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1964 Wish Someone Would Care
1988 The Way I Feel

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2004 Straight From The Soul

Irma THOMAS - The Way I Feel (1988)
Par LE KINGBEE le 1er Avril 2023          Consultée 359 fois

Au milieu des eighties, si Irma THOMAS peut s’enorgueillir de porter le sobriquet 'Queen of New Orleans', la chanteuse ne dispose d’aucun contrat avec la moindre maison de disques. Si elle se produit toujours dans les clubs de la Crescent City où les touristes viennent se presser en mangeant des po-boy, des gumbos et des bread-puddings en guise de desserts, ses seules propositions se résument à des chants accompagnant des publicités pour la télé et les radios.

A l’instar de Bettye LAVETTE, Irma THOMAS figure parmi les chanteuses les plus honteusement sous-enregistrées. Après avoir mis sa carrière en veille afin d’élever sa famille, Irma va rebondir chez Rounder Records, l’un des plus gros labels indépendants en 1986 avec l’album The New Rules.

A l’affiche des plus grands festivals de Blues et de Soul, Irma est toujours aussi populaire chez elle, de nombreux spécialistes la considérant à juste raison comme la reine de la Soul néo-orléanaise. Alors qu’Aretha FRANKLIN décroche son 14ème Grammy, que James BROWN est condamné à six ans de tôle pour une histoire de course-poursuite, le monde de la Soul perd Brooke Benton, Dave Prater, moitié du duo SAM & DAVE ainsi que Sylvester, figure de proue de la House Music, Irma THOMAS enregistre The Way I Feel, un titre largement usité dans l’industrie phonographique, Gordon Lightfoot, le countryman Bill Anderson, Sonny Rollins jusqu’à l’acteur Leonard Nimoy ont sorti un disque du même nom.

Scott Billington, excellent producteur qui a la réputation de s’attacher à la carrière des artistes qu’il prend sous son aile, décide d’utiliser un parterre d’accompagnateurs attitrés au label, choix judicieux d’autant plus que la plupart accompagne la chanteuse sur scène depuis deux ans.

Si cette fin d’année reste marquée par les percées de Tracy CHAPMAN et Terence TRENT D’ARBY, et si nos radios nous repassent jusqu’à plus soif "Asimbonanga" (Johnny CLEGG), "Need You Tonight" (INXS) ou le "Yéké Yéké" de Mory Kanté *, le nom d’Irma THOMAS n’apparaît que dans quelques revues spécialisées, tandis que de rares radios la programment sur les ondes.

En accord avec la chanteuse, Scott Billington a concocté un répertoire sur mesure qui évite la facilité. "Old Records", un inusité d’Allen Toussaint, autre icone musicale de la Nouvelle Orleans, lance le disque sur de bons rails. La subtilité des musiciens, tous rompus aux scènes Soul, Blues et Jazz, frappe aussitôt les esprits ; le bref solo d’harmonica intervenant au bout de deux minutes instaure une atmosphère caractéristique de la Country Soul FM.
Mais l’atout majeur de ce disque, en dehors du feeling de la chanteuse et de la virtuosité des sidemen, consiste en un remarquable assemblage entre inusités et des titres plus classiques revus et corrigés.
C’est ainsi qu’au rayon des covers, on retrouve "Baby I Love You", une création du soulman de Detroit Ronnie Shannon, popularisée par Aretha FRANKLIN puis par le duo Roberta FLACK/Donnie HATHAWAY. L’orchestration apporte une touche NOLA bien plus perspective que la version d’Aretha enregistrée dans les Shoals. La chanson connaît une seconde jeunesse avec les reprises de deux duos célèbres : BB KING/Bonnie RAITT et Beth HART/Joe BONAMASSA. A titre indicatif, nous conseillons la présente version et celle d’Erma FRANKLIN.
Autre titre enregistré par Lady Soul avec "Sit Down And Cry" ♯, saisissante compo de Clyde Otis. Là, l’interprétation se situe sensiblement au niveau de Jean WELLS et d’Ella WASHINGTON, l’émotion nous semble plus palpable que la version d’Aretha. Un grand morceau de Deep Soul, l’orgue de Kim Phillips (futur équipier de Rockin’ DOPSIE JR.) et la guitare de Leroy Aych nous emmènent sur des chemins de traverse entre l’église et la Soul. Si "All I Know Is The Way I Feel", autre compo de Jerry Ragovoy, avait été préalablement enregistrée par les POINTER SISTERS dans une version enrichie lorgnant entre Disco et Soul eighties, Irma THOMAS délivre là la bonne dose d’ingrédients et évite de tomber dans la surenchère et le pathos. Le titre sera repris par Howard TATE, autre chanteur ayant tourné dans le sillage de Ragovoy.
"I’ll Take Care Of You", pièce sucrée de Brooke Benton popularisée par Bobby BLAND, a été accommodée à toutes les sauces. Aujourd’hui encore, le manque de flair de Kim Weston qui refusa en son temps d’enregistrer "Dancing In The Street" demeure incompréhensible, cela fera l’affaire de MARTHA & The VANDELLAS qui propulsa durant l’été 64 le morceau sur la seconde marche des charts américains. Ce hit en puissance refait souvent surface par l’entremise d’interprétations aussi surprenantes que loufoques. Si les KINKS en livrèrent une reprise pleine de fraîcheur au printemps 65, cette invitation à danser dans la rue connaît quelques sauts de chaîne (The EVERLY BROTHERS, VAN HALEN, le duo BOWIE/JAGGER, Garou). Cette reprise guère indispensable apporte néanmoins de l’allant, de la vivacité et si on peut regretter le jeu trop synthétique de Craig Wroten, les Foster Sisters et Irma se renvoient bien la balle, à l’image de certains spirituals. Le nom de Jerry Ragovoy apparaît une dernière fois avec "You Don’t Know Nothin’ About Love", une ballade pleine d’intensité dans laquelle Irma THOMAS se lâche totalement. La Louisianaise reprendra le titre dix ans plus tard en compagnie de Tracy NELSON et Marcia Ball.


