Les associations d'idées et d'images sont parfois déconcertantes. Voyez-vous, l'autre jour, je mettais ma paire de Converse et de suite à l'esprit me vint l'image de Kele Okereke le leader de BLOC PARTY. Je ne sais pas si c'est parce que l'Anglais en porte souvent ou parce que j'étais quelque peu en manque de ses titres, mais cette étrange combinaison me rappela le vif attachement que j'ai pour les Londoniens. Je parle un peu comme au passé car si les trois premiers albums comptaient nombre de morceaux plus que valables et diablement jouissifs, je n'en dirais pas autant des deux derniers. BLOC PARTY a toujours été pour moi synonyme de terrible gâchis. La période s'étalant de 2004 à 2008 a pourtant été bien excitante. Elle n'était pas nécessairement novatrice, mais elle allia avec intelligence rythme et émotions.

Si Silent Alarm et A Weekend in the City étaient bien dans l'air du temps avec ses petites bombes post-punk mélodiques qui sentaient bon les CURE ou GANG OF FOUR, c'est avec Intimacy que les Anglais ont réellement montré l'étendue de leur éphémère talent. La disparition quasiment du jour au lendemain de ce dernier demeure encore à ce jour un mystère. Le départ de l'excellent batteur Matt Tong et du non moins essentiel bassiste Gordon Moakes durant les années 2010 expliquant peut-être ceci. Lorsque la moitié d'un combo va voir ailleurs, c'est certain, ça fait toujours très très mal. Pour se consoler, Okereke sortit alors en solo quatre albums d'electro-pop qui sont… comment dire… sortis. L'inspiration artistique n'était plus. Un énième feu de paille dans la sphère de l'indie ?

Voilà pourquoi entendre en plus de mettre ses Converse un nouveau titre de BLOC PARTY après cinq années de silence est déjà en soi une belle nouvelle même si objectivement la peur d'être déçu n'est jamais vraiment très loin. Pour un habitué de la discographie du groupe, "Traps" ne créera malheureusement aucune surprise majeure, ni même mineure car ces trois minutes auraient pu sortir en 2005. Est-ce à dire que le groupe appartient définitivement au passé ? L'entame du morceau pourrait en effet facilement le laisser penser. On retrouve pourtant avec plaisir cette indéniable qualité mélodique qui a fait les grandes heures du combo. Ces minutes fiévreuses sont portées par une basse énorme et secouées par les habituelles convulsions d'une batterie frénétique. C'est toute l'urgence survitaminée du début de Kele et de sa bande qui refait surface.

Sur le moment, c'est forcément agréable mais sur le court terme, l’intérêt de la chose n'est pas si évident. On a envie d'y croire fort, très fort car Kele est vraiment sympa. Sa voix énergique qui ressemble encore une fois à celle d'un Robert SMITH adolescent fait toujours son effet et entraîne tout sur son passage. Les guitares acérées et tranchantes complètent le tout avec bonheur, mais il y a un mais car ce serait autrement trop simple. BLOC PARTY désire t-il regagner le cœur des nombreux fans qui ont quitté le navire en faisant du vieux BLOC PARTY ou est-ce une compo sincère animée de nouveau par un réel feu sacré qui se nourrirait encore du dynamisme du début de carrière ?

Si "Traps" propose le visage d'un BLOC PARTY direct et efficace, sa formule demeure cependant pour les familiers trop évidente pour ne pas peut-être sentir la facilité. A l'image d'Alpha Games l'album dont il extrait ? Réponse prévue en avril 2022 à sa sortie, mais ne boudons quand même pas pour l'instant notre plaisir de retrouver au moins un signe de vie des Anglais.

Note réelle : 2,5/5