Aaah, "Meddle" ...
Entre la chronique du patron qui en a ému plus d'un à juste titre et les sensations de liberté franche et absolue que cet album procure ...
Longtemps, ce FLOYD là fut mon préféré. Sorte de quintessence de la période psyché folk expérimentale du combo qui parvient enfin à canaliser sa créativité débordante au gré d'un rock résolument envoûtant et personnel. Aujourd'hui, je reconnais que l'hommage à une côte d'azur idéalisée viens faire tache dans cet océan immaculé. Mais océan oblige, l'impact d'une misérable goutte extérieure n'a que peu de conséquences sur l'ensemble. "One Of These Days" est un monstre d'énergie savamment déployée. La douceur et la poésie de "A Pillow Of Wind" sont hors du temps tellement l'émotion est à son paroxysme. Le blues au canidé a toujours le don de me séduire. "Fearless" complète de manière admirable une première face presque orientée vacances (si l'on met à l'écart les menaces de mort contenues dans "One Of These Days").
Enfin, que dire si ce n'est que "Echoes" consacre enfin le FLOYD comme le combo de légende que l'on connait. Musicalement et thématiquement. Tout y est. Le portrait en quadriptyque d'une humanité pathétique, paumée dans le vide cosmique. Un voyage depuis les origines de tout, aussi fataliste qu'émouvant. Une presque demi-heure (il faut bien dix minutes pour se remettre de l'écoute) de pure majesté dont le seul défaut concret est de s'avérer trop courte. Mais que de grands moments. La troisième partie, de 14 minutes 40 à 18 minutes 50, celle de la résurrection, des abysses à la stratosphère, est assurément l'un des moments les plus décisifs et les plus époustouflants de la musique. Merveilleux. Les errances de jeunesse qui parsemaient "Atom Heart Mother" ne sont désormais plus qu'un lointain souvenir.
Un très grand album. Pas loin du coffre aux trésors. Mais de bijoux en tout genre, les britanniques n'en étaient pas avare. Et les deux années suivantes ne sauraient que trop bien le démontrer.