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POP FRANçAISE  |  SINGLE

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Michel DELPECH - Le Loir-et-cher (1977)
Par MARCO STIVELL le 13 Janvier 2020          Consultée 1291 fois

"Ma famille habite dans le Loir-et-Cher, ces gens-là ne font pas de manières..."
"Ils me disent, ils me disent 'Tu vis sans jamais voir un cheval, un hibou'..."
"Chaque fois que je m'arrête dans le Loir-et-Cher, ils ne m'laissent plus partir de chez eux..."
"On dirait qu'ça t'gêne de marcher dans la boue, on dirait qu'ça t'gêne de dîner avec nous..."

Chacun de ces vers est bien tourné. En pleine dépression et entre deux 33-tours, notre artiste signe au moins une très grande chanson. On parle aussi de son dernier tube qui marque durablement le répertoire français. "Le Loir-et-Cher" est une tuerie, et pourtant, elle évoque un gâchis...

Pourquoi Michel DELPECH, dont j'adore beaucoup de ballades, n'a-t-il point persévéré ou oeuvré plus souvent dans un domaine rock qui lui va si bien ?

Son troisième album le plus brillant est comme par hasard aussi le plus rock – folk également, au sens 70's du terme. "Le Loir-et-Cher", c'est de l'or en barres grâce au mélange rock-folk et à une voix parfaitement adaptée. Pas criarde comme dans le hard-rock, non : on sait qu'on a affaire à un chanteur de variété, mais son niveau d'émotion n'est plus à prouver. Et là, il semble plus à l'aise, on ne rencontre pas de décalage chant/paroles comme sur "Draguez-moi", extrait du dernier album en date en 75. Même dans le rock, DELPECH met de la conviction et parvient à convaincre, l'ensemble est fortement bien tourné.

Il faut dire qu'on joue là sur deux tableaux. Le "fils prodigue" comme il se décrit lui-même, après avoir fait ses études et réussi à Paris ou dans ses environs, revient sur son enfance, les week-ends et vacances auprès de sa famille paternelle, dans le département du Loir-et-Cher. Précisément, DELPECH parle du pays situé à l'est de Blois et à la limite ouest de la Sologne, les localités de Dhuizon et La Ferté-Saint-Cyr, non loin des premiers châteaux de la Loire (Chambord et Cheverny). Certains iront plus vite en mentionnant "le trou du cul de la France", mais vous remarquerez que cet emplacement change à chaque fois (Creuse, Lozère, Nevers...). À l'époque, en 1977, l'urbanisation est devenue telle, conjointement au secteur tertiaire, qu'une fracture se dessine, béante, entre les villages et la grande ville. Ne parlons pas de cette situation à l'ère Internet.

C'est un peu ce que regrette Michel DELPECH (toujours bien aidé par Jean-Michel Rivat) à travers des paroles qui montrent leur attachement à la province, l'arrière-pays, la gentillesse et la générosité (parfois un brin insistantes) des gens qui y vivent et à un tout autre rythme que lui. Une chanson militante donc, et comme il le dira lui-même, une majeure partie de la province - pas que le fameux département numéro 41 donc - s'est sentie concernée, à juste titre.

J'adore ce titre, c'est l'un de mes préférés de l'artiste, un des meilleurs et plus sincères hommages rendus à une France rurale qui en a bien besoin, culturellement parlant. Dans le même temps et avec un propos équivalent, même subtil, on pense à l'album Urba de TRI YANN, l'année suivante en 1978. Toujours pour l'époque et musicalement cette fois, on est entre les albums "retour aux sources" d'Eddy MITCHELL et Johnny HALLYDAY orientés country-rock (La Terre Promise, Sur la Route de Memphis...) en ce milieu de décennie, et le trucker-rock/de routier plein de fraîcheur qui vaudra un tube à Jean-Patrick CAPDEVIELLE deux ans plus tard en 79 ("Quand t'es dans le désert", autre grande histoire de face B).

Le compositeur Michel Pelay crée une belle dynamique entre couplets rock et refrains plutôt folk. Michel Bernholc revoit bien sa science de l'arrangement. DELPECH, monsieur Sourire Vocal de nouveau, fait bien son crooner d'abord, avant de changer de ton sur un mode plus organique pour le refrain "On dirait qu'ça t'gêne...". La force des guitares, y compris les acoustiques massives, reste tout à fait digne des productions américaines, les ténors du rock sudiste... Et puis cette retombée, ce passage chant-guitare acoustique, ces choeurs et ce refrain presque punk... Seules les cordes (pour rassurer Barclay ?) sont superflues, comme les cuivres de "Pour un Flirt" ; à la place, pourquoi pas un synthétiseur ou des guitares libres ?

Passons vite sur la face B du single, "Viviane", ballade de facture plus classique au piano-cordes, où la guitare la plus en avant reste la basse. Une jolie chanson sur un amour non partagé. DELPECH tire son épingle du jeu une nouvelle fois en termes d'interprétation, dans un ton éperdu. C'est très convaincant, un peu plus qu'un simple bonus, malgré l'empreinte laissée par "Le Loir-et-Cher".

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1. Le Loir-et-cher
2. Viviane



             



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