Les spécialistes de la pochette neuneu sont de retour ! Celle-ci vaut son pesant de caramels mous frelatés, sérieux ! Non, mais voyez donc la trombine de nos rock stars : le titounet Jack Blades, debout c’est mieux, Alan Fitzgerald qui n’en finit plus de se cacher au milieu des brushés, et les blondins gratteux Brad et Jeff qui attirent l’attention sur eux, plus flashy que jamais, enfin le batteur Kelly qui en impose avec sa virilité tranquille, comme si tout pouvait reposer sur lui seul. Tout va pour le mieux pour le ranger de la nuit qui s’impose à la fois comme un groupe majeur du genre AOR mais dont les prestations scéniques se signalent aussi par leur qualité. On est encore sur le toit du monde en ce début d’année 87 !

C’est "The Secret of My Success" qui tient la corde en matière d’espoir pour les charts. Michael J Fox a réclamé le groupe pour la B.O de son film éponyme. Alors, les NIGHT RANGER s’exécutent et pondent le titre pour l’occasion. Il tourne beaucoup sur MTV mais se contente de places de seconde zone sur le hot 100 et même sur le mainstream billboard. La vidéo avec Vince Neil et Tommy Lee de MOTLEY CRUE, assortie du cinglé Al 'Weird' YANKOVIC aux cuivres ne change rien à l’affaire. "Hearts Away" chanté par Kelly, se contente ensuite d’un momentum plutôt opaque qui manque de ressort. Les aspects presque rock’n’roll de "Colour of Your Smile" sortent ensuite du tonneau habituel avec cette dynamique si particulière, mâtinée de bonne humeur, le règne d’une certaine superficialité certes, mais comment dénier la permanente efficacité du groupe ? Les soli sont une pure merveille ! Hélas, une 90ème place puis une… inexistante ne sont pas des résultats convenables !

Pourtant, comme le titre l’indique, Big Life est plus gros que nature, charriant tous les gimmicks du groupe avec verve et constance : gros son, gros refrain, gros solo, de l’efficacité en barre ! Le pré carré du groupe, celui sur lequel il excelle, pour le titre majeur de l’opus. On revient en pleine crisette AOR sur "Love Is Standing Near" qui évoque tant SURVIVOR que LOVERBOY pour ne citer que les plus gros concurrents d’alors, mais cela manque probablement de fond au final. Du slow killer, tout piano dehors, c’est "Rain Comes" qui tente de pêcher sur le pouvoir d’un romantisme alors en pleine verve. Les slow hard ont la peau dure au sommet des charts depuis nos amis SCORPIONS ! Sympa mais pas révolutionnaire. Petit titre bien rentre-dedans, "Carry On" tient sa place avec simplicité. Percussions et grattes acoustiques sur "Better Let It Go" qui tente de surfer sur la vague de BON JOVI, avec un chant à l’avenant, mais les sonorités bontempi du synthé sont trop pour moi ! Enfin, on jouxte la variété sur le début de "I Know Tonight", même si le titre reste pop sur un refrain correct.

Il faut regarder les choses en face : avec ce quatrième opus, il me semble que les NIGH RANGER ont perdu pas mal de leur allant. Seules restent bien en place les guitares, toujours aussi originales et judicieuses, mais le choix des titres et le niveau des compositions en ont pris un coup. Si on excepte l’éponyme qui tient son rang, le reste me semble souvent pêcher par manque de fond. Je ne conseille donc pas du tout l’achat de cet album, sur lequel je m’étais pourtant consciencieusement jeté à l’époque. Je serai curieux d’avoir l’opinion de mes congénères de ces fières années sur cet album. Ca a mal vieilli non, les gars ? Je mets donc un deux peu ragoûtant, malgré la photo bien colorée !