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Carlos NUñEZ - Alborada Do Brasil (2009)
Par MARCO STIVELL le 2 Mars 2016          Consultée 1318 fois

Carlos NUÑEZ, pour diverses raisons, se fait bien trop rare depuis une dizaine d'années, en termes de création. Depuis l'éblouissant Cinema do Mar en 2005, plus rien, ou presque... Les amateurs de concerts (où l'artiste peut se libérer totalement) sont satisfaits régulièrement, les friands de nouveauté, eux, attendront encore.

Ah oui, c'est vrai, il y a eu un album en 2009 : Alborada do Brasil. Même en étant connecté depuis longtemps à la toile, parfois on manque de vigilance, ou simplement on a trop peu d'éléments annonciateurs qui pourraient susciter l'intérêt, la ponctualité au prochain rendez-vous. Ce disque a d'ailleurs été découvert par le plus grand des hasards, en furetant dans les bacs d'un grand magasin...

Comme le titre le porte en exergue, après la Bretagne, notre Galicien s'est offert une petite promenade au Brésil. On sait que nombre de ses compatriotes du Finistère espagnol s'y sont installés entre le milieu du XIXème siècle et la fin du régime de Franco en 1975, au point que les Brésiliens (ainsi que les autres peuples d'Amérique du Sud) appellent "Galiciens" toute personne venue d'Espagne, quelle que soit la région !

Il y a donc une connexion forte avec le pays immense qui abrite le poumon du monde, à plus forte raison si l'on ajoute le développement de l'influence portugaise, la Galice étant déjà largement concernée. C'est le thème sur lequel Carlos NUÑEZ s'appuie pour ce disque, quitte à revoir complètement ses techniques de réalisation.

De ce côté-là, rien à redire, c'est même la qualité principale du disque : la recherche d'un autre son, plus organique et empreint d'une nouvelle influence. NUÑEZ reprend peu d'éléments de ses anciens disques de façon évidente, hormis quelques ballades, ainsi que le soin apporté à la présence d'une chanteuse, en l'occurrence Adriana CALCANHOTTO, tellement lumineuse...

C'est d'ailleurs l'impression qui se dégage de la toute première minute du disque. Une véritable aube (traduction française d'"alborada") de plénitude et de bonheur sur le littoral brésilien, un reel avec quelques notes de harpe et la voix féminine qui nous enveloppe, déploie un charme local... Puis tout se gâte au bout d'une minute justement. Une percussion hip-hop fait son apparition, et le restant du morceau se révèle facile et peu passionnant, sauf dans les reprises de l'introduction.

Quitte à me contredire, je dirais que c'est là que le bât blesse : le renouvellement du son, pour ce disque en tout cas, fait sa force autant que sa faiblesse. La rencontre celtique-Espagne/Brésil n'est pas toujours heureuse. Cela va de pair avec l'impression que dégage l'ensemble, assez monotone. L'envie de le réécouter ne vient que de la curiosité, même avec du recul, ainsi que des moments où la fusion fonctionne le mieux. Il y a en outre une certaine chaleur bienvenue.

Lorsque c'est réussi, on est vraiment gâtés. "Nau Bretoa", morceau le plus long du disque et qui nous perd dans la jungle amazonienne, contraste fortement avec "Coraçao Brasileiro", qui nous fait retrouver l'enchanteresse Adriana CALCANHOTTO sur fond d'accordéon et de guitares acoustiques, tour à tour en arpèges et en accords saccadés, sans oublier les flûtes du Maître. Dans le même ordre mélodique, on a "Gaita" rythmée par le piano et le caractère malicieux qu'affectionne NUÑEZ, tout comme nous. Chose amusante, il n'y joue pas une seule note de gaïta !

On peut encore être indulgent en citant "Y-Brazil" pour la participation des légendaires CHIEFTAINS, même si NUÑEZ et eux nous ont déjà offert mieux. Quant aux artistes brésiliens conviés (Jaques MORELENBAUM, Carlinhos BROWN), il n'aident pas à relever le niveau d'une grande partie des morceaux, quelconques et même parfois un peu lourds (la samba "Maxixe de Ferro"). On peut en dire autant des collaborateurs habituels, Pancho Alvarez, Xurxo Nuñez... En bref, l'idée est intéressante et il y a quelques moments magiques, mais pas de quoi s'extasier.

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