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COMMANDER CODY - Rock N Roll Again (1977)
Par LE KINGBEE le 24 Octobre 2018          Consultée 1082 fois

Tout le monde a en tête l’achat d’un disque qui s’est révélé catastrophique. Parmi les nombreux albums qui sont venus fleurir un jour vos discothèques, certains n’ont été écoutés qu’une ou deux fois avant d’être revendus aussitôt, de préférence à un gogo ou un gars qu’on n’aimait pas.

Alors ce « Rock' n' Roll Again », je me rappelle encore très bien d’où il provient, de chez Pygmalion ! Un disquaire parisien à deux pas de la FNAC Chatelet, une chaîne que l’on fuyait déjà comme la peste. Et pourtant « Big Boy », l’un des vendeurs et copain, m’avait prévenu, je risquais de m’en mordre les doigts. Mais voilà, quand on est jeune, on croit tout savoir, tout connaître, on n’écoute pas les conseils, et pourtant quarante ans après ces faits, je ne me souviens pas que « Big Boy » fût une seule fois de mauvais conseil. L’étiquette du prix en rouge aurait pourtant dû m’alerter avec une baisse de 50% de son prix initial, il était clair que le disque n’avait pas trouvé beaucoup de preneurs depuis sa sortie.

De Commander Cody, j’étais resté sur des albums de folie, en fait sur les quatre premiers albums enregistrés sous la bannière de la Paramount. Le groupe était passé à la Fête de l’Huma et au Bataclan pour sa tournée d’adieu et m’avait carrément scotché. Une bande de gros déconneurs doublés d’une virtuosité et d’un sens du groove exceptionnel œuvrant entre Blues, Western Swing, Acid et Rock' n' Roll. Aujourd’hui encore, je me souviens de ma première réaction après l’écoute de la face A : on s’empresse de retirer le disque de la platine afin de vérifier qu’il s’agit bien du bon disque, pour le cas où se serait glissée une erreur malgré la pochette cellophanée. Le moment de stupeur passé, on essaie de se raccrocher aux branches, on se dit que ce n’est pas possible qu’un groupe que vous aimez tant puisse être l’auteur d’une telle daube, on ne comprend pas. La déception est d’autant plus grande que des gens dont c’est le métier vous avaient prévenu. Des gens qui connaissent vos goûts, qui écoutent de la musique au moins dix heures par jour.

Alors en regardant de plus près cette pochette avec ce bel avion à hélice, on se dit que la mention the New figurant tout en blanc au-dessus du vieux coucou, objet qui a capté votre attention, n’est pas si anodine qu’il y paraît. De Commander Cody & His Lost Planet Airmen, il ne reste que George Frayne, soit le Commander Cody en personne. Le reste de ces joyeux drilles s’est envolé. Il faut dire que le Commander a fait un sacré ménage en signant un nouveau contrat avec Arista Records. De l’ancienne troupe ne reste que Bobby Black à la pedal steel, une pièce rapportée présente sur les deux disques précédents et Bruce Barlow venu prêter main forte à la basse sur un titre. En 1977, Arista Records pète le feu, sous la direction de Clive Davis, un ancien avocat viré de la direction de la Columbia. Le label connaît d’importantes marges bénéficiaires. Il faut dire qu’à l’image du Commander, Davis et son associé Barry Manilow ont fait eux aussi le grand ménage, renvoyant presque la totalité des artistes sous contrat pour embaucher de nouveaux musiciens en devenir (Patti SMITH, Alan Parsons Project, Eric CARMEN, POINT BLANK). Chez Arista, on ne rigole pas, le crédo du groupe ne repose pas que sur l’artistique, les grosses retombées financières sont plus que bien vues.

