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Nina SIMONE - Folksy Nina (1963)
Par LE KINGBEE le 26 Septembre 2018          Consultée 1013 fois

1964, les disques de Nina SIMONE s’enchaînent comme des perles. Toujours produite par Jack Lewis, la chanteuse multiplie les prestations scéniques. Il n’y a qu’à regarder le dos de la pochette pour constater que sa discographie s’agrandit comme le nez de Pinocchio avec pas moins de huit disques.

« Folksy Nina » provient d’un concert au Carnegie Hall en date du 12 mai 1963. C’est la troisième fois depuis 1961 que la pianiste se produit dans la célèbre salle new-yorkaise. Le 12 avril, un mois plus tôt, elle avait salle comble avec à la clef la mise en boîte de l’album « Nina Simone At Carnegie Hall »⃰. Devant le succès du disque, Colpix s’empresse d’éditer une nouvelle galette, il faut battre le fer pendant qu’il est chaud, la pianiste étant liée à la filiale de la Columbia par un contrat portant sur un nombre de publications.

Ce disque sort sous divers pressages, la Hollande en éditant une pochette différente. Le titre « Folksy Nina » risque d’orienter l’auditeur vers un répertoire Folk, un intitulé quelque peu trompeur, bien que la pianiste s’attaque à une poignée de titres qu’on qualifiera de régionaux ou de communautaires.

La pianiste introduit « Silver City Bound » avec une brève présentation de Leadbelly et Blind Lemon Jefferson. Guide pour son ami non voyant, Leadbelly ancien bagnard deviendra le porte drapeau d’un folk urbain typique à Greenwich Village, le guitariste jouant aux côtés de Woody Guthrie et Pete Seegers. De la chanson à boire à la folk song, il n’y a qu’un pas et « When I Was A Young Girl » s’appuie sur la ballade « One Morning In May » de Texas Gladden, titre enregistré, à l’instar du précédent, par John Lomax durant la guerre. La chanson interprétée par Barbara Dane est transformée ici en une ballade pour piano bien mollassonne.
C’est un bongo qui ouvre sur « Erets Zavat Chalav », chanson israélienne qui a au moins le mérite de mettre de l’ambiance. L’ambiance tombe d’un cran avec le larmoyant « Lass Of The Low Country », œuvre du songwriter folk John Jacob Miles. L’adage plus c’est triste plus c’est beau n’est guère mis en pratique ici, d’autant plus que Nina SIMONE semble conter le désespoir d’une pauvre fille pendant plus de six minutes. On dit souvent que les plaisanteries les meilleures sont les plus courtes, et là nul doute que la moitié de la salle a dû s’endormir devant un lyrisme si mélodramatique, le genre de chanson qui vous donne invariablement l’envie de vous pendre. On conseille la version de Joan BAEZ qui ne dure que 2 minutes.

La face b enchaîne avec « The Young Knight », un récit qui se veut épique issu d’un opéra de Joseph Hathaway et Charles Kingsley probablement arrangé en Vaudeville. Si la guitare traîne un rythme légèrement hispanique pouvant diriger l’auditeur vers une épopée à la Don Quichotte, le timbre de la chanteuse finit par devenir ennuyeux. Si vous comptiez sur « Twelfth Or Never » pour aller danser une gigue, c’est râpé ! Basée sur « The Riddle Song » un vieux folk des Appalaches lui-même fortement influencé par « I Gave My Love A Cherry » un traditionnel anglais, cette guimauve garantie pur sucre a connu une popularité via la version de Johnny Mathis. Mais quel que soit l’interprète, le rythme imprime un sentiment de nostalgie. Le morceau idéal si vous êtes dépressif, il vous donnera l’envie d’en finir une fois pour toute.
La pianiste nous délivre un court intermède avec « Vanetihu », un instrumental d’orientation Klezmer, qui semble sortir le public de sa torpeur, les guitares à la sonorité de Balalaïka et le piano se livrant une bonne bourre. Pour un peu, on se croirait dans une séance de Rabbi Jacob. Comme l’annonce la pianiste, la chanson suivante consiste dans l’assemblage de deux chansons issues de contes pour enfants. Le piano nous renvoie clairement au domaine de la berceuse. « Hush Little Baby » gravé une première fois par les Weavers, le groupe de Pete Seeger, est repris par Joan Baez et le trio Peter Paul & Mary. Le titre connaît chez nous une certaine popularité via le duo danois Nina & Frederik. Avouons qu’il y a là de quoi rire, le bon baron Frederik Van Pallandt se faisant mitrailler à bord de son yacht en 1994 dans une sombre histoire de trafic de came. Remarquez, rien n’empêche les dealers de faire dans la berceuse. Pour en revenir à Nina SIMONE (pas la Nina de Frederik), il faut tendre l’oreille pour reconnaître le titre d’origine.

Ce « Folksy Nina » s’annonce clairement comme un énième disque Live de la pianiste. A moins d’avoir assisté au concert, on ne voit aujourd’hui pas l’intérêt d’une telle production qui donne l’impression que Colpix prenait parfois les auditeurs pour des gogos. Un disque qui ne s’adresse qu’aux inconditionnels de Nina SIMONE.

⃰Certains spécialistes pensent que ce disque est issu du même concert que celui retranscrit dans l’album « Nina Simone At Carnegie Hall », Colpix ayant utilisé les titres restants et ajouté une autre version de « The Twelfth Or Never » plus courte d’une dizaine de secondes. Ce doute plus que raisonnable n’a jamais été corrigé par EMI, propriétaire du disque et auteur d’une trilogie dédiée à Nina SIMONE.

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   LE KINGBEE

 
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- Nina Simone (chant, piano)
- Phil Orlando (guitare)
- Al Scheckman (guitare)
- Lisle Atkinson (basse)
- Montego Joe (batterie)
- The Malcolm Dodds Singers (chœurs)


1. Silver City Bound
2. When I Was A Young Girl
3. Erets Zavat Chalav
4. Lass Of The Low Country
5. The Young Knight
6. Twelfth Of Never
7. Vanetihu
8. You Can Sing A Rainbow / Hush Little Baby



             



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