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MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  DEMO

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- Style : Dream Theater
- Membre : O.s.i.

CHROMA KEY - This Is A Recording (1999)
Par BAKER le 2 Octobre 2018          Consultée 712 fois

(NaAuteur : Certes, ce disque est logiquement catégorisé sous le seul nom de Kevin Moore. Mais franchement, pouvez-vous le concevoir ailleurs que dans l'oeuvre complète de Chroma Key ?)

Lorsque Kevin Moore quitte DREAM THEATER en 1994, peut-être que certains n'ont pas réalisé le risque qu'il prenait. Dans le genre "je saute en plein vol sans parachute de l'avion le plus sécurisé au monde", le beau Kev'Mo a fait fort, et spectaculaire. Ce n'est pas tant quitter un groupe qui commençait à sérieusement engranger les brouzoufes et les couvertures de magazine ; c'est surtout pour mettre en oeuvre une musique aux antipodes, voire un Doppelgänger ultra-négatif de ce pour quoi il était connu : musique électro mais sur des bases acoustiques, tempos très lents, minimalisme, voix neutre et monocorde. Et entre ce saut de l'ange et la sortie du premier album, se sont écoulées 4 longues années pendant lesquelles notre énigmatique cador du sample a peaufiné son art.

Peaufiné et art, deux mots non choisis au hasard. Art car cette collection de démos vous prouvera, s'il en était encore besoin, que Moore possède un vocabulaire musical tout à fait identitaire et profond ; et peaufiné car voici des démos dont certaines sont de vraies ébauches de futurs titres officiels, voire, pour la plus classe et onctueuse d'entre toutes ("Wednesday The Sky", une merveille), une première idée lancée comme une licorne défèque un arc-en-ciel, et qui donnera naissance à un DOUBLE RAINBOW !!! (en l'occurrence, S.O.S., chanson dont vous retrouverez la vraie démo dans ce disque également. Capicce ?!?)

Pour résumer, voici un CD - introuvable de nos jours, hélas - qui fait le bilan de 4 ans d'essais, de tentatives, d'avancées puis de reculades (comment veux-tu faire du céleri rémoulade ?) d'un artiste hésitant, tâtonnant, possédant un véritable univers mais qui a limite peur de le partager. Et ce qui frappe avant tout, c'est le romantisme incroyable qui se dégage de ce disque. Romantisme, un nom qui résume très bien les deux premiers albums, mais est ici exacerbé : la moindre note de piano est savamment soupesée, comme sur ce "Hay Day May Day" qui, attaqué de toutes parts par une hyper saturation noisy à la SONIC YOUTH, conserve sa parcimonie et son sens du silence.

L'autre aspect intéressant, c'est la voix de Kevin. Il a clairement trouvé son style dès le départ, dès la démo de "Space-Dye Vest" en fait (hélas absente de ce CD, alors qu'elle y avait toute sa place), mais autant il peut peiner ("The Fucking Mouse", par ailleurs tirée d'une histoire vraie où son colocataire a failli sombrer dans la folie à cause d'une souris. Ne riez pas, ça pourrait vous arriver), autant sur ce disque il se lance, plusieurs fois, vers du chant aigu, et s'il n'est évidemment pas à l'aise, il en ressort quelque chose de touchant, de sincère : il ne compense pas une quelconque jalousie de bellâtres haut perchés, qu'ils viennent de la Brie ou d'ailleurs, mais simplement il tente d'atteindre les notes que sa muse lui a dictées.

Quelques démos différentes et plus inattendues viennent compléter l'oeuvre : l'intro synthétique "Squelch" qui me fait penser à un mix entre JARRE et OINGO BOINGO (oui oui, au cas où vous douteriez c'est bien Baker au clavier !), la dreamy et folky "Shallow" qui part d'un sample de BJORK pour arriver à une chanson inachevée mais qui supplie tous les saints de rester ainsi intacte, et une "Hollow" très grunge, à défaut d'autre qualificatif, et qui est à Kev Mo ce que "Big Stripey Lie" était à Kate BUSH : un défouloir bête et méchant qui tente de mettre un pied dans un territoire inconnu et voué à le rester.

Le CD se termine par la démo 3 titres officielle qui présentait le projet : encore une version de "On The Page" (inintéressante car déjà foutrement aboutie), "Watercolor" mélangeant le son des 80s et le trip-hop des 90s, et la chanson "ChromaKey" qui veut faire prog à tout prix sans jamais, au grand jamais, y arriver. Comme quoi les plus grands peuvent se planter. Assez anecdotique pour les auditeurs occasionnels, ce disque est évidemment indispensable aux gros fans de CK qui ont, comme votre serviteur, amoureusement choyé les MP3 des démos que Kevin mettait à disposition sur son site, à une époque où Internet rimait avec US Robotics 28,8K (56K pour les "surfeurs" de "droite"). En live, et non sans quelques heurts, la naissance d'un vrai artiste : c'est comme les mises à bas de pouliches, dur de pas verser une larmichette.

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   BAKER

 
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- Kevin Moore (chant, choeurs, claviers, prog, basse)
- Rich Kern (guitare)
- Mark Zonder (batterie)
- Greg Cathcart (guitare)
- Todd Farrington (guest)


1. Squelch
2. Hay Day, May Day, Help
3. Wednesday The Sky
4. Roll Away The Stone
5. Nora
6. On The Page
7. Blusong
8. S.o.s.
9. Because The Plane Crashed
10. The Fucking Mouse
11. Shallow
12. Hollow
- bonus : Original Demo Tape
13. On The Page
14. Watercolor
15. Chromakey



             



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