Le Commander et sa troupe sont confiés à John Alcock, un producteur ayant tourné dans le giron de John Entwistle, Elkie Brooks, et vient de connaître une certaine réussite avec deux disques de THIN LIZZY. Quand on lit ces différents noms, on se dit que tout ce qui faisait la force de la Lost Planet Airmen risque bien de passer à la trappe. Les virtuoses qui constituaient l’essence même de Cody ont été remplacés par une bande de bras cassés ne coûtant pas de gros cachetons. On retrouve ainsi le guitariste Darius Javaher (ex Boston Wranglers) qui quittera aussitôt la musique pour la cardiologie, le batteur Fred Myer qui joue maintenant au sein du Whitney Myer Band, le combo familial de sa fille, Rob Greer, un bassiste inconnu et qui le restera. Seule l’excellente choriste Nicolette Larson (déjà entendue auprès de Hoyd Axton, Guy Clark, Neil YOUNG et Emmylou HARRIS) échappe ici au carton rouge.

L’intro du premier titre « Midnight Man » avec son ronflement et un sax digne de figurer dans les productions bling bling de Barry Manilow nous indique l’orientation à suivre : l’ennui. La suite ne s’annonce guère vaillante avec « Don’t Say Nothin’ », un Country Rock de pacotille dans lequel le chant du bon Commander se veut parodique et marrant, mais c’est raté ! Regain d’attention avec « Rock' n' Roll Again » qui donne son nom au disque, mais avouons qu’il n’y a franchement pas de quoi fouetter un chat. Comble de l’ironie, c’est avec une ballade nostalgique que Cody parvient à nous sortir de notre léthargie avec « 6 Years on the Road », mais cette douceur longue de presque 7 minutes aurait pu prendre fin au bout de 4 minutes, surtout avec l’arrivée d’un saxophone tout juste digne de passer en fond sonore dans votre grande surface pendant les fêtes de fin d’année.

Deux titres feront l’objet d’un single : « Snooze You Lose », du sous Gino Vanelli et « Seven Eleven » flirtant entre Western Swing, Rag, Rockin’ en droite ligne avec les Andrew Sisters. Un titre qui aurait été bon si le Commander avait pu ne pas chanter et laisser aux choristes le soin de mener l’attelage. « Widow » pourrait figurer comme le prototype du Country Rock FM qu’il convient d’éviter. « Danny » se révèle un honnête piano rag joué en solo, pas de quoi sauter au plafond. « Where Were you » pourrait mériter une mention si Cody avait raccourci le titre de 2 minutes. Le disque s’achève sur une bonne note via « All For Love », un modeste Country Rock FM dans la lignée des New Riders Of The Purple Sage, du Marshall Tucker Band ou de Asleep At The Wheel sauvé ici par les choristes dont on se demande ce qu’elles sont venues faire dans cette galère. Un disque mal produit, mal pensé et médiocre presque de bout en bout. Conclusion, si un pote disquaire (ils sont presque tous en voie de disparition) vous déconseille un album … Ecoutez le !


Cette chronique est dédiée à Hervé « Big Boy » T., disquaire, manager, organiste de plusieurs combos sans prétention. Un gars qui avait de l’oreille et qui aura fait découvrir plus d’un disque à de nombreux aficionados parisiens entre 1975 et 1985. « Big Boy » a été emporté la semaine dernière en pleine mer par un crabe des plus virulents.

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   LE KINGBEE

 
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- George Frayne (chant, piano)
- Bobby Black (pedal steel guitare)
- Darius Javaher (guitare)
- Craig Chaquico (guitare 9)
- Rob Greer (basse)
- Bruce Barlow (basse 2)
- Fred Myer (batterie, percussions)
- Tom Flye (percussions 2)
- Cisco G (saxophone)
- Nicolette Larson (choeurs)
- Charra Penny (choeurs)


1. Midnight Man
2. Don't Say Nothin'
3. Rock N Roll Again
4. 6 Years On The Road
5. Snooze You Lose
6. Widow
7. Danny
8. Seven Eleven
9. Where Were You
10. All For Love



             



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