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1981 Haustor
1984 Treći Svijet
1985 Bolero
1988 Tajni Grad

HAUSTOR - Tajni Grad (1988)
Par K-ZEN le 12 Mai 2021          Consultée 437 fois

Trois ans après Bolero, voici venir Tajni Grad. Ou "Ville Secrète" en version originale sous-titrée (et oui, Leningrad c’est bien la "ville de Lénine"), bien camouflée au fin fond de la solide discographie élaborée par HAUSTOR. A retrouver avec une bonne boussole et à explorer sans aucune appréhension.

L’excès d’individualisme a été effacé, l’œuvre est aménagée plus collectivement : le fidèle quartette GULIĆ, PRICA, PAVLICA et SANTRO n’est plus cité en tant que simple invité mais bel et bien membre à part entière du groupe, arborant même des surnoms complices. SACHER revient également poser ses lignes de basse sur cinq titres, cohabitant avec un nouveau venu Marino PELAIĆ engagé au même titre que le claviériste Julije REJLIĆ. Le groupe HIPNO a même été invité à écrire et interpréter une chanson.

Malgré tout, Darko RUNDEK conserve son emprise artistique forte, signant la plupart des chansons et reprenant à son compte la production ainsi que la conception de la couverture du futur album, pastiche d’une célèbre boisson sucrée partageant les mêmes couleurs. Les deux entités épousent-t-elles également la même saveur, douceur du saccharose mêlée ensuite à cette âpreté réveillant l’œsophage, propre à attaquer les buffets boisés en cas de maladresse de versement ? On peut en effet scinder ce disque en deux faces finalement bien distinctes.

Le premier single ouvre les hostilités ; "Ula Ulala", débutant comme une folk song vaguement synthétique, s’anime soudain, se décidant à prendre le contrôle de la fête. Certains climats îliens et sandinistes des CLASH nous reviennent en mémoire, l’interminable carnaval célébrant "Let’s Go Crazy". Ambiance semblable sur le titre éponyme avec ces synthés et cuivres festifs, immergé dans la world music. Même ombre tutélaire également via ce rythme, "This Is Croatia" ne tardera plus à s’élever dans l’air à l’image de la fumée annonçant un nouvel ordre papal.

"Nada", folk un peu naïf et "Skidaj Se", un rock agréable mais convenu ne se rangent pas dans les chansons les plus remarquables du groupe yougoslave. "Uzalud Pitaš", en revanche, assume le rôle de substance liante entre nos deux humeurs, son optimisme bondissant percutant de plein fouet la rigidité percussive. Une chanson pop vaguement ska où Balkans et mystérieuses pampas montagneuses et sud-américaines se côtoient via le retour du cuíca détenu par Robert LOVRIĆ.

Mais déjà les lueurs étranges et tamisées de "Bi’ Mogo Da Mogu" s’avancent au cœur de cette seconde face, peut-être la plus sombre jamais composée par HAUSTOR. Une ambiance de fin de soirée flotte dans l’air, tabac froid mêlé aux relents d’alcool absorbant nostalgie et rêves les plus inavouables. En apesanteur, le morceau présente des similarités stylistiques avec "Skriven Iza Lažnih Imena" qui aurait subi une gueule de bois carabinée le rendant toutefois tout aussi remarquable.

"Čudne Misli", qui laissait augurer la menace dans son introduction et cœur profond, ne se révèle toutefois que pop, exposant peu de vocaux et une partition de guitare fort savoureuse. "Samo Na Čas", entrevoit encore le clair-obscur avant l’extinction définitive des feux.

"Uhode" ("Espions", même climat claustrophobique que le fameux titre du même nom sur le premier COLDPLAY), cultive la même science du climax par rapport à Bolero dont la fermeture était déjà fameuse, via un somptueux blues où coexistent l’amertume d’une voix arrivée au terme de ce qu’elle peut partager et la tristesse de ces accords teintés de cuivre.

En 1990, HAUSTOR se réunit à nouveau et enregistre plusieurs chansons pour un potentiel prochain album, mais celui-ci ne verra jamais le jour. RUNDEK et sa famille partent vivre à Paris, le groupe s’est simplement dispersé dans le vent. Par la suite, le guitariste se produit occasionnellement comme bassiste au sein de CUL-DE-SAC et sort quelques albums solos. Au sein de HAUSTOR, il a incarné un des représentants les plus originaux de la musique qu’on pouvait trouver dans les Balkans dans les années 80.

3.5/5 objectivé en 3 par cohérence vis-à-vis de ses camarades précédents.

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- Darko Rundek (guitare rythmique, voix)
- Zoran Zajec « zexa » (guitare)
- Srđan Gulić « gul » (batterie, percussions)
- Damir Prica « capri » (saxophone ténor)
- Julije Rejlić « reglia » (synthés)
- Nikola Santro « satrno » (trombone)
- Igor Pavlica « najgori » (trompette)
- Marino Pelaić « udoba » (basse)
- Srđan Sacher (basse)
- Jurij Novoselić (saxophone alto et 'autres lignes de cuivre')
- Robert Lovrić (siku, cuíca)
- Branko Bogunović « pif » (guitare)


1. Ula Ulala
2. Skidaj Se
3. Uzalud Pitaš
4. Nada
5. Tajni Grad
6. Bi’ Mogo Da Mogu
7. Čudne Misli
8. Samo Na Čas
9. Uhode



             



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