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The TEMPTATIONS - Gettin' Ready (1966)
Par LE KINGBEE le 4 Novembre 2019          Consultée 1284 fois

En 1966, les TEMPTATIONS mettent en boite leur quatrième galette avec « Getting Ready », titre plein de prétention, mais il faut dire que deux des douze titres décrocheront une place de Number One dans les classements R&B. En 66, si le répertoire des TEMPTATIONS est toujours aussi sucré et lisse, cet opus représente une charnière considérable dans la vie du groupe.

Si le single « Get Ready » monte sur la 1ère marche des hit-parades américains au printemps, Smoking Robinson désireux de se consacrer à d’autres projets et n’ayant pas le don d’ubiquité cède sa place à Norman Whitfield. Si Whitfield a débarqué dans les bureaux de la Motown dès 1959 dans un rôle de grouillot, répondant au téléphone, passant le balai, auditionnant de petits groupes, vérifiant les contrôles de qualité, la gestion tout en composant, le bonhomme va devenir l’un des grands artisans du Motown Sound, au même titre que Berry Gordy ou Smokey Robinson.

Musicalement, Whitfield n’est pas le premier perdreau de l’année: il a connu de petits succès en composant et produisant quelques chansonnettes pour Marvin GAYE, les Marvelettes et les Velvelettes. Mais contrairement à Robinson, Whitfield prête une oreille attentive à ce qui se fait ailleurs, s’intéressant ainsi à la montée du Rock Psy et aux nouvelles tendances californiennes.
L’une des premières collaborations entre le producteur et les TEMPTATIONS s’avère payante, « Ain’t Too Proud To Beg » montant à la 1ère place des charts R&B tout en se classant 13ème dans les classements Pop. Un premier coup d’épée bientôt suivi d’autres bonnes surprises.

Cette première montée de Soul légèrement parfumée de Psy demeure également marquée par un retour aux racines, via le Gospel. La voix acérée et parfois grinçante de David Ruffin se trouve renforcée et complétée par le falsetto d’Eddie Kendricks. Si la moitié du disque doit encore beaucoup au talent de Smokey Robinson, présent à la production et à l’écriture, l’autre moitié est marquée par l’arrivée d’auteurs compositeurs auxquels Whitfield n’hésite pas à faire appel (Eddie Holland, Barrett Strong). Ce premier changement de cap du répertoire est d’ailleurs illustré par la pochette dorsale. On y voit les cinq membres coiffés d’un haut-de- forme tenant une canne, peut-être faut-il y voir un clin d’œil à Gene Chandler, l’indissociable chanteur de « The Duke of Earl ».

Parmi ces douze titres, les deux Numéro Un laissent des traces aujourd’hui encore bien identifiables. « Ain’t Too Proud To Beg » a été repris par Mama Lion, la chanteuse Lynn Carey essayait alors de marcher dans les pas de Janis Joplin. Mais ce sont les STONES qui popularisent le titre en l’incorporant dans «  It’s Only Rock n Roll », album quelque peu controversé. Si la vidéo des Tempts risque de faire sourire les plus jeunes avec une chorégraphie sixties et des costumes encore de style tuyau de poêle, l’interprétation et la qualité des harmonies vocales valent largement les reprises de Phil COLLINS ou de Jimmy BARNES (ex Cold Chisel). Désormais c’est la version Americana de Brett Young qu’on entend, le morceau faisant le bonheur des pseudos cowboys de line dance. Second gros titre avec « Get Ready » mis en boîte dès février et repris durant l’été par les Supremes de Diana Ross. La Motown avait trouvé là ses deux plus belles planches à billets. Quatre ans plus plus tard, toujours sous la bannière de la Motown, c’est RARE EARTH, un jeune groupe de blancs qui replacent le titre sur les ondes du monde entier. Au fil des ans, le titre est repris avec plus ou moins de bonheur par Syl Johnson, WISHBONE ASH ou les PROCLAIMERS dont la version figure au générique de la comédie « Dumb & Dumber ».
Au rayon des barbes à papa, les TEMPTATIONS nous délivrent un bon paquet de sucreries : « Say You » en ouverture qui sonne terriblement démodé, alors que « Lonely, Lonely Man Am I » reste fortement influencé par la mélodie de « On Broadway » grand succès des CRYSTALS puis des DRIFTERS. « I’ve Been Good To You », un vieux titre des Miracles aux confins du dooWop, avait été recyclé par la Motown pour Brenda Holloway ; deux ans plus tard le groupe en délivre une version bluesy valant surtout par le timbre d’Hendricks. On a beau napper « It’s a Lonely World Without Your Love » d’une épaisse couche de cuivre, rien n’y fait, le titre parait maintenant désuet, un titre qui a fait son temps.
Parmi ce beau lot de guimauves, « Little Miss Sweetness » s’avère plus captivante. Le titre est repris à la sauce New Orleans par les Isley Brothers et dans une version Funky Ska par les Vipers. « Too Busy Thinking About My Baby » connaitra lui aussi quelques tartines saupoudrées de Nutella : Phil COLLINS sucrant le morceau à foison dans l’album « Going Back ». Il faut être malade pour mettre autant de sucre quand on connait les dégâts occasionnés par cet ingrédient. Pour un peu, on préfèrerait la version de Mardi Gras ou celle de Marvin Gaye. On se montrera plus clément avec « Fading Away », une ballade sudiste hélas trop gorgée de cordes ; la reprise de Bobby Taylor & The Vancouvers a moins vieilli. Autre ballade pouvant encore faire illusion de nos jours, « Who You Gonna Run To » connaitra une version Ska Reggae via les Shades. Même impression avec « You’re Not an Ordinary Girl » qui flirte parfois avec « You’ve Got To Earn It ». Le recyclage chez Motown rapporte ce qu’il peut. Le disque s’achève sur une refourgue de Robinson « Not Now, I’ll Tell You Later », plus tard repris en duo par les TEMPTATIONS et les SUPREMES sans plus de succès.

Au moment de faire les comptes, si deux pistes qui font encore mouche sont toujours capables d’attirer les oreilles ou les pieds des amateurs de dance floor, la moitié du disque demeure passée de mode, un peu à l’image d’une belle salade qui aurait trempé trop longtemps dans une sauce vinaigrette, des titres confits, même chose pour l’orchestration parfois indigeste avec ses cordes et son surpoids de sucre. Si « Gettin’ Ready » pouvait se prévaloir d’un 3 lors de sa sortie, la moitié du disque parait avoir pris largement plus d’un demi-siècle dans les gencives. Ce disque trop Motown vaut entre 2 et 2,5 aujourd’hui.

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   LE KINGBEE

 
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- David Ruffin (chant)
- Eddie Kendricks (chant)
- Paul Williams (chant)
- Otis Williams (chant)
- Melvin Franklin (chant)
- Robert White (guitare)
- Joe Messina (guitare)
- James Jamerson (basse)
- Earl Van Dyke (piano)
- William Benny Benjamin (batterie)
- Eddie Brown (percussions)


1. Say You
2. Little Miss Sweetness
3. Ain't Too Proud To Beg
4. Get Ready
5. Lonely, Lonely Man Am I
6. Too Busy Thinking About My Baby
7. I've Been Good To You
8. It's A Lonely World Without Your Love
9. Fading Away
10. Who You Gonna Run To
11. You're Not An Ordinary Girl
12. Not Now, I'll Tell You Later



             



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