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SEVEN REIZH - Strinkadenn' Ys (2001)
Par MARCO STIVELL le 9 Septembre 2017          Consultée 1444 fois

SEVEN REIZH, c'est non seulement un élément de choix dans la musique bretonne, mais aussi un disque de rock progressif qui figure parmi les plus belles surprises en ce début de nouveau millénaire. Je me rappelle de discussions fiévreuses sur un Internet encore balbutiant, des forums réservés au prog, avec des discussions fiévreuses allant des classiques 70's au metal de DREAM THEATER, sans parler des "R.I.O. addicts". Et à côté de PORCUPINE TREE ou de Pain of Salvation, on voyait souvent revenir le nom de SEVEN REIZH ("poli" et "juste" en breton).

Claude Mignon (compositeur, multi-instrumentiste) et Gérard Le Dortz (paroles, conceptions historiques, graphiques et sonores) lancent ce projet en 2001 avec l'album-livre Strinkadenn' Ys, évidemment trouvable en version CD standard. La motivation principale est de rendre hommage à PINK FLOYD, GENESIS et tous les grands que les deux artistes ont en commun. Ils s'entourent du chanteur Farid Aït Siameur (membre de Taÿfa), du bassiste Olivier Carole (idem), et du clan Mével : les frères Gurvan, Gwendal, Gwenhaël, Konan et leur soeur Bleunwenn au chant. Ces deux derniers font alors partie de Tri Yann et tous les Mével avaient été concernés par les projets Kad(waladyr), en proue de la musique prog bretonne des années 90 (voir chroniques).

La différence pour SEVEN REIZH, c'est que le projet est meilleur en tous points : composition, musicalité, réalisation, production... Peut-être même la pochette, un parti-pris contestable mais qui au moins garde une certaine personnalité ! Et comme l'habit ne fait pas le moine, voilà un excellent concept de rock progressif qui sent bon les falaises de granit sous le crachin et la mer qui vient s'abattre sur elles en y laissant des goëmons. Cliché ? Il n'y a pas de mal quand c'est pour la bonne cause, et rien ne s'en cache à travers Strinkadenn' Ys, hommage aux légendes bretonnes. Ys, cette cité qui dort sous les vagues et que parcourt l'héroïne, Enora, en quête d'elle-même. Les "strinkadenn"/jaillissements d'Ys se rapportent à ses propres désirs.

Dès le début, GENESIS ou même YES sont évoqués dans une construction typique du rock néo-progressif avec un ensemble basse-batterie-guitare-claviers tonitruant et qui ne s'adresse pas à n'importe quel public. Surtout que là en plus, il y a l'excellent Gwenhaël Mével à la bombarde, pour un air qui nous marque et empreint de tradition bretonne, de la gwerz/complainte sur un rhythm'n'blues déluré avant l'accalmie planante. Là, apparaît l'incarnation du personnage Enora, "la princesse Bleunwenn" comme dirait Jean-Louis Jossic de Tri Yann, avec sa voix gracieuse et douce, l'équivalent d'Heather Findlay ou Anneke Van Giersbergen en Basse-Bretagne.

Les thèmes se suivent en variant les plaisirs. "Kan Kêr'ys" fait intervenir un bagad pour une marche des plus émouvantes. Un fil de rythmes savants est orchestré par Olivier Carole et Gurvan Mével (batterie au son réverbéré, d'autant plus puissant), avec toujours Claude Mignon pour faire virevolter ses guitares ou ses claviers. La partie où Konan rentre avec sa veuze est splendide.

"Tan Ha Mamm" réunit l'approche de Genesis période Abacab (le rythme et la progression sont similaires), le pas de danse plinn et l'aspect féérique, typiquement celte, à travers la voix de Bleunwenn, la cornemuse de Konan et la flûte traversière de Gwendal Mével - qui a traduit les textes en breton -. Quel final décoiffant, et tellement beau en même temps !

On adore les parties planantes, sur "Hybr'Ys" en particulier, tout à l'honneur de Claude Mignon qui s'est bien imprégné de Pink Floyd en évitant de calquer Gilmour & co. La guitare électrique se fait lyrique, mais à côté, on a aussi l'introduction magique de "Dornskrid" aux guitares acoustiques arpégées, et qui sonne tel un bon vieux disque de Dan Ar Braz. Le grand Mike OLDFIELD, friand de voix féminines et de majesté mélodique d'orientation celtique, ne saurait renier "Sovajed a-feson", saupoudré de mandole (grande soeur de la mandoline).

"Liñvadenn" et "Enora ha Maël" (lorsque la demoiselle rencontre son futur époux) sont deux ballades sublimes, fort bien écrites et arrangées. Toutefois, si Bleunwenn s'en sort avec les honneurs, on peut être plus réticents par rapport au chant masculin. Le timbre et le talent de Farid Aït Siameur ne sont pas en cause, du moins en dehors de ses prestations, ici parfois approximatives. Néanmoins, si on ajoute les paroles traduites en kabyle, c'est une volonté de métissage avec la musique bretonne qui séduit moins que chez Mugar (groupe instrumental) ou chez Taÿfa, justement. Le final de l'album en duo avec Bleunwenn s'en trouve quelque peu alourdi, lui aussi, alors qu'à côté de ça, la composition est grandiose !

Il y a donc peu de choses à redire sur le projet mené par Gérard Le Dortz et Claude Mignon ; pour un début, c'est plus qu'encourageant. Strinkadenn' Ys est distribué par Muséa, ce qui permet à SEVEN REIZH à la fois d'avoir une bonne vitrine mondiale et d'officier dans la cour des grands.

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   MARCO STIVELL

 
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- Gérard Le Dortz (concepts, paroles, voix)
- Claude Mignon (guitares, claviers, mandole, programmations)
- Bleunwenn (chant)
- Farid Aït Siameur (chant)
- Olivier Carole (basse)
- Gwenhaël Mével (bombarde)
- Gurvan Mével (batterie, percussions)
- Gwendal Mével (trombone, flûte traversière)
- Konan Mével (cornemuses)
- Bagad Penhars (arrangements traditionnels)
- Cyril Froger (voix)
- Thierry Chassang (enregistrement, mixage, mastering)


1. Selaou
2. Dornskrid
3. Sovajed A-feson
4. Naer Ar Galloud
5. Hybr'ys
6. Kan Kêr'ys
7. Liñvadenn
8. Tad Ha Mamm
9. Enora Ha Maël
10. Mall Eo Monet Da Ys



             



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