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ROCK IN OPPOSITION  |  STUDIO

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1973 Leg End
1974 Unrest
1975 In Praise Of Learning
1978 Western Culture
 

- Style : The Soft Machine , Van Der Graaf Generator, King Crimson, Univers Zero
- Membre : Art Bears, Naked City, National Health, Slapp Happy/henry Cow

HENRY COW - In Praise Of Learning (1975)
Par K-ZEN le 9 Juillet 2021          Consultée 703 fois

Voici venir la troisième chaussette éditée par Ray Smith. Celle de trop quand on constitue des paires, à fortiori lorsqu’elle commence à tant différer de ses petits camarades.

L’ajout de texte sur l’œuvre, désirée par les musiciens constituant HENRY COW, a provoqué un remous considérable, Smith ne se satisfaisant pas de cette dénaturation de son travail. Sa demande d’être anonymisé dans les crédits se solda par sa disparition pure et simple des mentions, avant de réapparaître bien plus tard, une fois la rancœur soldée.
Par ce tumulte provoqué, cette action demeure une bonne information sur la nouvelle direction prise par le groupe, en premier lieu musicale.

Début 1975, un mois après le succès de la collaboration ayant mené au disque Desperate Straights, le cosmopolite SLAPP HAPPY disparaît, ses membres s’immergeant complètement au sein de HENRY COW. Le nouveau collectif, avec Lindsay Cooper également sur le retour, se décide à enregistrer le matériel d'un second album ensemble en février.
Une fois ceci fait, l’entité se désagrège aussitôt : Anthony Moore veut partir et Peter Blegvas limiter son implication à neuf mois seulement. Tout n’est pas perdu pour autant. La chanteuse Dagmar Krause intègre COW, permettant à ce dernier de disposer d’une nouvelle corde à son arc, avant de partir dans une incessante tournée en Europe lui permettant de tester son nouveau matériel.
Celui-ci, résultat des travaux de février, constitue In Praise of Learning, intitulé calqué sur "L’éloge de l’apprentissage", un des nombreux poèmes composés par Bertolt Brecht consacrés aux 'éloges' : vis-à-vis du doute, du communisme ou de la dialectique.

Stylistiquement, la couleur rouge dans laquelle marine la jaquette est un autre indicateur intéressant.

L’incorporation de mots dans une musique quasi instrumentale jusque-là permet à HENRY COW de matérialiser concrètement ses engagements politiques à gauche, y compris à l’intérieur de la couverture où figure la phrase du réalisateur John Grierson L’art n’est pas un miroir – c’est un marteau. Les champs lexicaux sont éloquents : guerre, peur, armée, bêtes s’entremêlent, culminant lors de la pièce de résistance "Living In The Heart of the Beast", un quart d’heure au compteur.
Hodgkinson débute l’écriture de la chanson mi-1974 et la présente quelques mois plus tard à HENRY COW en tant qu’instrumental non intitulé et terminé. Le groupe coupe alors la pièce en fragments, y intercalant des sections improvisées, et l’interprète live, à Halsteren le 26 septembre 1974, à Groningue 2 jours plus tard.

Il n’était aucunement question d’y ajouter des paroles au départ, mais l’apport d’une chanteuse offre de nouvelles possibilités au morceau. Hodgkinson mandate alors Peter Blegvas d’écrire des textes, mais après plusieurs tentatives infructueuses, s’y atèle lui-même.

Mêlant humanisme marxiste, linguistique, situationnisme et citations attribuées à Mao Zedong, le titre débutant à la première personne raconte l’histoire d’une personne découvrant qu’elle est oppressée par d’imposantes corporations qui déforment l’histoire et corrompent la vérité ('vautrement dans l’impuissance de la société capitaliste', la fameuse bête). Au fur et à mesure que la chanson avance, cette unité s’unit à d’autres camarades se posant des questions similaires. Le 'je' devient ainsi le 'nous' communiste de la révolution collective. Conscients de leur situation critique et armés d’une 'conscience historique', le climax se matérialise avec l’appel à se réveiller et à prendre en main sa destinée, via les injonctions à 'renverser la table' et l’exposition du gouffre existant entre 'labeur et consommation'.

