J'ignore d'où vient le rejet systématique du son des 80's. Qu'il sonne daté aux oreilles d'aujourd'hui est une évidence qui ne devrait pas cependant le discréditer à ce point. Le son de chaque décennie est daté aujourd'hui et il ne me semble pas qu'autant de voix s'élèvent contre celui des 50's, des 60's et des 70's. Une chanson peut atteindre l'intemporalité mais la production qui l'ancre dans son époque la date inévitablement.
Beaucoup de voix s'élèvent contre l'horrible production des 80's, et là ce n'est qu'affaire de goût. J'ai l'impression que ce rejet est en quelque sorte celui des synthétiseurs dont la popularisation dès les années 70, et leur entrée dans la sphère pop/rock, ont été accueillies par une salve d'injures au point que certains groupes comme QUEEN sont allés jusqu'à revendiquer sur la pochette d'un de leurs albums l'absence totale de synthé.
Le synthétiseur passait à l'époque pour un instrument de musique adapté aux non musiciens sous prétexte que le son était généré électroniquement et non par une caisse de résonnance. Aux yeux des puristes, le synthé ne dégage pas la même authenticité qu'une guitare acoustique ou électrique, comme si la sensibilité du musicien ne pouvait pas s'y exprimer, donc comme si le synthé sonnait indifféremment quel que soit son utilisateur.
Aujourd'hui pourtant les instruments électroniques sont partout et personne ne les conteste.
Dans ma musicophilie, j'ai débuté par la musique électronique, celle de Klaus SCHULZE, TANGERINE DREAM, VANGELIS, KITARO, Jean-Michel JARRE... Je n'ai donc jamais eu d'a priori la concernant. Et je sais que la sensibilité de l'artiste peut s'y exprimer. Qui peut nier l'émotion que dégage par exemple le Mirage de Klaus Schulze ?
Dans les années 80, la production était ce qu'elle était, avec ses parti-pris, et je trouve ce son légitime, bien adapté à l'esprit de groupes commes A-HA, TALK TALK, EURYTHMICS. Au-delà de la qualité intrinsèque de certaines compositions, ce son contribue à l'effet "madeleine" aux jeunes oreilles qui l'ont vécu en direct et qui aujourd'hui se trouvent cueillies par une certaine nostalgie. C'est un aspect non négligeable qui fonctionne bien sur moi, même si je ne suis pas un adepte maladif de l'époque du Top 50.