A Recollection, ça c'est une sortie qui avait de la gueule. Et une excellente idée aussi. Parce qu'avant ça, il fallait vraiment se lever de bonne heure pour réussir à compléter sa collec' des DEITY GUNS. Certes, la discographie du groupe lyonnais est loin d'être pléthorique, mais il est à noter qu'aucun disque, pas même Trans Lines Appointment, n'avait fait l'objet d'un nouveau pressage jusqu'alors. Cette compilation reste cependant incomplète, laissant en effet de côté le live Electricity, paru en 1991 chez les punks italiens de Blu Bus.

Le premier disque est celui des débuts. Outre Stroboscopy et Loom, il rassemble aussi trois autres titres sortis en 1991, où l'on observe un groupe alors en recherche de schémas plus trompeurs, mais sans pour autant ranger l'artillerie lourde. C'est plutôt bon, même si ça tâtonne un peu et manque parfois de personnalité. « Doors of India » et « Smile » prennent l'option d'un rock sale et nerveux, celui de SONIC YOUTH et The FALL. « Appointment in Sète » se frotte quant à lui à l'acier froid d'EINSTRÜZENDE NEUBATEN. En somme, DEITY GUNS prépare le terrain pour son unique album, Trans Lines Appointment, mis en boîte à New-York. Celui-ci occupe le second CD. Seul véritable inédit, le bonus « Vacuum Tubes » a également été enregistré au studio de Wharton Thiers, lors des sessions de Trans Lines, en compagnie de Lee RANALDO au chant et à la guitare. Malgré cela, le morceau nous passe à des kilomètres du museau et l'on se félicite qu'il n'ait pas été inclus à l'album. Aussi agaçant que bancal, il en aurait fait une bien piètre conclusion.

Deux live, l'un à Rome, l'autre à Lyon, voici ce que l'on nous propose pour finir. Comme souvent, on n'est pas bien plus avancé, d'autant que la qualité du son laisse à désirer. On y découvre néanmoins un groupe aussi à l'aise sur scène qu'en studio, peut-être plus, et aussi capable de reprendre sans complexe « Smile » de The FALL ou « Hello Skinny » des RESIDENTS. Pas d'overdub, aucune retouche, DEITY GUNS nous dévoile son art le plus brut. Quelques inédits ponctuent les deux live, notamment les excellents « Anyway » et « The Last Gig Blues ».

Depuis 2017, Ici d'Ailleurs propose dans son catalogue une réédition vinyle de Trans Lines Appointment. Cependant, mieux vaut investir dans cette compilation qui, sans être indispensable dans sa totalité, permet aussi la redécouverte du très sous-estimé Stroboscopy, et dans une moindre mesure de Loom. La carrière du groupe français fut courte mais d'une richesse insoupçonnée, qu'A Recollection nous rapporte parfaitement.

Note réelle : 3,5/5