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HOWLIN' WOLF - The Real Folk Blues (1965)
Par LE KINGBEE le 3 Février 2019          Consultée 1107 fois

Nous sommes en 1965 et le Loup Hurlant revient nous mordiller les oreilles avec son quatrième album, le troisième pour la firme Chess. Oui parce qu'entretemps, le label Crown avait édité fin 62, « Howlin’ Wolf Sings The Blues », un album dont la pochette nous gratifiait d’une charmante jeune femme dégustant un cocktail … un visuel hautement ridicule. Plus attiré par l’odeur de l’argent que par celle du fromage de la fable, Crown proposait une compilation faite de bric et de broc avec des faces RPM, des enregistrements restés au fond d’un tiroir et deux titres de Joe Hill Louis, un homme orchestre ayant enregistré chez Sun auteur de l’époustouflant « Tiger Man ».

Entre ces histoires de loup et de corbeau, on s’y perdrait presque, aussi revenons à nos moutons, en l’occurrence « The Real Folk Blues ». Il est parfois ardu de bien suivre la piste du loup, mais fidèle à ses précédentes productions, le label Chess édite là ce que certains appelleraient une compilation. Effectivement, sur les douze plages du disque toutes ont fait l’objet d’un single. Chess a encore pioché large incorporant des enregistrements s’étalant entre juillet 1956 pour le plus ancien (« Natchez Burning ») et avril 65 avec les titres « Ooh Baby, Hold Me » et « Tell Me What What I’ve Done ». Mais si on peut avoir l’impression que la firme de Chicago se contente de peu, nous refourguant de vieux titres ou des faces B, c’est là que le talent et le charisme de ce colosse vient nous frapper en plein visage. Même sur des titres moyens, que les Frères Chess n’ont pas cru bon de sortir en single, le Loup parvient souvent à nous surprendre et à tirer son épingle du jeu.

Historiquement ce disque sort en 1965 en version mono et en stéréo ; il faudra attendre treize ans pour voir l’apparition d’un pressage français qui connaîtra un succès mitigé malgré une distribution par Vogue. Ce troisième disque Chess sortira également en Angleterre avec une pochette différente sous le titre « Poor Boy ». C’est bien connu, les anglais ne font rien comme les autres, mais pour l’occasion, leur choix de titre semble plus juste. Aujourd'hui, il semble clair au vu du titre de l’album, que Chess a voulu surfer sur la vague de succès que connaissaient les tournées l'American Folk Blues Festival. Howlin’ Wolf avait participé à l’AFBF 64 en compagnie de Sugar Pie de Santo, Lightnin’ Slim, Sonny Boy Williamson II et Sunnyland Slim. La tournée fera sa première incursion en Scandinavie et parviendra même à franchir le Rideau de Fer cette année là.

Au milieu des sixties, le Loup demeure un artiste côté et pas seulement dans le Gévaudan. La pochette nous montre le visage du colosse en gros plan, riant ou chantant à gorge déployée. Une chronique par chronologie nous parait plus efficace et peut éventuellement détailler l’évolution du répertoire. Mais en parlant de répertoire, n’allez pas vous imaginer de grands bouleversements, tous les titres proviennent de la plume du Loup ou de celle de Willie DIXON, grand artisan du label Chess. Honneur au titre le plus ancien avec « Natchez Burning », titre gravé lors d’une séance en 1956 n’apparaissant en single que trois ans plus tard, un titre pas très éloigné d’une démo en mémoire de l’incendie dramatique qui ravagea jadis la ville. « Nature », un vrai shuffle chicagoan provient d’une session de juin 57. En décembre 57 à Chicago, le Loup enregistrait « Poor Boy », une parfaite combinaison de Mississippi et de Chicago Blues et n’hésitait pas à mordre le cul des Mississippi Sheiks en s’accréditant « Sittin’ On The Top Of The World ». Ce titre, dont Al Capone était fan, servira à ouvrir les Congrès de la Mafia avant de tomber dans l’escarcelle de nombreux groupes de Western Swing. Là, le colosse ne change que quelques mots mais les bluesmen sont décidemment de vrais coquins, les Mississippi Sheiks s’étaient eux mêmes inspirés d’une mélodie de Tampa Red.

