La Suède. Ses petits pains grillés, son inspecteur WALLANDER, sa fameuse bibliothèque en kit BILLY, ses VOLVO et cette capacité évidente à nous proposer aussi et surtout une pop sacrément efficace. Grâce à des groupes comme ABBA ou les CARDIGANS par exemple, le royaume nordique a toujours su se faire une petite place sur la mappemonde musicale. Le quatuor qui nous intéresse ici, formé en 2000, a attendu sept ans pour nous proposer son premier album. Sept ans, c'est quand même bien long. Comme autant de temps de réflexion, oui mais pour quel résultat ? Le combo de Jönköping même s'il se montre très discret s'est crée une fan base solide et fidèle (dont votre serviteur) qui s'étend du Brésil à l'Espagne. Je préfère toutefois vous prévenir. Si vous développez une certaine allergie à une pop qui possède parfois une teneur importante en glucose barbapapa lacrymale, le monde des Suédois ne sera sans doute pas pour vous. Les autres pourront y pénétrer sans crainte, tant ces espaces en polaire sont accueillants et confortables.

C'est autour des frères Henrik et Philip Ekström que s'articule surtout ce projet. Leur commun amour des CURE, ECHO AND THE BUNNYMEN entre autres et de toute la pop ouatée des années 80 les décide à franchir enfin le pas. Ecouter les MARY ONETTES, c'est comme faire un voyage dans le temps. On n'aura pas besoin cependant de DeLorean pour se retrouver dans cet univers si familier. Evidemment, les Suédois sur le papier ne proposent rien de neuf, mais j'aime à penser que les choses parfois simples en apparence ne sont jamais si évidentes. C'est bien le cas pour moi avec ce quatuor. Tout paraît fluide, naturel et pourtant chaque chanson réussit plus ou moins à faire démarrer la machine à émotions et à chambouler les petits cœurs. Les Suédois ont une aptitude certaine à faire de la mélancolie sucrée non pas leur fond de commerce comme pourraient dire les mauvaises langues mais un espace rêveur pour grands sensibles. Allez, hop ! C'est parti ! Dans la DeLorean tout de compte fait !

Les MARY ONETTES, c'est du romantisme déroulé au kilomètre. C'est l'évocation des grandes figures spleenesques remise à la sauce aux airelles scandinave. La simple écoute des pêchus et maxi pop « Lost » et « The Companion » vous rappellera sans doute un mix improbable entre Morten HARKET de A-HA se faisant la voix sur du NEW ORDER. Tout est fait pour vous faire fondre et ils y arrivent sans problème ! Pour sûr, il faudra être réceptif encore une fois à cette réverbération à tout va, à ces sonorités de claviers mainte fois entendues et à cette relecture du catalogue new-wave et de toutes ses caractéristiques. Si c'est le cas, il n'y a aucune raison objective de ne pas savourer ces moments et de continuer à être crispé et irrité. Les Suédois nous proposent même pour nous détendre une sorte de blind test nostalgique comme autant de clins d’œil prouvant leur amour pour cette décennie. Vous pourrez sur l'émouvant « Still » y entendre de lointains échos du « Cloudbusting » de Kate BUSH ou sur « Explosions » et ses guitares virevoltantes les réminiscences du « Just Like Honey  » des Ecossais de JESUS AND MARY CHAIN.

Vu comme ceci, je ne semble pas rendre service au quatuor, et pourtant. Je vous assure et rassure, les MARY ONETTES ne sont pas un tribute band, même si les apparences sont parfois trompeuses et malheureusement tenaces. Les frangins passent cependant outre ce côté obsessionnel qu'ils pourraient avoir et délivrent alors des morceaux qui sonnent ni plus ni moins comme du MARY ONETTES. Ils alternent alors rythmes enlevés et tempos plus lents. Dans le registre, je-sors-mon-paquet-de-KLEENEX, « The Laughter » se pose là. Dans un climat cotonneux, Ekström d'une voix détachée nous parle de vie, de douleur, de mort, de couleurs. C'est un peu çà la marque du groupe. Réussir à rendre acceptable ce pathos qui chez d'autres ne passerait aucunement. 180 secondes de mélancolie addictive et réconfortante. On pourrait quasiment en rire, mais je sens vraiment les Suédois sincères. Ils le sont assurément lorsque sur les efficaces « Void » ou « Henry » sont exposés les sempiternels espoirs déçus sur fond de rythmique endiablée. C'est simple et le cœur qui est la cible est à chaque fois atteint.

Vous l'aurez sans doute compris, les MARY ONETTES nous proposent une pop à haute teneur émotionnelle qui pourra pour les plus grincheux sembler vaine et caricaturale. On pourra également la trouver tout simplement profondément belle. C'est mon cas, et vous ?

Note réelle : 3,5/5