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POP / ELECTRO  |  STUDIO

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1993 1 Debut
1995 Post
1997 Homogenic
2001 Vespertine
2004 Medùlla
2007 Volta
2011 Biophilia
2015 Vulnicura
2022 Fossora
 

- Style : Bat For Lashes, Emiliana Torrini
- Style + Membre : The Sugarcubes

BJÖRK - Volta (2007)
Par ONCLE VIANDE le 27 Juin 2007          Consultée 6221 fois

L’emballage fait penser à un pack Kinder surprise, avec Björk dans l’œuf en chocolat en guise de cadeau. Ses maquillages atténuent son charme inuit, à mon grand regret. L’obsession pour les typographies impossibles rend une fois de plus les titres illisibles. Dès les premières écoutes, nous voilà immergés dans un environnement parfaitement familier. Pour certains, cela est de nature à rassurer, pour d’autres c’est déjà les prémices d’une déception annoncée. J’appartiens hélas à la seconde catégorie, et malgré mes efforts d'indulgence, je reste un grincheux attaché à certains principes, parmi lesquels, « un artiste qui me ressert deux fois le même plat se fiche de ma bobine ».

Après de nombreuses écoutes studieuses et appliquées, je dois formuler un bien décevant constat : Björk sonne comme du Björk, à un point dont je ne l’imaginais pas capable. L’expérience « Medúlla », bien qu’insuffisante sur le fond, témoignait d’une audace louable et laissait entrevoir des horizons nouveaux. Hélas, « Volta » nous ramène dix ans en arrière, la fraîcheur et l’inspiration en moins. Mêmes intonations, mêmes couleurs, mêmes figures mélodiques, et j’ose le dire car cela devient trop évident : mêmes ficelles. Je ne cache pas ma déception, d’autant que j’attendais un réel coup de poker de la dame, un largage d’amarres en bonne et due forme. Il n’en sera rien. « Volta » est fermement arrimé au port, et si des bateaux y font retentir leur sirène, ils restent à quai.

Le travail mélodique est laborieux. Cette faiblesse est en partie compensée par des accroches ou des trouvailles bien venues, mais rien qui n’ait déjà été utilisé par le passé. La voix a de plus en plus de mal à se faire accepter, sans doute parce que Björk en a depuis longtemps exploré toutes les ressources. Elle a ce fâcheux handicape de ne ressembler qu’à elle même, si bien que ses emprunts sont d’une visibilité criante et sombrent dans la caricature. Le travail des sons reste intéressant dans l’ensemble, même si là encore, c’est à un siphonage de son patrimoine auquel se livre l’islandaise. Entre parties électro mille fois ressassées et percussions réutilisées à l’identique, rien n’est foncièrement neuf.
Le cor en leitmotiv trouve une parenté de timbre avec les sirènes qui jalonnent le disque. Bruits de moteurs, bateaux, houle et pluie ancrent (!) l’ensemble dans une ambiance portuaire plutôt réussie. Cette thématique de l’eau en reste malheureusement au stade du gadget destiné à conceptualiser artificiellement le disque, et au même titre que d’autres éléments (voix masculines, pîpâ…), participe à renouveler superficiellement la forme sans modifier le fond.
Si je voulais faire un mauvais jeu de mot, je dirais que Björk se bride. Elle semble vouloir rassurer un public inquiet depuis « Medúlla ». Elle n’est certes pas une expérimentatrice forcenée, sacrifiant l’accessibilité de sa musique et sa popularité au profit d’un travail souterrain et élitiste, mais cette dernière livraison marque l’abandon d’une certaine rigueur, d’une certaine exigence.

Je vous invite désormais à une petite expérience ; écoutez « Volta » et « Homogenic » en alternant les titres du premier avec ceux du second. Vous y découvrirez les secrets de fabrication du présent album, essentiellement calqué sur l’opus de 1997. Même trame, mêmes successions, mêmes tonalités, mêmes fragments mélodiques. Une superposition qui se vérifie presque titre par titre. Inutile d’entrer dans les détails, les analogies « Joga » / « Wanderlust », « Unravel » / « The dull flame of desire », « I see who you are » / « All neon like », n’échapperont pas aux plus perspicaces. Quant à « Declare independence », s’il a le mérite d'envoyer la sauce, il le fait tout naturellement avec les moyens élaborés dix ans « Pluto ». Je passe sur les éléments divers, fugaces mais bien réels, que l’on retrouvera à un troublant niveau de similarité sur le disque « original ».
« Volta » est calibré comme un camembert, il respecte un gabarit qui a fait ses preuves et emprunte la totalité de ses éléments aux opus précédents. Un coup de peinture rouge sur un disque bleu métallisé. S’il dépassait les travaux dont il s’inspire, il aurait toutes mes faveurs et tiendrait là sa légitimité. Malheureusement, des titres comme « Earth intruders » ou « The dull flame of desire » ne suffiront pas à lui sortir la tête de l’eau. Je tiens à sauver « Vertebrae by vertebrae » du naufrage, l’un des plus beaux titres que Björk ait écrit depuis ses débuts, sombre et étrange, s’accordant parfaitement avec l’ambiance maritime dont le disque se réclame.
Pour la première fois, Björk grossit d'un travail superflu une œuvre qui avait su jusque là rester irréprochable, malgré ses errances et ses impasses. « Volta » est finalement bien porteur d’une nouveauté : une lassitude s’est désormais installée.

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   ONCLE VIANDE

 
  N/A



- Björk (chant, claviers, programmation)
- Mark Bell (synthétiseur, claviers, programmations)
- David Bobroff (cuivres)
- Brian Chippendale (batterie)
- Chris Corsano (batterie, percussions)
- Pete Davis (programmation)
- Toumani Diabaté (kora)
- Emil Friðfinnsson (trombone)
- Konono N°1 (likembés)
- Sharon Moe (trompette)
- Nico Muhly (chef d'orchestre)
- Eiríkur Örn Pálsson (trombone)
- Susan Panny (trompette)
- Sigurður Porbergsson (trombone)
- Jónas Sen (clavichord)
- Damian Taylor Programmation, Effets)
- Timbaland (claviers, beats)


1. Earth Intruders
2. Wanderlust
3. The Dull Flame Of Desire
4. Innocence
5. I See Who You Are
6. Vertebrae By Vertebrae
7. Pneumonia
8. Hope
9. Declare Independence
10. My Juvenile



             



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