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NEW ORLEANS SOUL  |  LIVE

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1964 Wish Someone Would Care
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1977 Live!

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2004 Straight From The Soul

Irma THOMAS - Live! (1977)
Par LE KINGBEE le 28 Juin 2021          Consultée 582 fois

Voici le premier disque Live de celle que l’on nomme la Soul Queen à la Nouvelle Orléans. Il fait suite à deux productions éditées par Imperial et au redoutable "In Between Tears" publié sous la bannière de Fungus Records, trois ans plus tôt.
Si la Crescent City avait à l’époque disposé d’importantes structures et de distributeurs d’envergure, on peut raisonnablement penser qu’Irma THOMAS aurait accédé dès le milieu des sixties au statut de vedette internationale. On renverra les lecteurs vers la chronique de la compilation "Straight From The Soul". Rappelons simplement que la louisianaise avait enregistré dès la fin des fifties d’excellents singles édités par Ron et Minit.

Au début de la décennie suivante, Irma Thomas est brutalement lâchée par le label de Chicago Chess Records, firme pour laquelle elle avait enregistré trois singles pas très bien produits et surtout sans promotion. La chanteuse se retrouve dans l’obligation de reprendre un job de vendeuse dans un grand magasin de Los Angeles où elle est installée depuis peu, se contentant de chanter dans les clubs locaux le week-end. En 1974, elle regagne la Nouvelle Orléans, son second mari Emile Jackson un artisan paysagiste prend sa carrière en main, le bonhomme est convaincu qu’il ne peut pas faire plus mal que les précédents managers de sa chanteuse de femme. Il faut dire que de nombreux interprètes de Soul et de Blues se retrouvent dans le dur face à la vague Disco qui a tout emporté sur son passage. On ne compte plus le nombre d’artistes en vogue qui sont tombés au fin fond d’une oubliette alors qu’ils étaient aux portes du succès.

En 1976, Irma est programmée au New Orléans Jazz & Heritage Festival, une manifestation mettant en lumière tout un creuset de cultures allant du Jazz au Blues en passant par le Zydeco, le Cajun, les brass band, et divers courant issus des Caraïbes et d’Amérique Latine sans oublier les Mardi-Gras. Un évènement à la fois festif, culturel, gastronomique et touristique. Ce concert sera publié un an plus tard par l’entremise d’Island Records. Si la genèse du label prend sa source en Jamaïque, Chris Blackwell aura contribué à la découverte du Reggae mais aussi de nombreuses formations britanniques œuvrant dans les domaines du Prog, du Glam, de la New Wave, du Rock et de ses divers courants. Contre toute attente, ce Live apparait donc sous l’étiquette de la firme londonienne avec une promotion aussi mince qu’une feuille de papier à cigarette. Le disque sera aussitôt réédité par P.Vine, label du Soleil Levant alors difficilement accessible en Europe. En 1981, Charly Records lancera une troisième mouture sous le nom de "Hip Shakin’ Mama" avec une pochette encore différente. Le disque ne révolutionnera pas l’Industrie du disque, il faut dire que la pochette n’est guère porteuse, le tandem de designers Bloomfield/Travis gravitait alors dans les illustrations dédiées au Reggae et aux groupes de la Perfide Albion (Ultravox, Eddie & The Hot Rods, Fairport Convention), il n’est pas certain que le nom d’Irma Thomas leur était connu. On se retrouve donc avec un visuel guère vendeur et surtout sans le moindre renseignement, le dorsal propose juste trois colonnes écrites par Dave Godin, grand spécialiste de la Soul, fondateur de la maison de disques Soul City et inventeur du terme Nothern Soul.

Si aucune date ne figure sur la pochette avant, on peut se faire une idée plus précise de l’époque et de l’environnement en examinant la track-list, certaines plages demeurant évocatrices de la période Disco. S’agit-il d’un choix artistique, d’une décision des programmateurs ou d’une stratégie de la chanteuse ? Toujours est-il que le public semble passer un moment mémorable et qu’Irma Thomas, grande prêtresse de la New Orléans Soul peut se montrer convaincante sur des pièces plus légères et dansantes.
Après un premier instrumental agrémenté d’un chauffeur de salle capable de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, Irma Thomas rentre en scène avec "Don’t Mess With My Man", titre comme elle le souligne mis en boite en 1958, preuve du temps qui passe inexorablement. En deux coups de cuillère à pot, la chanteuse vient de se mettre l’assistance dans la poche. Ce titre de Dorothy LaBostrie, auteure du "Tutti Frutti" de Little Richard, sera repris en version Blues par Koko TAYLOR et Lou Ann BARTON. Elle enchaîne avec "Cry On", compo de Naomi Neville (aka Allen Toussaint), une face B d’un single Minit de 1961. Une chose est sure, une grosse partie du public se rappelle du titre. Le pianiste de la Crescent City est encore de la partie avec pas moins de trois autres chansons : "I Won’t Cry" rythmée à souhait, alors que la ballade "Ruler Of My Heart" vient tempérer le tempo, il faut savoir laisser reposer les accus pour mieux repartir. Le titre connaitra de bonnes reprises (Mother Earth, Linda Ronstadt) et inspirera le "Pain In My Heart" chanté par Otis REDDING. Dernière visite au répertoire d’Allen Toussaint avec "It’s Raining" le parfait prototype de la ballade louisianaise.

Irma Thomas reprend "I Done Got Over", titre d’Ernie K Doe enregistré lors de son passage chez Minit. L’orchestration illustre ici toute la spécificité de la Nouvelle Orléans. Deux hits dédiés au registre Disco contribuent à chauffer le Congo Square : "Shame, Shame, Shame" énorme succès de Sylvia Robinson via Shirley & Company. Avouons que l’interprétation a plus de tenue que la parodie d’Henri Salvador "J’aime tes g’noux". Autre hit planétaire avec "Lady Marmelade" popularisé par Labelle avec Allen Toussaint comme arrangeur. Cette fois ci les cuivres de l’orchestre de Tommy Ridgley se font plus présents confortant le morceau dans une ambiance très locale. Thomas prouve qu’elle est également à l’aise comme un poisson dans l’eau dans le registre du Blues avec "Hip Shakin’ Mama", accrédité par erreur au producteur Marshall Estus Sehorn en lieu et place de l’excellente Chubby "Hip Shakin’" Newsom. La Reine de la Crescent City achève son show avec l’intense "Wish Someone Would Care", une ballade au titre ironiquement prémonitoire qui aurait du rentrer dans les charts si Imperial y avait cru seulement un peu.

Ce Live au New Orleans Jazz & Heritage Festival pourrait donner des envies d’excursions. Chanteuse dynamique, expressive et pleine de feeling, Irma Thomas délivre sur ses terres un concert convaincant. L’entente et la cohésion avec l’orchestre de Tommy Ridgley, celui qui lui avait mis le pied à l’étrier vingt ans avant, ne fait aucun doute. Le genre de concert où on aurait aimé être présent. Le disque vient d’être réédité en format CD par Good Time Records. Note réelle 3,5.

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   LE KINGBEE

 
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- Irma Thomas (chant)
- Tommy Ridgley (piano, orchestre)


1. Intro
2. You Can Have My Husband But...
3. Cry On
4. I Won't Cry
5. Ruler Of My Heart
6. I Done Got Over
7. It's Raining
8. Shame, Shame, Shame
9. Hip Shakin Mama
10. Lady Marmelade
11. Wish Someone Would Care



             



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