Marie CHERRIER trouve en live le souffle qui manque à ses albums studio, bien jolis cependant. C'est à la Cigale, scène parisienne pour le moins célèbre du quartier Pigalle, qu'elle fait ses armes chargées en mots fleuris et coupants, ce 15 mars 2008.

Dans le livret du CD, elle confesse que le spectacle n'est pas entier et qu'il durait même plus de deux heures, avec quelques sacrifices importants pour le passage au disque mais aussi la meilleure des pubs : "Il n'y a même pas la vraie fin du concert. Pour ça, faudra venir nous voir..."

Dix-sept morceaux, ce n'est déjà pas mal et en effet, c'est un concert qui donne envie d'en entendre, d'en voir plus. La demoiselle se fait gazelle et manie son verbe tour à tour avec douceur et énergie, bien entourée par ses musiciens, Franck Dunas et les autres.

Le son constitue peut-être un bémol car manque de basses, du moins au premier abord, mais ce Live à la Cigale reste tout simplement l'album de Marie CHERRIER le plus réussi à l'aube de sa carrière. Il compile le meilleur des deux disques studio parus, Ni Vue Ni Connue en 2005 et Alors Quoi ? en 2007.

La batterie de Didier Lassus et les guitares électriques de Franck Dunas aident beaucoup à la couleur d'ensemble pour cette prestation en direct. Les disques studio ont le charme d'un folklore Paris rive gauche et misent d'abord sur la poésie de la chanteuse ainsi que des mélodies qui se retiennent facilement.

Le live donne une vigueur presque rock et nous permet de mieux apprécier certaines chansons qui pouvaient apparaître mineures (même si cela ne concerne pas la plume de la demoiselle, de qualité égale), sur le premier album notamment. Idem pour les sons de claviers, meilleurs et en sachant que l'accordéon garde son rôle fondamental dans l'univers de Marie CHERRIER.

La fille spirituelle de RENAUD émeut son public plus d'une fois, lorsqu'elle s'adresse au chanteur énervant sur "Ben Alors Quoi ?" en détournant des titres et paroles de chansons que tout le monde connait dans la salle. Les spectateurs sont réceptifs et s'agitent lorsque la demoiselle Marie parle de son fantasme "Le Curé" et de sa culotte à elle qui s'humidifie.

Une belle ambiance donc, qui en dehors des titres acoustiques, propose d'excellentes versions de ce même "Curé" avec un rythme reggae accentué, du "Marchand de Froufrous" et des "Pattes du Loup". Cela préfigure l'album à venir, et apporte une force supplémentaire à "Tourterelle", lui donne un caractère oppressant.

On sait que les textes de Marie CHERRIER, quoiqu'émouvants, peuvent être très sombres et si "Apprends-Moi à en Rire" met du baume au coeur grâce à son côté doux-amer, l'inédit "C'est Dégueulasse" termine la sélection avec une rage difficilement contenue ailleurs. Comme d'autres artistes féminines, elle nous parle de la séparation amoureuse mais avec une spontanéité qui ne cache rien, même l'autocritique, et c'est fort ! À écouter donc.