« Three Hundred Pounds Of Joy » reste marqué par un nouveau ton de guitare, Buddy GUY prenant le relais d’Hubert Sumlin. Pour l’anecdote, le Loup se maigrit quelque peu, le chanteur étant plus proche des 150 kilos que des 300 pounds. Si le piano endossait le premier rôle sur « Built For Confort » préalablement interprété par le duo Dixon/ Memphis Slim, la présente reprise replace la guitare de Buddy Guy au premier plan tandis qu’une mini section cuivre pose un nappage langoureux. Petit retour dans le temps avec « Tail Dragger » (aucun lien avec le chanteur du même nom), un slow blues avec cuivres, piano issu d’une session de 62 mais édité en single plus d’un an plus trad. « My Country Sugar Mama », une proche variante du « Sugar Mama Blues » de Sonny Boy Williamson elle-même très inspirée du « Sugar Mama Blues N°1 », connaîtra dans le futur quelques essais retentissants via FLEETWOOD MAC, Cubby + Blizzards ou Taste.

Le disque s’achève d’une part avec « Ooh Baby, Hold Me » dont le riff répétitif sert de trame à plusieurs titres du chanteur. Là les paroles valent le détour : « When you squeeze me baby, you make me holler whoa, whoa, whoa… ». On laissera à chacun s’imaginer la scène d’un colosse pleurant de plaisir enserré par les bras d’une jeune fille. « Tell Me What I’ve Done », face A du précédent, est un modèle de Chicago Blues mid tempo avec des notes de guitare acérées et un saupoudrage de sax berceur. Louise demeure un prénom qui aura inspiré de nombreux auteurs (Maurice Chevalier, Paul Revere, Washboard Sam, Human League etc.). Sur ce coup ci, le Loup se transforme en renard en piquant, l’air de rien, un vieux titre de Johnnie Temple pour un bon blues lent illuminé par une guitare qui touche sa cible à chaque note. Enfin on terminera cette chronique par le classique « Killing Floor », une chanson sur les abattoirs qui connaitra de nombreuses reprises magnifiées par Albert KING, Byther Smith, Big Jack Johnson ou Rick DERRINGER, alors que LED ZEP s’en inspirera très fortement avec « The Lemon Song ».

Si ce troisième disque reprend la recette des deux premières galettes en proposant un éventail de titres publiés en singles, il faut avouer que les surprises se raréfient. Si le répertoire du Loup et de son partenaire Willie Dixon s’avère conséquent, voir copieux, on ne peut s’empêcher de penser que Chess à sans le vouloir déposer les meilleurs titres dans les précédents disques, mais il est vrai qu’on pouvait difficilement faire mieux. Note réelle 3,5.

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   LE KINGBEE

 
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- Howlin' Wolf (chant, harmonica)
- Hubert Sumlin (guitare 1-2-3-4-6-7-8-10-11-12)
- Buddy Guy (guitare 8-10-11-12)
- Otis 'smokey' Smothers (guitare 5-9)
- Willie Dixon (contrebasse 5-9)
- Andrew Palmer (basse 1-2-6)
- Jerome Arnold (basse 7-8-10)
- Alfred Elkins (basse 3-4)
- Earl Phillips (batterie 3-4-5-9)
- Sam Lay (batterie 8-10-11-12)
- Junior Blackmon (batterie 1-2-6-7)
- Johnny Jones (piano 1-2-6-7)
- Hosea Lee Kennard (piano 3-4-5)
- Lafayette Leake (piano 8-10)
- Lee Egleston (piano 11-12)
- Otis Spann (piano 9)
- Arnold Rogers (saxophone 1-2-6)
- J.t. Brown (saxophone 7-8-10)
- Donald Hankins (saxophone 8-10)
- Eddie Shaw (saxophone 11-12)


1. Killing Floor
2. Louise
3. Poor Boy
4. Sittin' On Top Of The World
5. Nature
6. My Country Suga Mama
7. Tail Dragger
8. Three Hundred Pounds Of Joy
9. Natchez Burnin'
10. Built For Comfort
11. Ooh Baby, Hold Me
12. Tell Me What I've Done



             



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