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The TEMPTATIONS - With A Lot O' Soul (1967)
Par LE KINGBEE le 8 Février 2020          Consultée 885 fois

En 1967, les TEMPTATIONS enregistrent leur cinquième opus studio. L’année précédente, la Motown leur avait consacré un « Greatest Hits » censé regrouper leurs meilleurs titres (les plus vendeurs), un recueil réédité en Angleterre en 1967 avec une pochette plus attrayante.

Si la pochette présente le visage d’une Afro-Américaine aux contours extrêmement flous, le visuel dorsal nous renseigne sur la politique et la stratégie du label de Berry Gordy. Sous les douze titres, une petite phrase s’est glissée : « The Sound of Young America ». Le groupe incarne désormais le son de la jeune Amérique. Si ce slogan figurait déjà au dos du « Greatest Hits », le département presse et marketing de la Motown réitère la formule avec succès. Le label Motown représente en quelque sorte un genre à lui seul, les différences entre Soul et Pop s’estompent considérablement et le son proposé par la maison de disques plait désormais autant au public noir qu’aux acheteurs blancs. Car en fin de compte, le but ultime de la Motown ne se résume qu’à un seul mot : la Vente !

Publié durant l’été 67, « With A Lot’Soul » se classe à la 1ère place des charts R&B, à la 7ème du Billboard Pop et atteint le Top 20 en Angleterre. Un vrai carton. Il faudra encore attendre un an pour que l’ensemble opère un changement de direction sous la houlette de Norman Whitfield en s’engageant socialement.

Contrairement à l’album précédent, aucun titre ne se classe à la 1ère place des charts R&B, ce qui ne signifie pas une baisse de régime : si deux chansons montent sur la 3ème marche des classements R&B et une autre sur la seconde, toutes trois atteignent le Top Ten des charts Pop.
Si en coulisse les egos se font de plus en plus violents, David Ruffin sera bientôt remercié, la Motown parvient encore à tenir la troupe sous sa coupe. En dehors des ventes de disques, l’ensemble remplit toujours les salles et s’avère la meilleure manne financière pour la Motown au même titre que son pendant féminin avec les SUPREMES de Diana ROSS.

Si on voulait faire une brève synthèse de la carrière des TEMPTATIONS, cet opus nage en gros entre deux eaux, ne se positionnant pas encore nettement entre les anciennes productions de Smokey Robinson et celle de Whitfield.
Musicalement, que cela soit au niveau des textes, des arrangements et de l’orchestration, « With A Lot O’Soul » se révèle un album de transition, bien sage et bien propret. Une sorte de Soul qui n’en est plus vraiment une pour des publics noirs et blancs alors en complète mutation sociologique. Sur les douze chansons du disque, six proviennent de la plume de Norman Whitfield, trois autres du trident Holland/Dozier/Holland et encore trois de Smokey Robinson, à croire que la Motown a recyclé trois vieilles carnes bien dures de l’ancien producteur du groupe. Bien que trois titres aient réussi à intégrer les classements à de surprenantes places, c’est un gaufrage de variétoche auquel on est ici confronté.
N’étant pas adepte du son Motown, votre humble serviteur a eu beaucoup de mal à dégager un titre plus qu’un autre. « You’re My Everything » permet d’entendre un bel échange entre Eddie Kendricks et David Rufin, son cadet de deux ans. Mais les versions postérieures des Pips de Gladys Knight ou de Freddie Hugues prennent une teinte nettement plus Soul, c’est dire quand on connaît le répertoire de la Gladys Knight. Sorti en single dès janvier, « (Loneliness Made Me Realize) It’s You That I Need » est en fait un vieux titre fourre tout enregistré par Eddie Holland en 1963 et resté au fond d’un tiroir pendant des lustres. On conseillera, ne serait ce que pour la qualité des harmonies, la version du groupe new-yorkais The Persuasions. « All I Need », autre création du trident Holland/Dozier/Holland, bourrée de violonades et de chœurs féminins, vaut elle aussi par la dualité des harmonies.
En fait, si trois titres parvinrent à l’époque à se classer miraculeusement dans le tiercé des charts R&B, c’est « « No More Water In The Well » dont les paroles s’inspirent d’un Gospel qui retient le plus l’attention. Le titre repris par Chuck JACKSON avait fait l’objet d’un instrumental Jazz par le pianiste Odell Brown et nul doute que les arrangements et l’orchestration Jazz Funk de Brown auraient fait merveille en lieu et place de ceux proposés par Gordy. De même, on pourra apprécier l’intro de basse et de guitare sur « Save My Love For A Rainy Day » mais pourquoi avoir gommé les instruments au bout de 20 secondes au profit de cordes et de violons passablement bourratifs ? « Don’t Send Me Away »⸋, coécrit par Robinson et Kendricks, permet de mettre en avant le chant d’Otis Williams et fait la part belle aux harmonies vocales très ancrées ici dans un style Doo-Wop.

Contrairement aux albums précédents, la plupart de ces titres font aujourd’hui office de fourre-tout plus proches de la variété américaine que de la Soul. Des mélodies peu accrocheuses, des arrangements et une orchestration plus proches des grands orchestres que des petits combos et une impression de monotonie font que nous avons hésité à classer le disque dans le tiroir de la Soul. Si l’année 67 reste encore marquante avec la consécration de James Carr avec « Dark End Of The Street » au thème adultérin, le « Soul Finger » chef d’œuvre instrumental des Bar-Kays (dont la plupart des membres décèdent suite à l’accident d’avions d’Otis REDDING), les débuts de George CLINTON avec « (I Wanna) Testify », le dynamisme du duo SAM & DAVE, l’apparition d’Al GREEN dans les charts avec « Back-Up Train » sans oublier le « Higher And Higher » de Jackie Wilson°, ce « With A Lot O’ Soul » ne restera pas dans les annales et paraît bien obsolète aujourd’hui. Sentiment accentué par l’aversion de votre chroniqueur envers les productions de la Motown. Note entre 1 et 2.

⸋ Aucun lien avec les titres homonymes de Garfield Fleming ou celui de l’Anglaise Jackie Trent.
° Il s’agit là des premiers exemples me venant à l’esprit. Il y en a plein d’autres certainement aussi marquants.

Il ne reste aujourd’hui qu’un seul membre vivant de cette seconde line-up avec Otis Williams.
Paul Williams (aucune parenté avec Otis), souffrant de drépanocytose (une maladie du sang) et d’alcoolisme, s’est suicidé en 1973 d’une balle dans la tête. Il avait 34 ans.
David Ruffin nous quitte en 1991 à 50 ans d’une surdose de crack.
Eddie Kendricks (51 ans) est décédé en 1992 d’un cancer du poumon.
Melvin Franklin ne chante plus depuis 1995, victime de son diabète. Il avait 52 ans.

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- Eddie Kendricks (chant)
- Otis Williams (chant)
- Paul Williams (chant)
- David Ruffin (chant)
- Melvin Franklin (chant)
- Joe Messina (guitare)
- Robert White (guitare)
- Eral Van Dyke (piano)
- William B. Benjamin (batterie)
- Jack Ashford (vibraphone)
- Eddie Brown (percussions)


1. (i Know) I'm Losing You
2. Ain't No Sun Since You've Been Gone
3. All I Need
4. (loneliness Made Me Realize) It's You That I Need
5. No More Water In The Well
6. Save My Love For A Rainy Day
7. Just One Last Look
8. Sorry Is A Sorry Word
9. You're My Everything
10. Now That You've Won Me
11. Two Sides To Love
12. Don't Send Me Away



             



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