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MORTHEM VLADE ART - Afternoons (2020)
Par RICHARD le 22 Février 2021          Consultée 2416 fois

Évoquer un groupe qui vous suit comme votre ombre depuis plus de vingt ans et qui vous passionne encore et encore, c'est essayer d'être un minimum objectif même si l'exercice est le plus souvent délicat, je vous l'accorde sans problème. Le cœur et la raison ne sont pas forcément de très bon amis ou des partenaires nécessairement fiables. Je ne vais donc pas couper les cheveux en quatre. MORTHEM VLADE ART dans la sphère des musiques sombres hexagonales, et pas que d'ailleurs, apparaît sans conteste comme un groupe unique. Ce duo composé d'Emmanuell D et Gregg Anthe est pour moi l'un, si ce n'est le seul combo à ne pas avoir commis un seul faux pas artistique de taille. Évidemment, on peut déceler ici et là dans cette œuvre rare quelques petites faiblesses mais globalement, tout ne respire que subtilité permanente, intégrité sans faille et émotions complexes.

Ce qui caractérise ce duo tout le long de sa passionnante histoire, c'est cette volonté et cette capacité à se remettre en cause et ce à chaque nouvelle production. Le confort et la redite n'ont jamais été leur tasse de thé, c'est une évidence. Le groupe a en effet débuté en 1998 avec un album culte de chez culte, le fameux Herbo Dou Diable qui s’avéra être une plongée vertigineuse dans des courants death-rock éprouvants que n'aurait aucunement renié le CHRISTIAN DEATH de la grande époque. Puis avec le temps et ce désir de ne suivre aucune mode, il a encore plus épuré son propos pour y exposer des ambiances synthétiques, minimales ou pop avec toujours comme fil d'Ariane cette même intensité émotionnelle. Après une pause de plus d'une décennie, MORTHEM VLADE ART est revenu en 2018 avec le réussi In The Blue Plains Of Paradise qui ne pouvait que surprendre et faire de nouveau plaisir. Verdict identique alors pour cet hivernal et très récent Afternoons ?

Première impression. Ce qui frappe instantanément à l'écoute de ces douze titres, ce sont cette concision et cette fluidité qui irriguent l'ensemble. Chaque morceau varie en effet entre seulement deux et quatre minutes. Le couple développe donc une sensation d'immédiateté, une concision plutôt rare dans son travail. Ne vous attendez pas cependant à ce que ceci rime avec facilité. Le monde de MORTHEM VLADE ART se compose de nombreuses aspérités que seule la patience vous fera découvrir. A ce titre, l'introductif et enlevé "Mrs Richard D." est joliment trompeur. S'il y a comme une forme de légèreté electro, elle se teint rapidement de mélancolie, mélancolie qui est l'un des atouts récurrents de la discographie. L'émouvant et minimal "A Bird with A Flare, Pt. I" à travers sa douce guitare acoustique et ses claviers aériens le soulignent ainsi à dessein. Une oreille habituée pourra sans doute considérer Afternoons comme une synthèse intelligente où les deux protagonistes se citent habilement sans se plagier pour autant. On retrouvera ainsi la voix de Gregg Anthe qui a souvent rappelé celle de BOWIE (souvenez-vous de "Counter Canter" sur Antechamber il y a tout juste vingt ans). Sur le très pop "House By The Sea" ses intonations similaires délivreront elles aussi ces mêmes frissons.

Il ne faudra dès lors pas être totalement surpris par la nouvelle voie prise par Emmanuell D et Gregg Anthe. Elle aboutira à une discrète alternance, une recherche d’équilibre fragile entre évidence pop nettement plus marquée qu'auparavant et réminiscences électroniques qui sonnent, elles, comme autant d'échos aux deux décennies passées. MORTHEM VLADE ART ne craint donc plus de flirter avec des ambiances accessibles (le riff imparable de "Another Kind Of Love") ou avec un certain minimalisme (le réussi "Away" et ses guitares) qui n'est plus exclusivement en 2020 l'apanage de claviers travaillés et désincarnés. Le duo ne fait pas cependant table rase du passé. Il n'a jamais caché son amour pour la new-wave triste des années 80. Avec son savoir faire habituel, il nous concocte d’alléchantes petites madeleines soniques au doux parfum nostalgique à l'image d'"Underworld" avec sa basse ronde et ses vagues de synthés souvenirs. Ses premières amours ne sont jamais bien éloignées non plus. L'étrange instrumental "The Crashing Surf" ou le cinématographique "Lost Boys" évoqueront en filigrane les ambiances du début de ce millénaire chères au duo. Sans se départir d'une certaine froideur, ces notes donneront volontiers de beaux frissons et confirmeront le large éventail sonore développé dorénavant par le combo.

Avec ce septième album plus que convaincant, MORTHEM VLADE ART continue à nous proposer un monde où exigence et plaisir ne s'opposent aucunement. On pourra également remercier le précieux label INFRASTITION qui nous prouve que même si elles sont de plus en plus discrètes, les musiques sombres ont encore des choses touchantes à nous chuchoter à l'oreille.

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1. Mrs Richard D.
2. Another Kind Of Love
3. Away
4. The Crashing Surf
5. Heartache
6. Drama's Calling
7. A Bird With A Flare Part I
8. Lost Boys
9. Underworld
10. Dead Again
11. House By The Sea
12. A Bird With A Flare Part Ii



             



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