Allez je le sais bien que NIGHTRANGER est encore inconnu dans nos colonnes ! Vous croyez pas que j’ai assez honte comme ça, moi qui me suis gavé du jeu en tapping de Jeff Watson et de celui en vibrato de Brad Gillis comme un sagouin lorsque je pensais devenir guitar hero – ouais ça c’est bien bien raté ! -. J’ai toujours aimé la voix de Jack Blades, et cette non compromission – finalement hein - du groupe, alors que justement on les traitait un peu légèrement de "tarlouzes" - mot interdit aujourd’hui, nous sommes bien d’accord - dans les eighties, pas bien pas bien ! Bref, ceci est leur douzième opus et rien ne semble devoir perturber nos papys du Hard FM/AOR, qui continuent leur carrière avec une belle énergie, c'est toute l'ide du titre And The Band Play On comme un pied de nez à notre époque covid !

Le début en fanfare de "Coming For You" a le don de mettre les points sur les "I" quand à la capacité du groupe de toujours proposer du bon rock qui tache. Le moins qu’on puise dire est que c’est réussi, on sent les aspects positifs, le coté bien mainstream assorti de ces mélodies pop de première bourre. "Breakout" défonce totalement sa race, on est bien plus hard que FM, pour sur. Et comme pour appuyer encore plus sur cet aspect des choses, il faut admettre que la mélodie est une petite merveille de dynamique. Les gratteux s’échangent les solos comme autant de perles, on se croirait revenu en 85 parole ! Enfin de la gratte quelque part, ça manquait ! Et tout ça malgré le départ de mon cher Jeff en 2012, ras le pompom de jouer aux rock stars, mais le jeunot Keri kelly s’en sort remarquablement, pas facile de tenir la dragée haute à Brad ! Jack Blades y tient remarquablement son rang.

Très big rock, "Bring It All Home To Me" a une vibe toute californienne, avec toujours les mêmes qualités mélodiques, des refrains puissants aérés et plein de bonne humeur. Impossible de se plaindre du rythme ou de la volonté du groupe d’en découdre. Bien entendu, il y a systématiquement ce petit grain pop dans les compos, j’en veux pour preuve ce "Monkey" de chouette extraction, mais ça dépote vraiment bien, avec des soli de fou, qui font du bien. "Hard To Make It Easy" ne me contredira pas ! Ah les graisseux, c’est quelque chose , voyez donc ce début en forme de "We Will Rock You", et on en termine sur "Dance" plutôt que "Rock"… Forcément les mœurs ont évolué les gars ! Un piano langoureux, un rif sidérurgique, une mélodie envahie par les twins guitares, un refrain tout poppy… Laissez moi deviner, de l’AOR ? "Cold As December" pourrait sortir de l’escarcelle de JOURNEY, avec quelques couilles en plus toutefois ! Très cool ! On navigue sur les même terres avec le titre de clôture sympa qu’est "Tomorrow".

Enfin on ralentit ce tempo d’enfer avec "Can’t Afford A Hero", un midslow qui ne démérite pas avec sa petite ambiance western typée DAMN YANKEE. Alors bien sur, on m’objectera que "A Lucky Man" est pop en diable et que Kelly Keagy ajoute quoi qu’il arrive une vibe mainstream de bon aloi aux compositions, même les "hohohoho" me semblent judicieux, ce n’est pas si fréquent ! La tradition des slows killer vous connaissez ? Non ? Et bien figurez-vous qu’à une époque, toutes les nanas disaient que seuls les groupes de hard savaient faire des slows… Et oui ! Cette époque a existé, je l’ai fort bien connu et demandez donc au sein de la rédaction le nombre de bébés "Still Loving You" ou "Winds Of Changes" que nous avons ! "The Hardest Road" est donc dans la parfaite continuité des œuvres de NIGHTRANGER, quand on fait quelque chose bien, pourquoi en changer ?

Jamais rien de révolutionnaire mais toujours de la belle ouvrage, pas un des musiciens originaux du groupe n’a perdu ni de sa verve ni de son énergie, Kelly chante les titres les plus doux alors que Jack s’éclate à jouer les jeunes rebelles sur les morceaux qui défoncent. La formule fonctionne parfaitement, et je pense que les fans du groupe doivent être emballés. La question reste en suspens de savoir si le groupe peut séduire autre chose que son habituelle fan base. Pas évident ! Cet album flirte en permanence avec le quatre niveau compositions et le savoir faire est impeccable. Pour moi, c’est super, alors la note est à l’avenant !