TAÏ PHONG publie un single de qualité. De grande qualité. Il y a besoin de le dire après être allé, ce vendredi (n'importe lequel), une fois de plus, faire un tour sur Spotify afin d'écouter les dernières nouveautés et un crochet par le top 50, France et International. En vérité, il n'y aurait même pas besoin de cela pour le reconnaître : TAÏ PHONG publie un single de grande qualité, et ça fait du bien.

D'aucuns peuvent se charger de condamner la pochette et son aspect "kitsch", mais on connait les groupes de rock progressif, et quelque part, cela fait toujours chaud au coeur de voir TAÏ PHONG conserver ces codes. Depuis sa remise en marche, le Génie du Vent a eu le temps de confirmer cette impression par sa musique qui a largement mûri depuis les premières années (les albums Sun en 2000 et Return of the Samouraï en 2013).

On le sent là encore dès le départ. Khanh Maï, seul membre d'origine encore présent, n'a rien perdu de son talent pour la composition de ballades fortes et belles, tout en se reposant désormais sur la voix magnifique de Aïna Quach, son unique chanteuse (par comparaison aux trois de l'album précédent en 2013).

Doux et aérien, le chant s'adapte parfaitement à l'ambiance de "Summer Nights" qui rappelle énormément les slows du milieu des années 90, jusque dans l'arrangement, avec une touche cinématographique qui élargit sa portée. Un peu comme – mais en moins "grand" quand même - le duo de Tina Arena et Marc Anthony sur "I Want to Spend My Lifetime Loving You" du film Le Masque de Zorro en 1998. Vous riez ? Moi non !

Un tel degré de profondeur et d'élégance, lié à une écriture mélodique parfaite et un revêtement soigné, est aujourd'hui rare, foi de curieux qui tente de ne pas rester sourd à la nouveauté la plus en vue, et pourtant... Une chanson comme "Summer Nights" mérite mille fois sa place au sommet du classement (France et International là encore), par rapport à des rythmes et des voix qui n'ont plus grand-chose d'humain. Sa chaleur révèle aussi un caractère moderne, avec les nappes de claviers et petites programmations, certes, mais c'est pour le meilleur.

Et on parlait de single de qualité, or un single au sens noble et physique du terme possède une face B. C'est là où TAÏ PHONG excelle autrement, en proposant un morceau qui prend le contre-pied du tube potentiel sans toutefois s'en éloigner franchement, puisqu'on y retrouve de très beaux moments calmes. Excelle et surprend, puisque même à la grande époque, peu d'artistes s'autorisaient une telle part d'audace sur les supports de leur publicité.

"A Sustained Moment of Silence", un titre instrumental, puise dans une énergie rock progressive et étonnera facilement les personnes qui ne connaissent pas la production du groupe post-années 70. Grâce à Davy Kim (responsable de la composition) et aux autres musiciens, le son lourd, quasi metal-progressif et qui rapproche le Génie du Vent de Spock's Beard ou de Porcupine Tree, dynamise fortement un ensemble qui ne paraît en rien dénaturé.

Cela laisse augurer de belles choses encore pour le prochain album dont ce single est éclaireur, appelé Dragons of the 7th Seas et prévu pour le début de l'année 2018. Au titre choisi, et avec de telles démonstrations sur ce single, on devine que non seulement TAÏ PHONG continue de puiser dans son imaginaire mais qu'en plus, il le fait bien. Dans une époque où on veut nous persuader que tout s'enfuit, que rien ne tient "parce que c'est comme ça" et qu'il faut adopter ce modèle, en musique comme en amour, les valeurs sûres sont plus importantes que jamais. En voici une !