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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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- Membre : Theo Travis & Robert Fripp , Van Der Graaf Generator

The TANGENT - Proxy (2018)
Par BAKER le 5 Février 2019          Consultée 886 fois

A peine remis de sa dernière poussée de fiel extra-utérin, voici qu'Andy Tillison, le Francis CABREL du prog, remet le couvert avec THE TANGENT ! C'est qu'il n'est pas fatigué de gueuler, le bougre... Du reste, vu l'état de la planète, il n'a sur le papier aucune raison de s'arrêter. Sur le papier. Sur le CD (ou vinyl, puisque le média revient en force, au moins autant en force que son prix de vente d'ailleurs), il y a en revanche une bonne raison de freiner : l'état de sa voix. Andy n'a jamais été un grand chanteur, mais sur cet album, soyons honnête, certaines parties vocales sont trop limites pour apprécier pleinement la musique. Son chant se Peter HAMMILLise, et si on ne demande pas un Daniel Gildenlow de spare derrière chaque groupe, ici quelques limites ont été franchies.

Après, si la musique est excellente, l'auditeur peut essayer de faire abstraction, mais il se trouve que Proxy est un disque qui a du mal à démarrer. Sa première moitié n'est guère convaincante, et si le ton est plus purement jazz (ou fusion) avec quelques incursions puristes et honnêtes dans le genre (notamment le piano et la guitare acoustique à la Di MEOLA), on sent quelques passages forcés, une implication à l'économie, et une inspiration sinon défaillante, du moins pas assez flamboyante. Le morceau-titre qui ouvre le disque du haut de ses seize minutes est une belle preuve de, pas l'impasse, mais disons la ruelle étroite dans laquelle TANGENT commence à peiner : il y a une envolée neo-prog putassière, il y a un court passage à la double pédale, Jonas Reingold est au taquet comme d'habitude (pauvre basse), mais sur l'ensemble de la composition, seul le refrain, excellent, est mémorable. Et il est massacré par le chant totalement approximatif. Pour le reste, c'est du TANGENT en petite forme, avec les habituels textes SJW-compliant du genre "Trump est un sale (insérer ici une métaphore pittoresque)".

L'instrumental "Melting Andalusian Skies" n'est pas plus éblouissant : Luke Machin a beau en faire des caisses, la clarinette se montrer légère et le final lorgner vers le space rock, plusieurs écoutes ne laissent filtrer que quelques fulgurances virtuoses un peu vaines. "A Case Of" débute enfin les hostilités : pas inoubliable, cette chanson se montre quand même plus solide, avec son flow funk tranquille et son solo de sax à la James BROWN. Ca ne va pas aussi loin qu'on aurait aimé, mais ça passe tout seul. Autre gros epic, "The Adulthood Lie" ("ne grandissez pas, c'est un piège à con !") reprend là où TANGENT s'était arrête avec "Basildonxit" : les rythmes et sonorités techno et drum'n'bass sont très bien intégrés, pour ne pas dire qu'ils sont l'ingrédient le plus savoureux. Il y a de bonnes reprises, une bonne dynamique de groupe, le solo bruitiste est plus drôle qu'énervant, bref voilà un titre qui, pas encore parfait, accroche l'auditeur et se montre entraînant, car c'est bien de ça qu'il s'agit lorsqu'on parle de TANGENT depuis 2003 : gueuler comme un putois, mais dans la joie et la bonne humeur.

Les deux derniers titres seront plus ou moins accessibles selon le format dans lequel vous achèterez l'album, mais ils ne sont pas les moins intéressants. "Supper's Off" mélange le spoken text à la "discours de remise des Oscars" (comme dirait Walter Matthau : "quand j'ai débuté comme serveuse seins nus dans un restaurant de fruits de mer..."), et le néo-progressif le plus cliché et daté qui soit, on croirait entendre du vieux MARILLION. Et vous savez quoi ? Le vieux MARILLION, c'était bien, et ça bougeait. Ben là, c'est bien, et ça bouge. C.Q.F.D. La reprise finale du riff donne le sourire, ce qui prouve qu'elle était attendue, ce qui montre que ledit riff était bon, ce qui amène au Colonel Moutarde dans la buanderie avec le canard vibrant. Enfin, bonus de bonus, "Excerpt from Exo-Oceans" porte bien son nom puisque c'est un extrait de l'album de KALMAN FILTER, side-project d'Andy. Je suis circonspect : d'un côté, ce n'est qu'une bande-annonce géante, de la pub, reuark vômiiiiiiii. De l'autre, déjà on ne peut pas dire que cet album ait fasciné les foules, et franchement c'est très bon, mélange de trip-hop et de piano jazz avec des sons venus d'ailleurs et un pont entre musique concrète et dream pop, de la très belle ouvrage, autrement meilleure que les parties instrumentales de cet album.

Album qui se laisse écouter sans laisser de traces dans l'histoire du rock progressif britannique. Il se rapproche beaucoup du dernier "FLOWER KINGS", auquel participe Jonas Reingold exactement dans les mêmes proportions : c'est toujours bien fait, mais à l'économie, il manque souvent du coeur. Une petite pause ne serait pas de trop pour tous ces groupes qui oublient que la boulimie de sorties des années 70 allait de pair avec une vitalité de la scène qui est hors-sujet de nos jours. Donc, cette fois ça passe encore, mais attention au dérapage. Ce serait con de finir dans le mur. Surtout celui de Trump.

Note finale : 3 mais 2,5 si vous possédez déjà l'album de Kalman Filter

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   BAKER

 
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- Andy Tillison (chant, batterie, claviers)
- Luke Machin (guitare)
- Jonas Reingold (basse, pédale taurus)
- Steve Roberts (batterie, percussions)
- Theo Travis (saxophone, flute)
- Goran Edman (choeurs)


1. Proxy
2. The Melting Andalusian Skies
3. A Case Of Misplaced Optimism
4. The Adulthood Lie
- cd Bonus Track
5. Supper's Off
- limited Edition Bonus Track
6. Excerpt From Exo-oceans



             



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