité des compositions : le magnifique « Ion Square » d’Intimacy écrase sans difficulté cette ribambelle de titres fades et peu expressifs (« Living Lux » qui en est un pâle petit frère, les pré-cités, « Exes »). Quelques sursauts dynamiques sans grande envergure nous sortent parfois de la torpeur (« The Good News », « Virtue », sympathiques, ou l’insipide « Into The Earth »), mais cela reste insuffisant.

Vous l’aurez lu entre les lignes, cette volonté de donner sa chance à ce disque à maintes reprises rend d’autant plus amère ma déception. Objectivement, Hymns a quelques qualités : il est homogène, tellement lisse qu’il flatte les oreilles parfois agréablement, certaines ambiances sont réussies. Mais il n’a pas de substance, il est creux, et laisse indifférent. Mon avis n’a au final pas changé au fur et à mesure des écoutes, mais je n’aurai pas de regret quant à ma grande sévérité. J’achèverai cette chronique laborieuse (ça fait long pour dire "j'ai bien écouté, et vraiment c'est nul") sur cette modeste phrase : BLOC PARTY a perdu son corps et son âme, et moi avec.

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   KID66

 
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- Kele (chant, guitare)
- Russel Lissack (guitare)
- Justin Harris (basse)
- Louise Bartle (batterie)


1. The Love Within
2. Only You Can Heal Me
3. So Real
4. The Good News
5. Fortress
6. Different Drugs
7. Into The Earth
8. My True Name
9. Virtue
10. Exes
11. Living Lux



             



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