10 ans ! En 2019, nous fêterons les dix ans de Hobo, le premier album de Charlie WINSTON. Que le temps semble avoir passé vite depuis notre première rencontre avec ce personnage attachant. Après un second album convaincant, son successeur Curio City avait connu une gestation difficile, entre retour dans son Angleterre natale et syndrome de la page blanche. Le résultat final avait eu peine à convaincre, la faute à un tournant vers une pop-électro à laquelle manquait la couleur de ses premiers efforts. Mais les choses auraient pu s'arrêter là, l’artiste déclarant en 2017 faire une pause dans sa carrière. Il en parle aujourd'hui : une longue maladie partagée avec son fils manqua lui faire arrêter la musique.

Fort heureusement, le voici qui nous revient avec un quatrième album qu’il décrit comme le quatrième angle d’un carré, sorti sous le titre de Square 1 : un choix pas anodin faisant référence à l’expression "Back to square one", traduit en français par "retour à la case départ". Vrai retour aux sources ou nouvelle déception ?

"Spiral" amorce l’album en détournant la question. Cela commence doucement, puis ça monte en puissance, des chœurs arrivent, un orchestre entier semble débouler avant l’explosion finale… Un bon départ, mais on embraye directement sur "Here I Am", et là on reconnaît notre Charlie ! La mélodie joyeuse renvoie au folk/soul de Hobo, le contraste avec le sérieux des paroles qui abordent les thèmes de l’échec scolaire comme miroir de l’échec dans la vie nous rappelle que le garçon sait se faire bon parolier quand il veut. Avec "The Weekend", nous revoilà dans des terrains connus. Définition même du single feel-good, ce morceau ne demande qu’à passer en boucle à la radio. Le titre n’est pas mensonger, l’album est bien pour Charlie WINSTON l’occasion de revenir au métissage des styles qui l’a fait connaître. Il en profite d’ailleurs pour y ajouter quelques touches d’instruments africains comme autant d’épices et n’abandonne pas l’électro, cette fois-ci en en faisant un habillage discret.

A partir de "Rendez-vous", il nous prend par surprise et change de ton. Fini les chansons dansantes, place aux ballades. Mention spéciale à "Losing Touch" et "Airport" qui vont faire faire fortune aux fabricants de mouchoirs. Pourtant, le choc entre les deux tons n’est pas du tout brutal, on passe de l’un à l’autre avec facilité. Dans un album qui aborde des problèmes actuels comme le Brexit, les migrants, le réchauffement climatique et j’en passe, la piste finale "Get Up Stronger" sonne comme une apothéose thématique et musicale.

"Ce disque, c’est l’œuvre de l’artiste accompli que je suis désormais" déclare-t-il en interview. Nous voulons bien le croire. Square 1 reprend en synthèse l’essence musicale de Charlie WINSTON : un album bigarré, joyeux et triste et qui en même temps n’oublie pas de rester simple.