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Nina SIMONE - Forbidden Fruit (1961)
Par LE KINGBEE le 8 Novembre 2017          Consultée 1400 fois

Nous sommes en 1961, Nina SIMONE enregistre son quatrième album pour le compte de Colpix. La chanteuse est cette fois secondée par un trio comprenant le guitariste Al Schackman qui sera aussi son directeur artistique pendant plus de trente ans, le contrebassiste Chris White, futur fondateur des Jazz Survivors et le batteur Bob Hamilton, tous trois présents sur le Live « Nina Simone At Newport ».
Cette fois ci, la chanteuse se tourne vers un répertoire presque exclusivement orienté sur des chansons sentimentales évoquant l’amour. Mais, comme souvent chez la chanteuse, une ambivalence vient se poser, le Fruit Défendu étant une référence biblique à l’arbre de vie et au jardin d’Eden. Ah ! quelle belle histoire que celle d’Adam et Eve et du serpent tentateur qui sera, le pauvre, condamné par Dieu à ramper toute sa vie.

Placée sous la houlette du producteur Cal Lampley, un ancien pianiste devenu talent scout et producteur de la Columbia, Nina SIMONE attaque son disque avec « Rags And Old Iron », titre du chanteur activiste du Civil Rights Movement Oscar Brown Jr., preuve que SIMONE s’intéressait déjà au Mouvement destiné à mettre fin à la ségrégation raciale. C’est bien beau tout ça, mais Dieu que c’est mou (Eve doit faire la gueule à Adam). En fait, si la plupart des titres sont orientés sur des romances aussi sentimentales que Jazzy, c’est un sentiment d’apathie qui prédomine ici.

La langueur sophistiquée du titre d’ouverture contamine la plupart des pistes. « I’ll Look Around », chanté par Billie Holiday et repris plus tard par Madeleine Peyroux et Esperanza Spalding s’avère encore plus somnolent. Même impression avec « I Love To Love » (rien à voir avec le titre homonyme et Disco de l’anglaise Tina Charles, on en vient presque à regretter cette soupe). « Where Can I Go Without You », création de Peggy Lee reprise par toute la planète crooners de Nat King Cole à Mel Tormé en passant par Dean Martin, reste dans la même veine, un vaisseau mou comme une chiffe à tel point que l’aiguille d’une seringue serait incapable de s’y planter. « Memphis In June », une romance d’Hoagy Carmichael figurant dans le film « Johnny Angel » avec Claire Trevor et George Raft, avait été interprétée par Julie London. La pianiste n’apporte rien de plus. Certes, le titre est formidablement joué, mais le tempo reste désespérément intimiste et amorphe. On ne pourra que conseiller la récente reprise d’Annie LENNOX.

Alors, si nos comptes sont bons, il ne reste pas grand-chose de réjouissant à se mettre sous la dent. « Forbidden Fruit », titre d’Oscar Brown Jr., apporte un semblant de fantaisie et d’humour (Nina SIMONE pouvait parfois se montrer facétieuse). « Just Say I Love Him », une romance adaptée de « Dicitenllo Vuje » du ténor napolitain Enzo Fusco, un gars qui finira par se jeter d’une fenêtre, parvient à susciter de l’émotion mais reste toujours aussi nostalgique et trop long. Petit regain de dynamisme avec le standard « Work Song », un instrumental Jazzy Pop de Nad Adderley, repris ici avec un texte d’Oscar Brown Jr. (3ème apport du poète chanteur). Al Schackman parvient à placer un petit solo de guitare, mais le morceau reste marqué par les reprises d’Herb Alpert & the Tijuana Brass, Paul Butterfield et la version chantée de Chuck Jackson qui nous paraît bien plus entraînante. Enfin, dernier coup de semonce avec « Gin House Blues », une variante de « Me And My Gin » un pré-war blues gravé par Bessie Smith et future reprise des Animals et de Cuby + Blizzards, qui témoigne que la pianiste était clairement dans son élément dans la musique du Diable. Une belle histoire dans laquelle la boisson semble primer sur l’amour.

Résolument tourné vers la ballade Jazzy sous couvert de romances sentimentales, « Forbidden Fruit » paraît aujourd’hui bien daté et avec peu de prise de risque. Le type de disque intimiste comme la pianiste en enregistrera par wagon. Intrinsèquement, si chaque piste demeure inattaquable, tant au niveau de l’orchestration que des arrangements minimalistes, c’est un phénomène de léthargie qui prédomine à l’écoute de ce fruit défendu.

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   LE KINGBEE

 
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- Nina Simone (chant, piano)
- Al Scheckman (guitare)
- Chris White (contrebasse)
- Bobby Hamilton (batterie)


1. Rags And Old Iron.
2. No Good Man.
3. Gin House Blues.
4. I'll Look Around.
5. I Love To Love.
6. Work Song.
7. Where Can I Go Without You.
8. Just Say I Love Him.
9. Memphis In June.
10. Forbidden Fruit.



             



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