Certaines carrières sont d'office placées sous les signes les plus positifs, une bonne étoile semble planer en permanence au-dessus des Canadiens. Après un premier album éponyme qui s'est vendu comme des petits pains, des singles flamboyants et une tournée en première partie de JOURNEY alors au sommet de son art, Columbia renvoie sans tarder les garçons de l'amour en studio sous la houlette de Bruce Fairbairn. On a donc un cul moulé dans un fût rouge en couverture, voilà qui n'est guère original, mais en plein dans le giron du groupe. En cette année 81, rien ne semble pouvoir résister à la dynamique des Canadiens ! Et tout ça dans la bonne humeur !

C'est dans cette ambiance bien détendue du slip que débute la vidéo du hit "Working For The Weekend" où on retrouve les cinq membres du groupe en train de discuter tranquilou du titre de l'album. Et chanceux, ça oui, on peut le dire et l'affirmer bien haut, les gars ont de la moule ! Du coup, le single dépote comme jamais, c'est mélodique en diable, terriblement addictif, tout ce qu'on demande à un single, même si c'est une donnée qu'on a oubliée aujourd'hui. Les choeurs assurent, les synthés bien qu'un peu pompiers, ajoutent de belles touches colorées à tout ce rouge et cet orange, difficile d'y rester insensible, ça c'est du rock !

Au tour de "When It's Over", dont je ne suis pas trop friand. Cette manière un peu nunuche d'aligner des "ouh ouh ouh" sur le refrain me les casse un peu, mais ce faux slow fonctionne tout de même dans les charts US. Un gros synthé embraye avec "Take Me To The Top" - eh oui, deux ans avant et à peine plus au nord que MOTLEY CRUE !! -, très soft rock, guitare wah wah et rythme haché, pas désagréable et tellement eighties, avec un vrai solo de guitare pour une fois. Certes, Paul dean n'est pas Neal SCHON, mais ça fait du bien !

Le single suivant "Lucky Ones" est incontestablement plus rentre-dedans. Les LOVERBOY veulent prouver qu'ils sont aussi des rockeurs et que leur ritournelles ne s'adressent pas qu'aux jeunes filles. Ici, le riff dépote bien et on se laisse facilement gagner par le rythme sympa de la compo. Enfin "Jump" - trois ans avant VAN HALEN donc- est le dernier extrait chargé de faire le buzz. Et si comme moi vous connaissez un peu Bryan ADAMS, vous ne pourrez que vous poser la question. En fait oui, ce coquin de Bryan est bien à la compo avec son pote Jim Valance, du bon gros rock burné bien foutu !

"Gangs In The Street" qui ne sort pas en single, dispose tout de même de sa video. Ca vous montre un peu les budgets alloués à la réussite de cet opus. Ce titre est plus banal cependant et ne présente rien de particulier. Je suis plus fan du rock'n'roll "Emotionnal" chanté pour une fois par le gratteux Paul Dean, c'est du coup bien plus raw, pas de synthés d'ailleurs, Doug est au piano ! "Watch Out" est plus entendu, proche des thèmes de BON JOVI. Et puisqu'on en parle, "It's Your Life" présente un petit shuffle rigolo qui lance une ritournelle bien détendue du gland que j'aime à fredonner depuis... 37 ans oui, très chouette !

Rendez-vous compte, 4 millions de Get Lucky s'écoulent sur le seul territoire de l'oncle Sam, de quoi pavoiser pour sûr ! Le groupe est désormais dans la première division des ténors de l'AOR, en compagnie des REO SPEEDWAGON, JOURNEY et autres FOREIGNER. C'est un vrai carton, mais je reste sur un trois équilibré car la musique a tout de même pas mal vieilli.