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Nina SIMONE - The Amazing Nina Simone (1959)
Par AIGLE BLANC le 27 Juillet 2017          Consultée 1874 fois

Après le succès d'estime de son premier album Little Girl Blue, qui lui a valu tout de même d'entrer dans le Billboard en 1959 et de vendre un million d'exemplaires du single "I loves You Porgy" (extrait de l'opéra Porgy and Beth de George Gershwin), Nina SIMONE quitte la label Bethleem Records pour intégrer Colpix Records avec lequel elle signe un contrat pour 8 enregistrements dont 4 lives. Toujours indomptable, elle obtient des conditions privilégiées interdisant à Colpix Records de lui dicter le choix des chansons à enregistrer. Une telle liberté créatrice a de quoi surprendre quand on sait aujourd'hui la mainmise des maisons de disques sur les artistes, comparable à celle des grandes enseignes commerciales sur les producteurs agricoles. La grande force de Nina, c'est qu'elle gagnait déjà pas mal d'argent en se produisant dans des clubs comme celui de Greenwich Village où elle chantait le repertoire populaire. A l'abri du besoin, elle pouvait se permettre d'exiger l'intégrité totale concernant le contenu de ses enregistrements studio.

The Amazing Nina Simone rassemble comme le précédent opus des titres d'obédience jazz, blues, gospel, folk et classique, ce qui contribue à la belle diversité de l'ensemble. De plus, la chanteuse-pianiste-interprète nous livre une composition personnelle qui confirme son réel talent dans ce domaine. Dans Little Blue Girl, elle nous avait offert la magnifique ballade instrumentale éponyme au piano, cette fois il s'agit d'une chanson, fort belle et réussie, intitulée "Children Go Where I Send You". Ce disque appartient toutefois à la toute première période de Nina SIMONE, celle qui précède de peu les grandes années chez Philips. Malgré la qualité de son chant, elle n'est pas encore la fervente défenseur des droits civiques que l'on sait aujourd'hui. Cela laisse peser sur ce 2°opus l'ombre d'une certaine légèreté qui ne lui sied pas totalement, du moins pas aussi bien que la mélancolie et le mélodrame.

Les deux gros points faibles de cet album résident en fait dans le choix des titres et dans leur interprétation orchestrale. Ce qui frappe d'abord, c'est la trop grande prédominance des ballades intimes, la mièvre "It Might as well Be Spring", les conventionnelles ""Willow Weep For Me" et "Solitaire" qui n'apportent rien d'essentiel à l'art de la chanteuse, même si certaines comme la lunaire "(Theme From) Middle of the Night" et la subtile "That's Him Over There" s'en sortent honorablement grâce à une flûte onirique savamment dosée et à une interprétation vocale de grande classe. De sa voix grave et profonde, Nina est capable de nous envoûter littéralement.

Les premières amours classiques de Nina expliquent sans doute l'intervention sporadique de l'orchestre, notamment dans certaines ballades mais aussi dans des titres plus rythmés comme "Chilly Winds Don't Blow". Malheureusement, cet orchestre ne brille ni par son originalité ni par sa subtilité. Les cordes geignent dans le titre précité mais aussi dans l'avant-dernier titre. La mièvrerie pointe à plusieurs reprises son nez.
Plus grave, Nina SIMONE pourtant excellente chanteuse, ne convainc pas toujours, ou plutôt ne semble pas se convaincre elle-même dans certaines ballades qu'elle interprète de la plus banale des façons. C'est le cas dans "You've Been Gone Too Long" où même la trompette se vautre dans la caricature. C'est aussi le cas dans "Chilly Winds Don't Blow", vraiment trop sirupeuse. Le problème, c'est que même des titres plus enlevés, plus dansants comme "Can't Get Out of the Mood" n'impriment aucune émotion particulière. C'est du travail bien fait, mais trop scolaire, un défaut récurrent depuis les débuts de la dame.

Pourtant, l'album débute de la plus éclatante des manières en enchaînant trois chansons excellentes que l'orchestration et l'interprétation vocale conduisent au sommet. "Blue Prelude" est une fort belle entrée en matière avec un chant gorgé de feeling et une ambiance smooth jamais rédhibitoire. "Children Go Where I Send You", création de l'artiste elle-même, est un gospel réussi où le piano sautillant de la dame et son chant syncopé font des merveilles. Et l'album atteint le sublime dans le magnifique "Tomorrow (We Will Meet Once Again)", ballade d'une douceur bouleversante, à l'orchestration discrète mais enveloppante et, surtout, un chant d'une intensité dramatique proprement bouleversant.

Nina SIMONE est déjà une grande interprète, originale et autoritaire. Mais il semble que ses choix, qu'elle assume seule comme stipulé dans son contrat qu'elle a dû négocier avec fermeté, ne soient pas forcément son point fort. Elle réussit mieux par exemple dans les ballades mélodramatiques que dans les airs plus légers et dansants.

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   AIGLE BLANC

 
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- Nina Simone (piano, chant)
- Bob Mersey (arrangements, direction orchestrale)


1. Blue Prelude
2. Children Go Where I Send You
3. Tomorrow (we Will Meet Once More)
4. Stompin' At The Savoy
5. It Might As Well Be Spring
6. You've Been Gone Too Long
7. That'shim Over There
8. Chilly Winds Don't Blow
9. (theme From) Middle Of The Night
10. Can't Get Out Of This Mood
11. Willow Weep For Me
12. Solitaire



             



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