Le titre est à l'image de la carrière de nos 'tombeurs' ! Tout de positif ! Des millions d'albums vendus si vite, un groupe sain et détendu, tout porte à croire que ce combo a vraiment bénéficié de la chance réclamée lors du deuxième album. Celui-ci embraye avec un 'On continue aussi fort' logique et bien pragmatique. D'autant que vous avez vu la date ? L'année 83. Celle de tant de splendeurs, à mon sens le pinacle de la musique populaire, il va falloir de la chance pour se mesurer aux singles qui sortent cette années-là. Et figurez-vous que si le groupe canadien m'est connu, c'est à nouveau grace à cet été 83 passé aux Etats-Unis. Hé, c'est pas en France qu'on aurait entendu parler d'eux !

En juillet-Aout 83, je suis donc aux US et la radio balance imperturbablement hits sur hits au gré des longues traversées du Middle ouest entre le Missouri et l'Iowa. Les infinis champs de blé ou d'orge donnent franchement l'occasion de se pencher sur la zique, croyez-moi ! Et "Hot Girls In Love" tenait remarquablement sa place, entre un "Sweet Dream" d'EURYTHMICS ou un "Beat It" du roi de la pop, tournaient dans le même temps le hit de DEF LEPPARD "Rock Of Ages" et le démoniaque rock bien gras de Joan JETT "Fake Friends". C'était bien métallique et j'étais emballé par cette gratte agressive, ce lick de synthé tonitruant et ce chanteur qui ne s'en laissait pas compter. Un vrai must de Hard-rock FM, rare ! Un titre contemporain de "Gimme All Your Lovin" de ZZ TOP, la video et le solo de gratte ont d'étranges similitudes, c'est troublant.

Le second single "Queen Of The Broken Heart" avec sa video au thème un peu Mad Maxien est moins directe mais aussi moins mémorable, même si elle ne manque pas de ressort mélodique. En revanche, la méconnue "One Sided Love Affair" est un peu à l'image des singles du groupe, avec un refrain accrocheur et mainstrean. Il est étonnant de ne pas l'avoir sortie dans les charts, elle aurait probablement eu une belle carrière. Il s'agit à mon sens de l'autre titre remarquable de cet opus.

"Strike Zone" nous renvoie à des considérations bien plus Heavy, le riff plombé et l'ambiance générale, très eighties, avec toujours ce synthé envahissant qui pose la marque du Hard FM. Aux US, on appelle cela Adult Oriented Rock : AOR. Et un solo plus long que d'ordinaire de Paul Dean qui assume son statut de leader musical. Encore un riff bien maousse avec "Prime Of Your Life", dans un trip SURVIVOR de belle allure. Toujours bien pêchu "Meltdown" tient la route, avec ces gimmicks guitare synthés qui se complètent à merveille.

Globalement, les LOVERBOY créent des mélodies efficaces assorties de gros refrains facilement mémorisables qui donnent à leur musique toute son efficacité, c'est facile à chanter et ça remue en concert, tout pour plaire direct in the face ! Avec parfois quelques petits plus : ainsi, la dynamique "Chance Of A Lifetime" les voit jongler un poil plus avec la technologie. D'ailleurs, au final, un seul titre slow est de la partie : "It's Not Easy" est adressé aux nanas, on reste des jolis cœurs, des tombeurs, faut assumer ! Mais ce slow n'est pas particulièrement remarquable et ralentit le tempo de l'album pour quelques instants.

Plusieurs millions d'albums vont encore se vendre ! Les jolis coeurs sont vraiment au top de la musique populaire en ce début de décennie, même si leur notoriété ne va guère traverser l'Atlantique. Sur ce troisième album, les interventions de Paul Dean à la guitare, plus nombreuses et assurées, apportent une dimension plus intense à leur musique somme toute assez basique. La grande année 83 a donc vu les LOVERBOY assumer à plein leur statut de rock star. Les videos cartonnent, les tournées attirent des milliers de fans et les chiffres de vente sont au top. "Tout continue donc bien", comme le présageait le titre de l'album !