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MORTHEM VLADE ART - Herbo Dou Diable (1997)
Par RICHARD le 7 Juillet 2021          Consultée 670 fois

MORTHEM VLADE ART mérite sans conteste le statut envié de groupe majeur, voire culte des univers sombres. A une qualité artistique sans réel faux pas s'est également ajoutée une intégrité évidente qui a permis à ce duo composé d'Emmanuell D. et Gregg Anthe de suivre sa propre voie et de laisser de côté les petites modes attirantes qui sévissaient même au sein de cette sphère. Fait relativement rare pour un premier album, Herbo Dou Diable dès sa parution a marqué fortement puis durablement les esprits. La richesse de ses ambiances et le caractère profondément anxiogène de l'ensemble n'y sont naturellement pas étrangers. Ce disque qui est rapidement devenu un classique n'a rien perdu près d'un quart de siècle après sa naissance de sa terrifiante puissance magnétique. Suivez donc le guide et ayez quand même confiance.

Il n'est pas nécessairement facile pour autant de définir les sensations qui se dégagent de ces treize titres. C'est une descente au plus profond des enfers,un aller simple dans les ténèbres, un voyage sans retour empli de noirceur sans contraste possible. Ce qui demeure intéressant avec ce premier effort, c'est que le duo ne verse aucunement dans la grosse ou la fine caricature gothique. Ne serait-ce que par exemple sur le plan visuel où le duo demeure élégamment sobre. Le propos passe donc avant l'image et c'est heureux. Il sera donc question d'esprit (très) agité, de désespoir et autres tourments pleinement réjouissants . Le tout sera magistralement soutenu par des ambiances qui conjuguent death-rock hanté, gothique mâtiné d'indus grandiloquent et néoclassique puissant. Évidemment, si vous désirez une heure de musique relaxante, il faudra sans doute que vous passiez votre chemin. Ce serait quand même dommage, même s'il y a de grosses gouttes de sueur en perspective.

Une écoute attentive de l'ensemble permet ainsi d'apprécier l'alternance manifeste entre pièces symphoniques et morceaux directs qui pour ces derniers mélangent aussi bien des sonorités dignes d'un Marilyn MANSON que d'un BOWIE période Outside. C'est patent sur l'indus et direct "Demons of Buried Joys". Le Révérend américain ne le renierait sans doute pas. S'il est le plus évident, il n'en demeure pas moins assurément le plus faible morceau de la galette. Gregg Anthe n'a donc jamais caché son admiration pour BOWIE. Sur les cette fois-ci prenants et réussis "Closer To Me" et "Endless Dream", la similitude vocale et les guitares saturées rappelleront forcément les errements industriels de Nathan Adler tirés de l'album de la renaissance de l'Anglais. L'uppercut auditif n'est jamais vraiment loin. L'auditeur est ballotté dans les cordes du ring et l'esprit a du mal à se poser. Lorsqu'il est question dans les mondes noirs d'âme torturée, il est évidemment bien difficile de faire également abstraction du regretté Rozz Williams, l'incarnation des sulfureux CHRISTIAN DEATH.

C'est l'une des influences majeures de son début de carrière et le duo français ne désire pas vraiment le cacher *. A l'écoute des excellents "Beyond Sorrow" et "Barbaric Breath", toutes guitares coupantes death-rock devant, les ombres tranchantes de Rozz sont assurément évidentes, légères et non pesantes. Mais MORTHEM VLADE ART ne verse évidemment pas dans le plagiat. Ce serait trop facile compte tenu de son degré d'exigence. Le groupe passe au tamis de son talent le malaise morbide qui étreignait l'Américain pour en restituer toute la sensualité du noir poison qui irriguait ses veines. C'est une image qui revient souvent mais à leur écoute, il est difficile de reprendre son souffle tant on a littéralement la sensation d'avoir la tête sous l'eau et de ne pouvoir remonter à la surface. Les voix combinée des deux protagonistes comme distordues et malsaines, la batterie intraitable renforcent indubitablement cette sensation d'inconfort paradoxalement attirante.

Avec MORTHEM VLADE ART, l'espoir de connaître des jours meilleurs n'est pas vraiment à l'horizon non plus. Ce ne sont pas les pièces néoclassiques qui vont inverser la vapeur. Loin de là. Il y a bien un aspect fortement cinématographique à tout ceci. L'auditeur se retrouve plonger dans un monde étrange et particulièrement inquiétant ("Cortege II") qui suscite d'entrée de jeu rejet ou intérêt. La voix contrealto d'Emmanuell D. y contribue à l'évidence. Écoutez moi plutôt le superbe "Salem". C'est DEAD CAN DANCE qui se retrouve bloqué dans la crypte d'une église en ruine. Ce long cérémonial avec orgue et cris de banshees glace le sang et c'est réussi. Une sorte de film d'épouvante avant l'imminente annonce d'une catastrophe. Un peu comme le court et dément "Ripallus" où se conjuguent rires de déments, cris et puissance symphonique. Le couple crée ainsi de terrifiantes ambiances qui rappelleront parfois le meilleur de SOPOR AETERNUS dans cette approche mélancolique qui se teinte d’ambiguës sonorités médiévales. Il faudra également noter la qualité de la production (écoute avec casque conseillée) qui pour un premier album surprend par le juste équilibre existant entre tous les éléments.

Herbo Dou Diable n'a pas volé son statut d'album de référence. Étouffant, sans concession, diversifié, il est encore un exemple de la richesse des mondes gothiques. C'est encore plus surprenant lorsque l'on verra la direction musicale prise par MORTHEM VLADE ART et ceci dès l'album suivant.

* Les curieux pourront également se pencher sur la compilation Autopsy (2005) qui regroupe les trois premières cassettes du duo (1995-1997) et qui est un summum de noirceur.

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   RICHARD

 
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- Emmanuell D. (chant,chœurs,percussions industrielles)
- Gregg Anthe (chant,guitare,basse,programmations)
- Anne H (violon)
- Eric Obellan (violon)
- Christophe Deterre (chœurs)
- Mark Deterre (chœurs)
- Nathaly Manset (chœurs)


1. Leaving The Womb
2. Ripallus
3. Beyond Sorrow
4. Salem
5. Barbaric Breath
6. Cortege I (chimaera's Den)
7. The Unnameable
8. Demons Of Buried Joys
9. Surrender
10. Cortege Ii
11. Closer To Me
12. Endless Dream
13. Dor Mee Än - Finale



             



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