Introduite par un riff de guitare bruitiste, la chanson, sorte de château de cartes aux structures mouvantes qui se balance mais ne veut pas s’écrouler, fait se caramboler scène de Canterbury, Frank ZAPPA et certains instants noirs retrouvés chez KING CRIMSON à grand renfort de xylophone, orgues, violons. Hodgkinson, s’inspirant de concepts lus dans The Thematic Process In Music signé de Rudolph Reti en 1951, a créé un ensemble de cellules musicales qu’il a combinées en diverses permutations pour construire les mouvements majeurs du morceau. Les séquences de cellules furent répétées en utilisant différentes transpositions dans les sections de la pièce pour que chaque mouvement soit plus long que son prédécesseur. Ce découpage n’a pas été pensé afin de spécifier un rythme précis, une mélodie ou une dynamique mais plutôt pour établir une feuille de route.

"War", originellement sous-titrée "Is Energy Enslaved" (énergie asservie), ligne du poème "Vala ou les Quatre Vivants" signé de William Blake, est une brève pop-song inconfortable, servie par la grandiloquence théâtrale que véhicule l’interprétation de Krause. Une ligne de basse pratiquement imperturbable complète le décor, dont le break nous mène dans une scierie peuplée de cuivres. Le refrain 'la violence complète l’esprit partial' cite un des derniers poèmes composés par l’auteur irlandais William Butler Yeats, "Au Pied De Ben Bulben", où, sentant sa mort proche, il demande à reposer au pied d’une colline surplombant Drumcliff.

"Beautiful as the Moon, Terrible as an Army with Banners" exploite son nom du Cantique des Cantiques : Qui est celle qui apparaît comme l'aurore, Belle comme la lune, pure comme le soleil, Mais terrible comme des troupes sous leurs bannières ?.

Alors que HENRY COW était en tournée avec CAPTAIN BEEFHEART en mai-juin 1974, Fred Frith commença à jouer avec 'le profil rythmique distinctif' de la phrase No fun no birds pour débuter la composition de sa pièce. Il compléta sa composition au piano vers la fin du tour aux Pays-Bas, y incluant un morceau d’une pièce personnelle que COW avait jouée au Rainbow Theatre en octobre 1973. Frith demanda ensuite à Cutler s’il pouvait écrire des textes sur sa compo, ce dernier en produisit correspondant aux thèmes développés sur le disque. Il s’agit de la première chanson écrite par Cutler et la première collaboration entre les deux hommes, dévoilant les prémices du futur projet ART BEARS.

"Beautiful", malgré ses incertitudes, développe un lyrisme quasi immédiat, devenant ainsi un pilier de concert, incluant parfois d’autres chansons en son cœur, comme "Nirvana For Mice".
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Les deux autres titres complétant cet album sont les plus abscons du lot. Ils conservent leur engagement textuel typique, se référant sans nul doute respectivement à la Longue Marche de Mao Zedong et au journal du parti communiste anglais. Ouvertes aux quatre vents, les deux pièces se baladent entre serveurs informatiques crashés et tôles froissées, industriel et musique concrète se fondant pour produire une inquiétude et des impressions de chaos à la CAPTAIN BEEFHEART.

Ce même capitaine qui se baladait auparavant en forêt avec ses musiciens dans des couleurs et structures indescriptibles, inhumaines. Quand on y pense, Trout Mask Replica est peut-être bien plus radical et malaisant que MERZBOW ou autres noiseries. Henri Vache, quant à lui, sur le point d’exploser comme un pop-corn avant sa dernière symphonie, regarde passer de pleins compartiments d’opposites compositeurs échappés d’immeubles aussi vertigineux qu’impartiaux.

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- Tim Hodgkinson (orgue farfisa, clarinette, piano)
- Fred Frith (guitare, violon, xylophone, piano)
- John Grieves (basse, piano)
- Lindsay Cooper (basson, hautbois)
- Chris Cutler (batterie, radio)
- Dagmar Krause (voix)
- Peter Blegvad (guitare, voix, clarinette)
- Anthony Moore (piano, bandes, claviers)
- Geoff Leigh (saxophone soprano)
- Mongezi Feza (trompette)
- Phil Becque (oscillateur)


1. War
2. Living In The Heart Of The Beast
3. Beginning : The Long March
4. Beautiful As The Moon, Terrible As An Army With Ba
5. Morning Star



             



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