Tout va pour le mieux pour les tombeurs canadiens. Ils viennent de composer la musique de l'équipe olympique américaine pour les jeux de Los Angeles, c'est ce qui s'appelle avoir le vent en poupe ! Les cinq membres des LOVERBOY sont tous sur la photo, qui reflète la coolitude de cette époque, rehaussée par ce titre évident de gaieté et de bonne humeur. Le principal changement à noter est l'absence de Bruce Fairbairn à la production, remplacé par Tom Allom, dont le travail avec DEF LEPPARD ou JUDAS PRIEST est toutefois plus que rassurant pour les magnats du son : Defenders Of The Faith, c'est lui ! Pas d'inquiétudes à avoir donc !

Nous avons trois singles extraits de ce quatrième album. Deux ne sortent pas de la guitare de Paul Dean. Est-ce une première indication sur l'état d'esprit du groupe, désormais prêt à collaborer avec des compositeurs extérieurs pour se fournir en single de qualité ou est-ce juste le hasard des choix de la maison de production ? L'éponyme "Lovin Every Minute Of It" mène la charge, une compo de Mutt Lange, dont on reconnaît rapidement les "Oh oh oh" qui firent les immenses succès de DEF LEPPARD. Le refrain est bien accrocheur, facilement mémorisable, du Hard FM de bonne qualité et à la production irréprochable qui plus est. On sent bien, comme le titre l'indique, que les membres du groupe s'éclatent.

Le duo Bryan ADAMS/Jim Vallance, en pourvoyeurs efficaces du billboard, propose le suivant : "Dangerous", riff de gratte et synthés eighties très en avant. Voilà un instantané de cette époque où pour une fois le chanteur Mike Reno apparaît sans son célèbre bandana dans la video de motards. Ca ne révolutionne pas la musique et ça reste très mainstream. Pas un immense succès puisque si le premier single atteint la 9eme place, celui-ci se contente d'une médiocre 65eme. On en termine avec le slow "This Could Be The Night" qui, s'il est bien foutu, a plutôt mal vieilli, mais il rentre dans le top 10... Je me répète mais quelle efficacité !

C'est tout de même sur le reste de l'opus que LOVERBOY doit garder son statut de jeune premier de l'AOR outre -atlantique. Une bonne portion se montre bien Rock'n'roll. Ainsi "Steal The Thunder" propose un riff bien haché et des lignes mélodiques agréables. "Friday Night" est carrément métal et ne laisse pas entendre de synthés avant le refrain, montrant un groupe sans concession. On regrette juste que les interventions de Paul Dean à la guitare soient si discrètes, "Bullet In The Chamber" sort du même tonneau.

Quelques inflexions toutefois sont à noter : "Too Much Too Soon" est plus légère, dans une veine BON JOVI, avec toutefois les mêmes capacités mélodiques car le refrain est vraiment sympa. Cette chanson aurait fait un single de qualité ! "Lead A Double Life" est en revanche drivée par les claviers de A à Z. Vous allez rire, ça sonne presque new wave sur les couplets ! Voilà un essai étonnant de la part de nos rockeurs, à oublier rapidement car on est hors de notre pré-carré ! Enfin, le mid-tempo "Destination Heartbreak" endort un peu les auditeurs, dans une ambiance "sourde" quasi prog FM inhabituelle pour les Canadiens.

Rien de honteux dans cet album, mais rien non plus de transcendant. On est clairement moins bien que précédemment, mais ce nouveau LOVERBOY va atteindre à nouveau le multi-platine. On est sur un 2.5, mais le succès populaire de cette nouvelle livraison influe sur ma vision des choses. Voilà une discographie qui risque de ne pas être facile à décrypter pour les amateurs de note ! Je me montre du coup un poil sévère avec un 2 assez dur, mais qui aidera les amateurs d'AOR dans leurs pérégrinations et découvertes, du moins je l'espère !