Le retour de la voix la plus sexy de Bretagne se fait ressentir avec bonheur grâce à ce nouveau single, "Lion", en proue d'un album d'ores et déjà annoncé.

KOHANN alias Michèle Gaurin vient nous susurrer quelques mots à l'oreille, doux mais tristes, et comme elle a si bien su le faire depuis dix-huit ans. Ce "Lion", elle a pu l'entonner récemment avec ses acolytes Emmanuel Devorst et Konan Mével, pendant le concert de TRI YANN (dont le second est membre) au Festival Intercetique de Lorient.

La voix ne nous surprend plus par son timbre, mais désormais par l'emploi du français (comme sur "Resurrection", l'extrait précédent) en plus du brezhoneg/breton et de l'anglais. "J'ai mal et mes yeux saignent / Mais cet espoir si fort, me dit, me dit 'quoi encore ?'". Il y a presque, sur ces accords mineurs et à travers cette mélodie mélancolique, un peu de la gwerz, voire beaucoup, l'émotion et l'élégance de la complainte. On entend des formules de deuil, mais aussi d'optimisme.

Il y a aussi cette obstination du refrain, ces paroles répétées au cours de 4 minutes 30 qui pourraient passer plus vite ailleurs, dans un autre style. Alors que là, une fois passée la surprise du chant très appuyé des premières phrases ainsi que du français qui peut dérouter, KOHANN fait durer le plaisir en répétant les mêmes vers comme une incantation sur un final étiré, peut-être pas encore assez !

Derrière, autour, les deux messieurs tissent les ambiances qui conduisent le chant et, en retour, se laissent elles-mêmes hanter par cette voix de fée. Quatre accords en boucle suffisent, la densité nous happe et ne nous lâche plus. Autant dire que ce nouvel album s'annonce pour le mieux !

On reste dans l'orientation pop adoptée par la chanteuse depuis quelques années, en marge de SKILDA, mais avec une approche électro que n'avait pas le très rock "Resurrection", fin 2016. "Lion" est tout aussi spatial, envoûtant.