Le succès de "Sister Christian" a fait rentrer le ranger de la nuit comme un des principaux groupes de la frange AOR de cette époque, en compagnie des SURVIVOR, REO SPEEDWAGON et autres LOVERBOY de fière renommée. Et cette couverture on en parle ou on fait comme si de rien n’était ? A l’époque c’était du marketing … Ne me demandez pas comment ça se fait, les avions ont toujours eu bonne presse auprès des amateurs de rock, ceci explique peut-être cela. Grotesque cela dit, mais notre quintette ne s’est jamais signalé – comme ses congénères d‘ailleurs – pour des pochettes particulièrement originales, le genre ne s’y prête guère si on excepte le scarabée volant de JOURNEY. Toujours est-il que le succès est là et qu’il faut enfoncer le clou !

Ce troisième album va donc produire trois singles qui tous intègrent le top 20 du billboard, une performance très honorable qui permet aux californiens de rester en permanence sous le feu des projecteurs. "Sentimental Me" parvient à la huitième place, piano de rigueur et vidéo un peu loose avec le groupe à la recherche du succès, synthés grandiloquents et solo de belle tenue de Brad "Vibrato" Willis. Jack dit avoir écrit "Four In The Morning" - 19eme - a quatre heures du mat, comme il se doit : mise en place classique, refrain évident, et cette fois devinez : Jeff Watson au solo. Bon, pas mémorable pour autant. Enfin, le batteur Kelly se retrouve au micro sur le troisième single "Goodbye" - 17eme -, power ballade aux jolis arpèges de guitare toujours dans la mouvance AOR, rien de révolutionnaire mais que de l’agréable.

On repart plus rock sur l’éponyme "Seven Wishes", joli refrain addictif, choeurs de qualité, on s’attend toujours à de la belle ouvrage avec notre quintette, c’est d’ailleurs sur ce genre de morceaux que le groupe parvient le mieux à tirer son épingle du jeu, voyez donc la dynamique des guitares sur "This Boy Needs To Rock" qui a fort bien vieilli, Jeff et Brad y rivalisent d’intensité, pour moi le titre de l’album, à écouter sans modération. Kelly reprend le micro sur la rapide "Interstate Love Affair", efficace et rentre dedans. "Faces" est symbolique du genre, guitares grasses mais synthés proéminent, choeurs aériens et Kelly et Jack qui s’échangent le micro, refrain bien foutu. C'est le règne du refrain avec gros riff hard rock classique sur "Night Machine", pas vraiment remarquable. En revanche, rien à faire, dès que le groupe ralentit son propos comme sur "I Will Follow You", l’ambiance baisse en intensité et évolue dans une pop qui évoque du sous TOTO, un filler à mon sens. C’est quasi pareil pour le rythme lent de "I Need A Woman", qui penche vers une pop mainstream sans relief.

Ne riez pas, c’était le top de l’époque en matière de radio friendly rock, c’est pour cela que le genre s’appelle Adult Oriented rock qu’est ce que vous croyez ! NIGHT RANGER représentait alors à merveille l’équilibre entre des tentations Hard rock et un esprit mainstream pop apte à intégrer les charts au plus haut niveau. Bien sur près de quarante ans plus tard, pas simple d’en faire l’objet d’un culte pour les générations d’aujourd’hui. Mais les aspects les plus rock du style pourraient fort bien plaire aux amateurs de gros son qui ne craignent pas les synthétiseurs. Toujours est-il que c’était le top et qu’on était tous en rang d’oignons pour écouter le ranger de la nuit en 85, c’est comme ça ! Un autre 3,5 arrondi à l’inférieure pour de sordides raisons de kitsch, pardon camarades, je n’ose monter plus haut.