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1981 Haustor
1984 Treći Svijet
1985 Bolero
1988 Tajni Grad

HAUSTOR - Bolero (1985)
Par K-ZEN le 12 Avril 2021          Consultée 539 fois

Après Treći Svijet, les premiers soubresauts graves commencent à secouer HAUSTOR.

Ce n’est pourtant pas ce que dégage cette pochette somme toute assez immonde, que l’on croirait coloriée sur le coin d’une table entre deux tartines beurrées. Un rocher surplombant une rivière ou un gars coiffé d’un sombrero fumant une clope roulée ? Faites votre propre choix. N’est pas Dali qui veut. Dans l’intérieur, en dépliant le livret, on observe un destroyer découpant ses durs traits sur l’horizon marin. Trouble et fureur ne sont plus si lointains dans les Balkans.

Quant au boléro en lui-même, on guette sa trace. Quelques rythmes saccadés, discrets, sur lesquels on peut tenter quelques pas maladroits. Peut-être faut-il plutôt chercher dans l’étymologie. On appelait Sebastián Lorenzo Cerezo, le maître à danser de Charles III qui a codifié et popularisé ce ballet, « Volero », soit le danseur volant. Cet aspect atmosphérique, oui, cela se pourrait. Encore que… Cela me semble tiré par les cheveux. Basta ! Ôtons l’accent du e pour rebasculer du bon côté.

Bolero donc. Vous pouvez penser à HELDON mais le moment est déjà passé. Ou à venir, selon le point de vue que vous adoptez. 85. Après lui, Tajni Grad. Avant lui, Treći Svijet. Et son lot de ressentiments.

Bien que les tâches aient été distribuées équitablement entre les deux protagonistes, Darko RUNDEK a estimé que le précédent album portait un peu trop la marque de Srđan SACHER à son goût, désirant ainsi apposer sa propre patte plus prépondérante au prochain. La confrontation mène au départ du bassiste. Celui-ci se réinventera par la suite maintes fois au sein de projets divers. Exploration du folklore sud-américain avec AYLLU, collaborations avec l’auteur-compositeur Nebojsa STIJAČIĆ ou membres actuels ou passés d’HAUSTOR : Srđan GULIĆ puis avec Boris LEINER dans WITCHES.

Bolero, troisième album studio d’HAUSTOR sorti en 1985, est bien plus immergé dans la new-wave. La batterie s’estompe nettement au profit d’une boîte à rythmes, les synthés sont bien plus présents également, renforçant cette fraîcheur voire rigidité observée. Le groupe n’est plus qu’un trio, structuré autour du guitariste/chanteur Darko RUNDEK, du guitariste Zoran ZAJEC et du saxophoniste Damir PRICA ; les autres performeurs, pourtant fidèles comme le tromboniste Nikola SANTRO, sont mentionnés mais seulement en qualité d’invités.

Désormais seul maître à bord ou presque (cosignant parfois les titres avec ZAJEC), RUNDEK a élargi la poétique de l’album précédent et a offert quelques morceaux qui seront plus tard dans les sélections réunissant les meilleures titres rock yougoslaves de tous les temps. Le délicieux reggae "Ena', l’ambiance western de "Šejn" (et pour cause, tirant son nom du bandit armé Shane, héros du roman éponyme écrit par Jack Schaefer en 1949), traversé d’harmonica et de spoken words gras signés RUNDEK (à moins que ce ne soient ceux de l’ami ŠERBEDŽIJA, est-il si omniprésent ?) dans la droite lignée des chuchotis pornographiques qu’affectionnait Serge GAINSBOURG dans la phase finale de sa carrière. Ces deux titres figureront respectivement aux onzième et seconde places dans la sélection du média yougoslave B92 concernant les meilleures chansons domestiques.

Aux guitares, RUNDEK et ZAJEC n’ont pas perdu la main, pondant toujours quelques partitions bien senties. On retient "TV Man", ses solos et duels, portion dub télévisuelle, mais aussi et surtout en apesanteur, comme un CLASH arrivé à maturité. Un certain aspect râpeux ombrage "Ja Želim", offrant son inconfort contrebalancé par un pornsax.

"Sejmeni", ska synthétique aérien doté d’un refrain imparable, mérite une attention particulière. Une ligne de basse tisse une parfaite assise, simple mais efficace. Les vocaux alternent encore le parlé et le chant. Les vents, en arrière-plan, peinent à s’extraire de cette nasse. Quelques bribes de texte se font compréhensibles pour le néophyte en langue serbo-croate. "No pasaran !" claque dans l’air ; phrase-étendard des partisans de la seconde République Espagnole en lutte contre les rebelles nationalistes menés par le Général Franco, dont le soulèvement des 17 et 18 Juillet 1936 déclenche la guerre civile espagnole. Depuis, la sentence est devenue symbole de résistance antifasciste. Historiquement, il semble s’agir d’une reprise d’un slogan politique lancé par le général Nivelle à Verdun en 1916, qui deviendra ensuite iconique avec Gandalf sur le pont de la Moria contre le Balrog. Un excellent titre en tout cas, aux ambiances et fortunes diverses, peut-être le tout meilleur traversant la carrière du groupe.

"Šal Od Svile" est un autre moment savoureux, refermant les débats dans le doux-amer, l’étrangeté. Une balade mémorable, froide, presque cold wave, secouée par un saxophone crachant sa plainte mélancolique et un riff magique. Dans l’émotion dégagée, on songe irrémédiablement au meilleur de SUPERTRAMP : "Don’t Leave Me Now", l’onirique "Crime Of The Century". La chanson fut consacrée huitième parmi les meilleures balades rock yougoslaves du portail Balkanrock.

Par sa qualité, Bolero aurait pu prétendre au meilleur album de HAUSTOR. Seulement des moments très faibles le plombent : le rap somme toute inintéressant voire gênant de "Take The Money And Run", le titre éponyme plongé dans un certain ennui. Étant donné son hétérogénéité et ses trous d’air, il trône finalement et assez justement à la hauteur de Treći Svijet.

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- Darko Rundek (guitare, basse, boîte à rythmes, chant)
- Zoran Zajec (guitare, chant)
- Damir Prica (saxophone tenor)
- Srđan Gulić (batterie)
- Jurij Novoselić (synthés, saxophone alto)
- Stanko Juzbašić (oberheim ob-8)
- Nikola Santro (trombone)
- Igor Pavlica (trompette)
- Rastko Milošev (guitare)
- Anja Šovagović, Dijana Kočica, (chœurs)
- Neven Frangeš (claviers)
- Rade Šerbedžija (récitation)


1. Bolero
2. Ena
3. Tv Man
4. Sejmeni
5. Take The Money And Run
6. Ja Želim
7. Šejn
8. Šal Od Svile



             



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