Tout au long de sa carrière Dave BRUBECK aura donné des concerts aux quatre coins du monde. Lui et son quartet n’avaient pas peur de se lancer dans des tournées mondiales pouvant les emmener dans une dizaine de pays différents. En bon musicien, il savait garder les oreilles ouvertes et s’intéressait à la culture musicale de chaque pays qu’il visitait. Puis, une fois de retour chez lui, mine de rien, il partait en studio et préparait un album incorporant ce qu’il avait entendu à l’étranger, comme un chef revient de voyage avec de nouvelles épices et saveurs à mettre dans sa cuisine. Cela donnait chez Brubeck la série des Jazz Impressions, laquelle comprend des destinations variées telle que le Jazz Impressions of Japan, of Eurasia, of the USA, même.

Ce Bravo ! Brubeck ! abordé aujourd’hui rentre dans cette série mais en modifie quelque peu les règles : plutôt qu’un album studio il s’agit ici d’un concert enregistré pendant une tournée au Mexique. Des archives de cette même tournée sortira aussi l’album Buried Treasure en 1997. Résumer ce disque est simple : Le Dave Brubeck Quartet (soit Paul DESMOND au saxophone, Gene WRIGHT à la contrebasse, Joe MORELLO à la batterie et bien sûr Dave BRUBECK au piano) profite d’un concert au Mexique pour proposer un set constitué uniquement de reprises de chansons mexicaine, à l’exception d’une seule composition originale, "Nostalgia de Mexico". Ils sont rejoints sur scène par deux talents locaux, Salvatore AGUERRO aux congas et bongos, et Chamin CORREA à la guitare, guitariste réputé en Amérique Latine pour sa musique romantique traditionnelle.

L’écoute du disque est aussi facile que son concept. Le jazz de Brubeck pourrait être défini de pop – n’y voyez pas là une insulte - puisque il cache sa complexité sous une fausse simplicité. Les puristes souligneront que techniquement, on appelle cela du smooth jazz, et, ma fois, le nom n’est pas pour me déplaire : l’écoute de ces titres donne envie de sombrer dans le cliché de la sieste sur un hamac à l’ombre d’un sombrero. Un disque qui fait voyager, donc, mais qui ne tombe pas dans le travestissement inutile. Correa et Aguerro ne prennent jamais le devant de la scène mais offrent en plus de quelques solos une trame mélodique en arrière-plan servant de décor au jazz doux du Quartet. Lorsqu'ils se joignent à leurs comparses américains cela donne un dialogue à la fois swinguant et mélancolique entre le piano et la guitare sur "Sobre Las Olas", ou quelque plus rythmée entre le saxophone et les bongos sur "Estrellita". Un Paul Desmond qui brille de mille feux tout le long du concert, surtout lors de son duo avec le patron pendant "Alla En El Rancho Grande" avant une version tout feu tout flamme de "La Bamba" …

Bravo Brubeck ! Et aussi Bravo Teo MACERO, producteur de l’album ! (Et accessoirement de Time Out ! et Bitches Brew, pour vous placer le monsieur) Le son est impeccable, malgré quelques moments où le piano sonne quelque peu lointain on croirait entendre un enregistrement studio. Il est possible que des corrections ait été faites en studio çà et là, mais rien de trop visible. L’album se trouvant à bas prix sur le Net, pourquoi ne pas vous faire plaisir et vous offrir un voyage au Mexique à moindre frais ?