Depuis la fin des années 2000, après la publication de son album brésilien, Carlos NUÑEZ ne s'est jamais vraiment arrêté : il tourne, simplement. Et pour ceux qui n'ont pas la chance d'habiter dans un lieu proche de ses concerts, rien à se mettre sous la dent ! En fait si, à un moment donné (2015) il y a bien une petite compilation…

En 2014, avec Inter-Celtic, le Galicien propose à son public de revenir sur une sélection de ses collaborations, ou de morceaux choisis à travers ses cinq albums (oui cinq, vu que Cinema do Mar, 2005, a été écarté). Occasion d'intégrer aussi quelques rares nouveautés inédites, faute de nouvel album.

Parmi celles-ci, un étonnant "Reel Roots" avec cuivres massifs et qui sonne presque comme si SANTANA se mettait à la musique celtique ! Il y a surtout le magnifique "(Rupert's) Mambo", bien placé en introduction, avec cette idée de rythme latin ensoleillé qui a déjà tant brillé sur d'autres classiques de NUÑEZ, ce double solo de gaïta, cette guitare électrique prononcée du fidèle Pancho Alvarez, ce beau clavier en fond, et toujours la batterie fournie du frère Xurxo. Très réjouissant !

Les autres morceaux se succèdent, avec, de Brotherhood of Stars (1996) à Alborada do Brasil (2009), des extraits plus ou moins connus, l’un avec Ry COODER ("Two Shores"), l‘autre avec les CHIEFTAINS ou Sharon SHANNON, et une mise en valeur évidente du disque le plus célèbre du gaïtero, à savoir Un Galicien en Bretagne (2003). On y rencontrait Alan STIVELL ("Gavotte/Pandeirada"), entre autres… Il y a aussi "Is the Big Man Within?", enregistré avec ALTAN dans le courant des années 2000, "slip or hop jig" vraiment sympathique, un excellent "Lundu" parmi les nombreuses rencontres de NUÑEZ avec les intemporels CHIEFTAINS…

Cependant, tout cela, on le préfère encore sur le DVD proposé dans un deuxième temps, avec là encore une sélection de moments live forts.

Que ce soit en 1998 au Zénith de Paris et aux côtés de Dan AR BRAZ & L’HÉRITAGE DES CELTES, ou en 2010 en plein vieux centre historique de Saint-Jacques de Compostelle, l’énergie semble la même, bien que le sieur Carlos NUÑEZ affiche moins de mimiques. Et au niveau physique, il est à peine affecté, dévoilant toujours le même sourire qui cause des ravages chez de nombreuses amatrices ! Certains sont gâtés par la nature, et puis il y a le talent fou, alors...

Cela dit, en Galice on a aussi le sens du show, et le spectateur du DVD note avec amusement, pendant "Aires de Pontevedra" en 2010 (avec le superbe "(Rupert’s) Mambo" susmentionné en intro) la différence marquée entre ces chers CHIEFTAINS, Paddy Moloney et Matt Molloy ultra-concentrés à l’avant-scène, et, à l’arrière, les deux jeunes sonneuses de cornemuses qui mènent judicieusement le bagad. La caméra aime souvent y revenir ! Tout comme sur les deux violonistes splendides, Be-goña Riobó la brune et Paloma Trigás la blonde, présentes au Stade de France pour la Nuit Celtique en 2003, ensuite en 2004 pour le concert donné à Vigo, qui représente une moitié de la sélection.

On parlait de sourire et il y a de quoi, même si l’on ne parle que de musique. En 1998, "Canto de Seitura", air de flûte légèrement oriental sur nappe de synthés joué par Donald Shaw nous transporte et nous enchante. À côté de cela, le programme s’enrichit par la présence des danseurs irlandais et espagnols, de la country légère aux tons hispaniques de "Pasacorredoiras", de la complicité de Carlos et Xurxo Nuñez avec Pancho Alvarez au début de "Jigs & Bulls", et de deux versions absolument sublimes de "Aires de Pontevedra", où le gaïtero présente ses musiciens et envoie des "¡graciaaaas!" plus que bien rendus.

En attendant une possible nouvelle création, on reviendra toujours avec grand plaisir !