Au chapitre des inusités et des nouveautés, elle est particulièrement poignante sur "Sorry Wrong Number", un inusité de Jerry Ragovoy enregistré sans grand succès par Howard TATE. Irma excelle dans le domaine de la ballade, registre dans lequel elle peut conter de pittoresques histoires comme en atteste "You Can Think Twice", une compo du countryman Michael Garvin. Autre bonne pioche avec "I'm Gonna Hold You To Your Promise", une compo du regretté Paul Kelly que son créateur reprendra cinq ans plus tard. Cette fois ci, le titre se révèle plus dansant avec le concours des trois sœurs Foster. Le jeu de piano de Kim Phillips et l’apport des cuivres gomment cette sensation sirupeuse diffusée dans de nombreuses reprises.

Si ce disque est passé inaperçu chez nous lors de sa sortie, il n’en demeure pas moins bien produit. Le timbre de la chanteuse ne vacille à aucun moment et le répertoire reste aussi cohérent que sincère. L’une des bonnes pioches Soul de l’année 88 avec les albums Conscience de WOMACK & WOMACK et l’éponyme de Tracy CHAPMAN.

*Ce ne sont que les premiers exemples qui me sont venus à l’esprit. Je n’ai rien contre ces chansons en particulier.
♯Titre éponyme à celui d’Errol Dunkley.

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   LE KINGBEE

 
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- Irma Thomas (chant)
- Renard Poché (guitare 1-3-4-6-7-9)
- Leroy Aych (guitare 2-5-8-10)
- Harold J. Scott (basse 1-3-4-6-7-9)
- Chester 'chuck' Henry (basse 2-5-8-10)
- Hermann Ernest Iii (batterie, percussions 1-3-4-6-7-9)
- Wilbert Widow (batterie 2-5-8-10)
- Craig Wroten (claviers 1-3-4-6-7-9)
- Kim Phillips (claviers 2-5-8-10)
- Bill 'foots' Samuel (saxophone)
- Joe Saulsbury (saxophone 2-4-5-8-10)
- Terry Tullos (trompette, cor 1-3-4-6-7-9)
- Lawrence Weber (trompette 2-5-8-10)
- Elaine Foster (chœurs)
- Lisa Foster (chœurs)
- Sharon Foster (chœurs)
- Ernie Gautreau (trombone 1-3-4-6-7-9)


1. Old Records
2. Baby I Love You
3. Sorry Wrong Number
4. You Can Think Twice
5. Sit Down And Cry
6. All I Know Is The Way I Feel
7. I'm Gonna Hold You To Your Promise
8. I'll Take Care Of You
9. Dancing In The Street
10. You Don't Know Nothin' About Love



             



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