Finalement, il n’en resta plus qu’un.

Robert "3D" Del NAJA a-t-il bien fait de persévérer, seul, après le superbe et puissant Mezzanine, sorti cinq ans auparavant ? Les avis sont partagés. Néanmoins, voici un avis parmi tant d’autres :

Oh oui, il en vaut le coup de lobe et plutôt deux fois qu’une ! Pourquoi ? Parce qu’il est moins accessible à l’audition (mais gagne à être disséqué), plus feutré, moins gigantesque (mais l'univers de MASSIVE ATTACK s’étend), plus intime, moins magique, plus en finesse, etc. Ce sentiment de fragilité, de lassitude languissante, cette volonté de froideur d’émotion, tout cela contribue à engendrer un album qui ne se découvre pas facilement. En fait, l’ouïr distraitement chez une connaissance ou dans un café branché - pas forcément petzouille, hein ! - ne nous laissera pas de trace dans la tête si nous ne sommes pas en condition. Je m’explique. Sitôt que le vague à l’âme s’installe en vous, le ressenti est plus aigu, plus affiné et donc plus prompt à améliorer la compréhension de ce que vous vivez, ressentez, la façon dont vous avez l’impression d’être compris(e) et la musique est le meilleur indicateur de tempérament ainsi qu’un excellent indice sur votre humeur du moment.

100th Window s’éloigne des bases prises sur Blue Line (1991) et perpétrées trois ans plus tard par Protection ainsi que - dans une moindre mesure, vu l’évolution et la maturité du groupe avec - le fameux album au scarabée noir sur fond blanc dont le CD à l’intérieur nous aveuglait avec sa couleur orange criarde.

En fait, 3D nous certifiait que l’utilisation des 'samples' était définitivement révolue. Mwouais, n’empêche qu’il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec un des ses proches collaborateurs musicaux, Craig ARMSTRONG, ne fussent-ce que les toutes premières notes de l'album (on peut comparer avec le début du morceau "Ruthless" dudit proche !). Ce n’est effectivement pas un copié/collé mais avouons que l’ambiance est quasi pareille, non ? Passons.

Bref, ici, les claviers sont fort présents. Non pas en surabondance de gamme mais bien en pilier d’ambiances 'soft', confinées, noires - pas forcément tristes, plutôt un constat pessimiste généralisé - ; le travail fouillé des boîtes à rythme rend prégnants, voire prenants, les différents titres. Et puis, la monotonie des morceaux peut rapidement lasser si, comme mentionné ci-dessus, nous ne sommes pas en phase avec ce 100th Window. Au final, le tout est froid, presque machinal si ce n’est l’apport vivifiant (marrant ça ! Hum, bref) des voix. Sinéad O'CONNOR magnifie le titre "Special Cases" et Horace ANDY, fidèle compagnon, relève les tensions sonores pour adoucir quelque peu cette froideur quasi immuable. C’est très prenant. Et lorsque c’est au tour de 3D de pousser la chansonnette, force est de constater qu’il conserve cette fâcheuse tendance à nous hypnotiser, rien qu’avec son phrasé. Personnellement, je trouve fascinant et attractif ce style vocal.

Alors oui, c’est un bon album. Pas essentiel à écouter - au vu des quantités industrielles inondant un marché plus que saturé - néanmoins, je me permettrais de pousser l'auditeur à faire l’effort de lui faire subir une 'audition personnelle' réellement, en prenant son temps et, bizarre à dire, mais la qualité étant un gage de sincérité, je crois pouvoir dire que MASSIVE ATTACK a sorti un album digne d’intérêt qu’il faudra apprendre à connaître.