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BLOC PARTY - A Weekend In The City (2007)
Par FROMAGE_ENRAGE le 24 Juin 2008          Consultée 5333 fois

Alors voilà. Cette chronique, c'est l'histoire d'amour, a priori impossible entre un CD médiocre, tristement faiblard, et un chroniqueur non moins médiocre (moi, pour ceux qui ne suivraient pas... encore vous, les deux du fond ?) Mais voilà, le vilain petit canard qu'est « A Weekend in the City » s'est peu à peu transformé en princesse sexy (si, si, j'vous jure !).
La première écoute a été pour moi la plus déstabilisante. Normal, me direz-vous, c'est toujours comme ça que ça se passe. N'empêche que... je suis tombé de haut (aïe, ça fait mal). Et plus, bien plus que d'habitude.

Où est l'énergie ? La pêche ? La hargne ? La rage qu'on est en droit d'exiger d'un disque rock, mouvement dont se réclame Bloc Party ? Tout ça est absent. Voilà ce qui a rendu cette première écoute aussi surprenante pour moi : d'autant plus que je connaissais déjà « Helicopter », une chanson particulièrement réussie, issue du précédent album de la formation anglaise.
Comprenons-nous bien : je n'ai pas dit que ce disque n'était pas entraînant. Je n'ai pas dit non plus qu'il était mou du début à la fin. Ce serait partir en besogne un peu vite. Toute règle a ses exceptions, et des exceptions, A Weekend in the City en comporte comme tout le monde.

Des exemples ? « Hunting for Witches », et son refrain nourri d'une emphase aussi subtile que sombre, qui file des frissons. Toute la chanson est très finement soulignée par une guitare au son très électrique, très particulier. Une parcimonie attentive est dédiée aux samples (sauf dans l'intro, assez pathétique) qui, grâce à cette judicieuse disposition, contribuent habilement à cette ambiance particulière qui caractérise déjà le titre. Le groupe soigne ses compositions, et ça fait plaisir.
Citons également la première chanson de l'album, j'ai nommé « Song for Clay (disappear here) » (ils ont dû drôlement se marrer à élaborer les titres de l'album), qui cultive l'art délicat de la montée en puissance. Hélas, cet élan spontané et appréciable retombe ici bien trop vite. Un titre en dents de scie, qui réserve quelques bons moments malgré tout (je pense notamment aux premières secondes du morceau, habillées d'une classe inhabituelle : piano et voix très douce).

Le reste de l'écoute se fait les larmes aux yeux, une boule au ventre. Quelle déception ! C'est mou, c'est déstructuré, c'est chiant ! C'en est assez, lâchez les chiens ! Euh... nan, quand même pas. En un mot comme un cent, cette fameuse première écoute ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. C'était mal parti...
Seulement voilà. De deux choses l'une. Premièrement, je suis un tenace. Deuxièmement, conséquence logique, j'ai réécouté l'album. Plus d'une fois. Et, au fur et à mesure, mes opinions s'en sont retrouvé complètement modifiées : « mou » deviendra « planant », « déstructuré » se changera en « complexe » ; enfin, « chiant » se transformera en « agréable ».
En fait, une fois qu'on a compris que le disque ne mise pas sur l'énergie et la spontanéité, mais bien sur les ambiances - je veux dire, quand on a ce constat bien en tête - , il est beaucoup plus aisé d'apprécier cet album.

Hé oui. Je n'y croyais pas moi-même au départ, mais impossible de reculer à présent : cet album a des qualités. Il a su me convaincre.
Voici quelques-uns des arguments : « Waiting for the 7.18 », un des meilleurs titres de l'album. Exemplaire, ce morceau construit sans se presser une ambiance feutrée, d'une délicieuse légèreté mais pas pour autant joyeuse : le refrain prend aux tripes (parties vocales superbes, soutenues par une instrumentation qui rappelle toujours l'électro et la new-wave), l'intro est chargée de mélancolie.
Ou bien « The Prayer », qui, malgré des fioritures vocales agaçantes dans les couplets, et un rythme haché, donne encore une fois dans des ambiances savamment interprétées, à mi-chemin entre mélancolie et exaltation. Un titre complexe, équilibré, qui s'apprécie après de nombreuses écoutes.
Un dernier exemple ? Eh bien, soit. « I Still Remember », pourvu d'un très joli riff de synthé, quoiqu'un peu kitsch. Le groupe montre à nouveau complexe et intimiste.

Par contre, « Uniform » est un beau gâchis. On sent vers la fin du morceau que le groupe se donne enfin les moyens de se lâcher, c'est sacrément entraînant et ça dépote bien : cette harmonie entre guitares puissantes, batterie fine et chant carrément plaisant aurait pu donner un très bon titre rock. Hélas, le morceau se compose en majorité de plans somme toute inutiles. Dommage...
De même, « On » passe complètement inaperçu, noyé par sa propre banalité, et coincé entre ce fameux « Uniform », et « Where Is Home ? », le titre le plus expérimental de la galette : le son électro est encore plus prononcé... et si le refrain est agréable, le morceau se révèle plutôt pénible à la longue. Une ou deux minutes en moins auraient été bienvenues...

Bien. A présent, il est clair pour moi que cet album vaut 3/5, une juste récompense aux bons titres cités plus haut. Seulement, il faut penser large, et il apparaît non moins évident que « A Weekend in the City » peut réellement plaire à un public plus friand que moi de ce genre de rock indépendant, sortant des sentiers battus. Une note plus élevée s'impose.
D'un point de vue plus personnel, j'estime « A Weekend in the City » comme un bon album de rock très penché sur la new-wave, faisant un peu trop joujou avec l'électro, mais proposant quelques titres forts. Encourageant.

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- Kele Okereke (chant, guitare)
- Russel Lissack (guitare)
- Gordon Moakes (bassiste)
- Matt Tong (batterie)


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